Kèlèfa Sall, l’actuel Président de la Cour Constitutionnelle, dérangerait-il certains hauts dignitaires du régime d’Alpha Condé ? Contrairement aux apparences et malgré un certain silence que l’on observe ces temps-ci, l’ambiance est loin d’être à la concorde au sein de la Cour Constitutionnelle.
La juridiction guinéenne compétente en matière constitutionnelle est toujours fortement grippée. Aujourd’hui, il est à craindre que ce mal apparemment bénin ne dégénère en une maladie plus dangereuse, susceptible d’emporter l’institution. Entre Kèlèfa Sall et ses collaborateurs, ce n’est plus le parfait amour.
Kèlèfa Sall est-il victime de son courage ? Le Président de la Cour Constitutionnelle avait surpris plus d’un lors de la cérémonie de prestation de serment du Président Alpha Condé. Ce Lundi 14 décembre 2015, Kèlèfa Sall a prononcé un discours « antirévisionniste » de la Constitution guinéenne. Ce qui paraissait normal aux yeux de certains, a été perçu comme un « affront » par d’autres.
A la Présidence guinéenne, c’est quasiment un silence radio sur le sujet. Le Ministre conseiller chargé des relations avec les Institutions, Mohamed Lamine Fofana, semble avoir déjà choisi son camp. Entre temps, les « frondeurs » sont passés à la vitesse supérieure. La machine pour « détruire » la Présidence de Kèlèfa Sall à la Cour Constitutionnelle est mise en marche. Les collaborateurs de Kèlèfa Sall veulent mettre en place une commission qui se chargerait de gérer les finances de l’institution. Ce qui serait contraire à la loi selon un juriste contacté par notre rédaction. « L’administration et les finances de l’institution sont gérés par le Président. Il est du plein droit de ce dernier de nommer par exemple un directeur de cabinet ou un autre de ses proches collaborateurs, dans le cadre de l’accomplissement de sa mission », explique ce juriste qui précise que le Président de la Cour Constitutionnelle est élu pour un mandat de 9 ans non renouvelable.
Aux dires de ce dernier, les conseillers ont un rôle purement « juridique ». Ils prennent part aux audiences de la cour et donnent leurs avis.
Le vendredi 18 novembre dernier, une rencontre aurait eu lieu entre certains conseillers de la Cour Constitutionnelle et le Ministre d’Etat Cheick Sako à son cabinet. Même si l’on ignore le contenu de leur entretien, tout porte à croire que la crise au sein de la Cour Constitutionnelle a été évoquée.
Pour faire « tomber » Kèlèfa Sall, les services du Président de la Cour Suprême ont été sollicités. Mais la parfaite connaissance du droit et l’intégrité de Mamadou Sima ont pesé en faveur du Président de la Cour Constitutionnelle.
Kèlèfa Sall tiendra-t-il longtemps sans l’intervention du Président Alpha Condé ? Pas aussi sûr ! Mamadou Sima, le Président de la Cour suprême est appelé à faire valoir ses droits à la retraite en janvier 2017. Ce qui pourrait ouvrir un boulevard à ceux qui veulent voir la tête de Kèlèfa Sall tomber. Mais ceci n’arriverait que si et seulement si le Président Alpha Condé ne prenait pas lui-même les choses en mains pour sauver cette institution qui est au bord de l’implosion.
Ahmed Tounkara (Africaguinee.com)