Le ministre des affaires étrangères français, M. Jean-Marc AYRAULT vient d’effectuer une visite au SÉNÉGAL, et en GUINÉE. Les visites de personnalités publiques françaises au Sénégal sont fréquentes et habituelles. De nombreuses élites publiques sénégalaises et françaises ont souvent plus que des rapports d’Etat à Etat, mais des proximités personnelles croisées, parfois datant de leurs jeunes années d’étudiants dans les facultés et grandes écoles. La GUINÉE n’est pas tout à fait dans ce cas. Bien sûr, beaucoup de Guinéens, en situation de responsabilité publique ou pas, ont des liens avec la France, y ont fait leurs études, peut-être même leur carrière professionnelle. Le président M. Alpha CONDÉ y a plus vécu, qu’il ne connait la Guinée et les Guinéens.
Pourtant, dans notre pays, la tendance est plutôt à une tiédeur certaine à l’égard de la France, depuis Sékou TOURÉ jusqu’à Lansana CONTÉ, et plus récemment avec Alpha CONDÉ, alors que la CHINE semble être chez elle, sur tous les plans, et pas toujours au profit des intérêts guinéens. En tout cas, ceux et celles qui sont en responsabilité publique, ne sont pas spécialement « bienveillants » à l’endroit de la France, même si nombre d’entre eux y font soigner leurs familles, et scolariser leurs enfants souvent aux frais du contribuable français.
J’ai moi-même fait des études supérieures en France et grâce à la France. Je m’y suis marié, installé et travaillé. J’en ai demandé librement, la nationalité. Une visite d’un Ministre des affaires étrangères français dans mon pays de naissance auquel je suis attaché, autant que je le suis à la France, ne peut me laisser indifférent. Je suis d’autant moins indifférent que, la visite de M. AYRAULT à Alpha CONDÉ avait l’air d’un prétexte à célébrer publiquement à Conakry, les liens privés et personnels entre un Président pour le moins contestable, et le ministre des affaires étrangères d’un pays, la France dont personne ne peut nier la capacité d’influence, ou plus exactement de pression. Et c’est là où commence ma perplexité devant la démarche de M. AYRAULT et de ses amis socialistes.
Le ministre des Affaires étrangères français est une personne respectable dont la probité politique dans ses rapports avec l’Afrique subsaharienne n’est guère contestable. Mais il y aurait une naïveté certaine à croire que toutes les notabilités politiques et économiques françaises, gauche et droite confondues, qui séjournent dans nos contrées, sont des saints.
Le pouvoir socialiste français est en très grande difficulté. La situation du parti est pour le moins précaire sur le plan financier. Il a de moins en moins de militants, et donc peu de cotisants. La situation est si désespérée que beaucoup de députés socialistes, pressentant une débâcle électorale inévitable, ont déjà renoncé à l’investiture de leur parti. Voilà brièvement décrite la configuration dans laquelle se trouve le gouvernement, à la date où le Ministre des Affaires français, M. Jean-Marc AYRAULT, effectue opportunément une visite à son « ami » Alpha CONDÉ.
Est-il besoin de rappeler qu’en France, nous sommes au seuil de deux élections primordiales : la présidentielle et les législatives. Or ce sont deux scrutins très coûteux pour les partis et leurs candidats. Les petits arrangements financiers à la lisière extrême de la légalité, sont de plus en plus traqués sur le territoire français. Il faut pourtant trouver des ressources financières à usage électoral, de préférence hors de l’l’hexagone. De ce point de vue, la visite aux anciens amis autocrates et tyranniques pour leur peuple, n’est pas inutile. Elle est même indispensable.
Avoir des « amis » Noirs Africains en période de disette financière électorale, est manifestement appréciable. Mais si l’ami Noir Africain peut être un autocrate tyrannique comme M. Alpha CONDÉ, c’est encore mieux. En GUINÉE(Conakry), le « président » Alpha CONDÉ dispose du maigre budget du pays à sa guise. A titre personnel, il s’est fait attribuer un budget journalier, je dis bien journalier de plus de 180.000 EUROS. Il y a de quoi « aider » très largement les amis socialistes.
A Conakry, M. Alpha CONDÉ a créé ce qu’il appelle la « caisse unique » d’ailleurs domiciliée dans son bureau, ou peut-être dans sa chambre à coucher. Pour le lecteur qui n’est pas au fait de la manière dont le protégé des socialistes à Conakry gère la Guinée, sa « caisse unique », c’est là où toutes les recettes du pays doivent impérativement être domiciliées. Il en est à la fois l’ordonnateur et le payeur. Aucun contrôle, pas même parlementaire. Il en dispose comme il l’entend. Pas de compte à rendre. En somme un Ami financièrement idéal pour un parti nécessiteux, quant au financement de campagnes électorales.
Au demeurant, le ministre des Affaires étrangères français, aussitôt descendu de l’avion, expose ostensiblement une « aide » budgétaire de 15 millions d’euros. Peut-être. Il faut espérer que cette « aide » budgétaire en soit vraiment, réellement. En tout cas, la probable prodigalité financière de M. Alpha CONDÉ avec ses « amis » a une contrepartie indiscutable : les appuis français qui lui permettent de se maintenir au pouvoir contre la volonté de l’immense majorité des Guinéens.
Finalement, le socialisme français, c’est peut-être aussi aider les tyranneaux Noirs Africains à ruiner la vie de leurs populations.
DIEU ! Si tu existes, préserve- nous des socialistes français. Donne-leur le courage de nous laisser tomber. Car nous mourrons de leur « soutien ».
Mamadou Billo SY SAVANÉ