Dans cet entretien accordé à notre reporter, Alhousseyni Makanera Kaké, président du Front national pour le développement (FND) invite l’Union des forces républicaines (UFR) de Sidya Touré à venir renforcer l’opposition républicaine, dans la perspective des élections communales à venir. Au président il demande de limoger le directeur général de la police nationale, Bangaly Camara, pour ses propos jugés « outrageants », avant que l’opposition ne prenne ses responsabilités, en organisant des manifestations de rue.
En prélude des élections communales comment se porte votre parti ?
Alhousseyni Makanera Kaké : Bon, mon parti se porte très bien. Je vous informe que mon parti a signé une alliance avec le parti de Papa Koly Kourouma. Nous allons présenter cette alliance sous le nom de (CAS) c’est-à-dire (coalition antisystème), et nous allons présenter des candidats dans toutes les communes rurales et urbaines de Guinée. Et nous estimons que le peuple de Guinée a compris qu’il faille changer le changement, et aujourd’hui ceux-là qui ont été les précurseurs dans le camp du changement, c’est El hadj Papa Koly Kourouma et moi, et j’espère que le peuple se souviendra le jour du vote.
La déclaration du directeur général de la police nationale a provoqué un tollé au sein de la classe politique et la société civile. Pourquoi autant de bruit à votre avis?
D’abord je voudrais vous dire que c’est une honte nationale. Je n’ai jamais entendu une personnalité de son envergure tenir des propos comme ça dans la vie. Mais le professeur Alpha condé nous a dit qu’il veut mettre des technocrates, des compétents, mais pour le moment les compétents du professeur Alpha Condé, à commencer par lui posent des problèmes. Je pense qu’avec Alpha Condé on peut s’attendre à tout. Parce que lui-même il a pris un décret pour limoger un planton. Son ministre du Budget prend un simple communiqué pour élargir le taux et l’assiette fiscale. La plupart des ministres vont à l’assemblée pour demander de l’argent à l’assemblée nationale. Alors qu’ils voient que l’assemblée nationale n’a pas d’argent. Ils votent le budget que le gouvernement propose, et lorsque vous dites que vos budgets ne sont pas suffisants, c’est que vous n’êtes plus d’accord avec le projet de société du gouvernement parce que c’est une question de simple répartition. Le budget c’est la politique chiffrée du gouvernement. Dès que vous n’êtes pas d’accord avec votre budget, vous vous désolidarisez du gouvernement et vous dites que le projet de société qu’il défend n’est pas efficace et efficient. Vous remarquerez qu’en France la ministre de l’Environnement, quand elle a dit que le budget de l’environnement est petit, cela lui a valu de démissionner du gouvernement. Mais ici, ça passe comme si c’est normal, cela prouve à suffisance aujourd’hui pas seulement le cas de Bangaly, qu’il faut organiser un cours pour ceux qui gèrent le pays pour qu’ils comprennent c’est quoi le gouvernement. Quel est le rôle de l’assemblée nationale, c’est-à-dire connaître au moins le rôle de chaque institution, connaître c’est quoi même le budget. Parce que le budget, ce n’est pas l’alignement des chiffres mais c’est le projet de société qu’on lit à travers le budget. Lorsque le ministre dit aux députés mon budget est petit, augmentez, il veut dire aux députés de ne pas voter le budget qui est parti. Si le ministre qui vient pour défendre son budget à l’assemblée nationale demande aux députés que le budget n’est pas bon, je suis étonné de voir que le député accepte de voter, parce que les ministres qui vont pour se défendre eux-mêmes ne sont pas d’accords. Les défenseurs ne sont pas d’accords avec le budget mais vous votez le budget pour qui maintenant? Pour revenir au cas de Bangaly, on dit souvent que l’enfant ne ment pas mais ce n’est pas vrai, l’enfant ment comme il respire. Pourquoi on dit qu’il ne ment pas parce qu’il révèle de secret que les parents ne voudraient pas qu’on dise dehors. Ce que Bangaly a dit à N’Zérékoré, c’est ce qui se dit au sommet de l’Etat sinon; il n’y a aucune raison après avoir tenu ces propos qu’il soit encore directeur général de la police nationale. Si jusqu’à présent il n’est pas limogé, c’est que vraiment ce qu’il a dit, si ce n’est pas le président qui lui a dit de dire, en tout cas le président ne s’est pas opposé à ce qu’il a dit. Mais nous maintenant en ce qui nous concerne, nous estimons que c’est excessivement grave. Grave en ce sens que lui, il est le responsable des policiers, et ces policiers-là participent au maintien d’ordre. Et les partis politiques, leur seul moyen de pression dont ils disposent, c’est les manifestations pacifiques. Si un tel monsieur tient de tels propos, nous serrons bientôt privés de notre liberté parce que là elle est menacée. Il nous menace en nous disant qu’il est le seul qui peut donner d’ordre à la police. C’est pourquoi avant toute chose, nous exigeons son départ. Si le président accepte qu’il le limoge ; s’il n’accepte pas je crois ça va être le début des manifestations jusqu’à son départ.
L’UFR n’est semble-t-il ni dans l’opposition ni dans la mouvance, quel est à votre avis son positionnement sur l’échiquier politique national?
Bon, la position de l’UFR, je souhaiterai que l’UFR vraiment accepte de renforcer l’opposition. Aujourd’hui nous pouvons avoir des positions différentes au sein de l’opposition. Mais ce que nous avons en commun c’est de créer la possibilité de l’alternance, et l’alternance commence par les élections communales. Donc il faut faire en sorte que le RPG n’ait pas plus de 15 pour cent sinon rien ne peut arrêter Alpha Condé pour un troisième mandat ou une présidence à vie. Donc vaut mieux l’arrêter avant qu’il ne s’engage. Donc l’UFR a sa place dans l’opposition, mais pour que l’UFR puisse être de l’opposition et rendre service à l’opposition, il faut qu’il accepte de collaborer avec le chef de file de l’opposition, parce qu’aujourd’hui qu’on le veuille ou pas, c’est El hadj Cellou Dalein qui est chef de file de l’opposition guinéenne. Si on veut une opposition forte, il faut renforcer El hadj Cellou Dalein et tous les autres partis de l’opposition.
Le ministre de la Fonction publique a publié récemment une nouvelle grille salariale que certains syndicats rejettent. Avez-vous eu vent de ça ?
Bon, je n’ai pas bien regardé la grille mais il paraîtrait qu’on a augmenté les salaires des gens. Certains se sont vu même ce qu’ils prenaient avant ils n’ont pas pris, ça, d’autres ont été augmentés d’une manière qu’ils ne méritent pas. Cela veut dire tout simplement que dans la gestion au niveau du gouvernement, il n’y a pas de rigueur. Ça je le sais, parce que je suis passé par là et je ne peux pas aller au-delà parce que j’ai acquis l’information. L’information que j’ai reçue, c’est ce que j’ai lu dans la presse et les radios.
Plus de cinq cent gendarmes sont déployés dans la ville de Mamou pour traquer les coupeurs de route. A votre avis, le Haut Commandement de la gendarmerie réussira-t- elle cette opération?
Vous savez la sécurité, ce n’est pas des actions ponctuelles. Quand vous lisez le projet de budget de la loi de finance 2017, vous voyez les priorités du gouvernement. Si l’armée fait 1400 et quelque milliards ou 1500 milliards vous trouvez que la police ne fait même pas 400 milliards. Donc le pouvoir aujourd’hui préfère protéger son pouvoir que de sécuriser sa population. Ça c’est des actions ponctuelles qui ne peuvent pas avoir un impact à long terme. Pourquoi ? la sécurité d’abord il faut la formation, il faut donner les moyens aux agents, il faut suffisamment d’agents par rapport à la population, il faut une justice qui condamne et une prison qui maintient les délinquants et aussi il faut un minimum parce que vous savez la pauvreté est une raison fondamentale qui pousse les gens vers la délinquance. Donc il faut résoudre tous ces problèmes là ; pour qu’on puisse parler de la sécurité. Bien qu’on ne puisse jamais sécuriser cent pour cent mais, on peut diminuer beaucoup le taux de criminalité mais en utilisant des actions ponctuelles.
Comment expliquez la guéguerre entre l’UFDG et les NFD de Mouctar Daillo?
Bon, je pense que c’est une question interne à ces deux partis. Vous savez je l’ai toujours répété, il y a la contradiction fondamentale…. La gouvernance actuelle mais entre nous les partis politiques nous sommes des concurrents, ce qui est tout à fait normal, c’est ça aussi la règle de la démocratie, si demain je vote pour un monsieur parce que j’ai senti qu’il est en position plus favorable que la mienne, sinon je voudrais que je sois le président de la république en 2020. Donc c’est légitime que chaque parti ait l’ambition de contrôler toutes les communes de la Guinée.
Entretien réalisé par Alpha Amadou Diallo/ Le Démocrate