Censure

Dr Mohamed Diané devant les députés : ‘‘Le Ministère de la Défense Nationale a toujours été considéré comme un département dépensier’’

Devant les députés, ce vendredi 2 décembre, Dr Mohamed Diané, ministre d’Etat, ministre de la Défense, a présenté ‘‘la politique sectorielle du ministère de la Défense Nationale en rapport avec la session budgétaire en cours’’. Ci-dessous son discours.

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Honorables Députés,
Il est utile de rappeler que le Ministère de la Défense Nationale a été créé par l’Ordonnance N0 023/PRG/ du 16 Décembre 1958 et modifiée par le Décret N° D/2014/091/PRG/SGG du 11 Avril 2014.
Selon les termes de ce Décret, le Ministère de la Défense Nationale a pour mission principale la mise en œuvre de la politique définie par le Gouvernement en matière de Défense nationale.
A cet titre, il est particulièrement chargé de :
• Veiller à la garantie de la défense et de l’intégrité du territoire national contre toute forme d’agression ;
• Défendre et sauvegarder les institutions de la République ;
• Veiller à la protection des personnes et de leurs biens ;
• Veiller à la défense des intérêts vitaux de la Nation ;
• Veiller à la surveillance et la défense des espaces aérien et maritime du territoire national ;
• Veiller à la bonne gestion du patrimoine de l’Armée.
Pour l’accomplissement de ses missions, le Ministère de la Défense Nationale dispose des structures suivantes :
• Une Direction de Cabinet ;
• Un Cabinet du Ministre ;
• Des Services d’appui ;
• Un Pôle Relations Internationales de Défense ;
• Des Services rattachés ;
• Des Organes Consultatifs ;
• Des Organismes de Commandement.

Monsieur le Président,
Dans le cadre de la poursuite de la réforme et le renforcement des efforts déployés pour améliorer les conditions de vie de nos populations et accélérer le progrès économique, les objectifs prioritaires suivants ont été assignés au Ministère de la Défense Nationale :
1- La rédaction des derniers textes législatifs et réglementaires pour renforcer le cadre juridique de la réforme ;
2- La professionnalisation et le renforcement de la capacité opérationnelle des forces de défense ;
3- La sécurisation du territoire national ;
4- L’amélioration de la qualité des dépenses militaires ;
5- L’application des accords et conventions militaires ratifiés par la Guinée dans le cadre bilatéral et multilatéral.

Ces objectifs ont été rappelés par Monsieur le Premier Ministre, chef du gouvernement dans sa lettre de mission N° 119/CAB/P du 11 mars 2016.
En effet, la réforme qui est la boussole de l’action du département de la défense devrait atteindre une vitesse de croisière à la suite de l’élaboration, l’adoption et la promulgation de la loi de programmation militaire (LPM) en décembre 2014. Cela devrait permettre la montée en puissance de l’armée redimensionnée, formée, équipée et capable de faire face aux défis sécuritaires imposés aujourd’hui au monde par le terrorisme international.
Malheureusement, il en est autrement, car les ressources qui devraient être allouées à la mise en œuvre de la LPM à partir de 2015 peinent à être mobilisées, par les faits conjugués de la crise financière internationale et de la déstabilisation de l’économie nationale due à la survenue imprévisible de la fièvre hémorragique à virus Ebola.
Malgré toutes ces contraintes, la LPM avait connu un début d’exécution par l’allocation exceptionnelle de crédit à hauteur de cent six milliards quatre cent soixante-dix millions neuf cent soixante un mille quatre cent cinquante-deux francs guinéens (106 470 961 452 GNF) en 2015 sur la ligne investissement. Cette ligne qui n’était dotée que de trente milliards soixante-dix millions quatre cent quatre-vingt-dix-sept mille neuf cent quatre-vingt-dix-neuf (30 070 497 999) GNF est passée à cent trente-six milliards cinq cent quarante un millions quatre cent cinquante-neuf mille quatre cent cinquante un (136 541 459 451) GNF, alors que la tranche de l’année de base 2015 de la LPM se chiffrait à huit cent cinquante-six milliards huit cent trente-quatre millions sept cent soixante mille (856 834 760 000) GNF.

Ainsi, mon département a lancé son programme d’activités conformément à la lettre de mission, nonobstant les difficultés liées à l’insuffisance des ressources.
Vous me permettrez, Monsieur le Président, de vous décliner l’exécution du budget exercice 2016 de mon département.
Le budget alloué au Ministère de la Défense Nationale en 2016 s’élève à 1 529 867 749 216 GNF contre un montant de 1 739 127 040 000 GNF en 2015, soit une diminution de 209 259 290 784 GNF représentant 13,68%.

Dans l’exécution du budget 2016, une consommation de 1 383 892 674 002 GNF a été enregistrée à la date du 30 Novembre 2016 soit 90% du montant des crédits alloués.
Dans le cadre des investissements, le ministère a pu achever la construction, la rénovation et l’équipement de certaines infrastructures telles que :
Ø deux (02) immeubles R+2 au camp Almamy Samory Touré ;
Ø cinq (05) bâtiments R+2 au camp Alpha Yaya ;
Ø le garage central du camp Alpha Yaya
Ø cinq (05) bâtiments pour le commandement au camp Alpha Yaya ;
Ø douze (12) bâtiments pour l’Etat-major de l’armée de mer à Sonfonia ;
Ø dix (10) bâtiments R+1 à l’école de la gendarmerie de Sonfonia ;
Ø vingt-cinq (25) bâtiments au camp Kwamé N’krumah du Km 36 ;
Ø le bloc administratif de Kindia ;
Ø le musée de l’armée à Kankan ;
Ø la gendarmerie départementale de Coyah ;
Ø les latrines du Centre d’Instruction de Kindia ;
Ø la clôture du camp Soundiata Keita de Kankan ;
Ø la réhabilitation de réseau d’adduction d’eau et d’électricité au camp Alpha Yaya, à l’Ecole Nationale de Gendarmerie de Sonfonia et à l’Etat-Major de l’Armée de Mer à Sonfonia ;
Ø l’équipement de cinq bâtiments du camp Alpha Yaya ;
Ø la salle de formation et le hangar à la direction générale des pensions militaires et anciens combattants ;
Ø les cuisines aux Ecoles militaires de Manéah ;
Ø deux (02) parcours d’obstacles à Samoreyah (Kindia) ;
Ø la brigade de gendarmerie de Tangaly (Tougué) ;
Ø le début d’exécution du contrat de réparation des patrouilleurs.
Honorables Députés, en dépit de cet effort fourni par mon département, force est de reconnaître que certains de nos besoins en matériels, en mobiliers, en engins de combat, en habillement et en infrastructures restent à satisfaire.
Au regard de ces défis énormes dont mon département a charge de relever, le projet de budget 2017 diminue drastiquement nos prévisions et compromet la mise en œuvre du plan d’action ainsi que la loi de programmation militaire dont la tranche 2017 est de huit cent dix-neuf milliards sept cent vingt millions trois cent quatre-vingt-dix mille (819 720 390 000) GNF.

Pouvons-nous nous engager dans les opérations intérieures et extérieures jusqu’à 2 000 hommes sur un préavis de 48h, sans limitation de durée?

En effet, sur une prévision annuelle du département de deux mille huit cent quatre-vingt-sept milliards sept cent quatre-vingt-six millions deux cent neuf mille six cent vingt-cinq (2 887 786 209 625) GNF, le ministère du budget a proposé la somme de mille cinq cent soixante-quinze milliards cent trois millions huit cent dix-neuf mille (1 575 103 819 000) GNF, dont vingt milliards (20 000 000 000) en investissement, soit une diminution de mille trois cent douze milliards six cent quatre-vingt-deux millions trois cent quatre dix mille six cent vingt-cinq (1 312 682 390 625) GNF correspondant à 45,45%.
Vous comprendrez aisément, Honorables Députés, les difficultés auxquelles le Ministère de la Défense Nationale est confrontée dans l’atteinte des objectifs majeurs assignés à lui.
En guise d’illustration, avec ce budget d’investissement 2017 d’un montant de vingt milliards (20 000 000 000) GNF, pouvons-nous :
Ø Réparer les patrouilleurs de l’armée de mer pour faire face à la piraterie maritime, afin de maintenir le ‘‘carton vert’’ remis au Président de la République?
Ø Equiper la gendarmerie pour faire face aux multiples défis sécuritaires à l’intérieur du territoire ?
Ø Equiper l’armée de terre pour mieux sécuriser les frontières face aux menaces djihadistes?
Ø Ressourcer les aéronefs de l’armée de l’air pour la surveillance et la défense de l’espace aérien?
Ø Rembourser l’avion CASA qui a fait crash au Libéria avec onze (11) de nos vaillants soldats?
Ø Nous engager dans les opérations intérieures et extérieures jusqu’à 2 000 hommes sur un préavis de 48h, sans limitation de durée?
Ø Construire des abris pour les militaires déployés le long des frontières ?
Ø Equiper le bataillon du génie militaire pour lui permettre de participer au développement socio-économique du pays tout en s’investissant dans l’assainissement de la ville de Conakry ?

sans sécurité il n’y a pas de paix, et sans la paix, il n’y a pas de développement

Monsieur le Président, Honorables Députés,
Le Ministère de la Défense Nationale a toujours été considéré comme un département dépensier. Nous l’admettons parce que c’est désormais dans la mentalité de certaines personnes.
Cependant, la sécurité des recettes douanières aux frontières, la protection des installations stratégiques et industrielles (sources de production économiques), la sécurité des zones minières, la lutte contre la piraterie maritime, la rentrée des devises à travers notre participation au maintien de la paix, la quiétude sociale et la stabilité qui sont les garants du développement économique, social et politique auxquels nous aspirons tous sont le fait des actions salvatrices des forces de défense et de sécurité, qui ne peuvent être toutes chiffrées.

Honorables Députés, la paix n’a pas de prix. Et vous conviendrez certainement avec moi que sans sécurité il n’y a pas de paix, et sans la paix, il n’y a pas de développement.
C’est pour toutes ces raisons que je sollicite votre soutien pour nous permettre de disposer des ressources nécessaires afin de pouvoir nous acquitter efficacement des missions qui nous sont dévolues.

Propos recueillis par Ismaël Sylla pour guinee7.com

 

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