Au terme de l’actuelle Loi Fondamentale, le Président Alpha Condé entame son dernier mandat à la tête de l’Etat guinéen. Si la population n’exprime pas sa souveraineté à travers un référendum modifiant les dispositions de la Constitution, Alpha Condé ne pourra pas rempiler en 2020. Cette histoire de 3ème mandat alimente la polémique car nul aujourd’hui ne pourrait affirmer que l’actuel chef de l’Etat a ou non des velléités de briguer un autre suffrage. Polémiques, tant au sein de l’opposition que de la mouvance présidentielle. Pour l’opposition, ce serait un parjure que de tripatouiller l’actuelle Constitution quand bien même certains de ses membres pensent qu’il faille une onction populaire pour lui conférer toute sa légitimité, sans pour autant toucher à l’article 27 qui limite le nombre de mandats. La mouvance présidentielle, elle, reste divisée sur la question à l’instar d’un Saloum Cissé qui voudrait d’un troisième mandat pour le RPG et non pour Alpha Condé ou d’un Ibrahima Kallo qui pense qu’il faut en toute liberté laisser le soin à la population d’exprimer sa souveraineté sur la question. En tout cas, le sujet fait débat dans la cité.
qui pour remplacer Condé ?
Alors que l’opposition n’a pas encore sorti ses vraies griffes sur la question, c’est au niveau du pré-carré présidentiel que la guerre des coulisses fait rage. Pré-carré où se sont fait inviter des taupes, officiant désormais autour du Président Alpha Condé en qualité de conseillers informels. Ils ont une double mission : annexer l’entourage présidentiel par une prise en main du gouvernement et des strapontins stratégiques ; et préparer l’alternance au bénéfice du chef de file de l’opposition. Pour la première mission, et même si la finalité des uns n’est pas celle des autres (qui pour remplacer Condé ?), il faut déjà réussir d’ici la fin de l’année à imposer un ministre d’Etat – originaire de la Basse Guinée – comme Premier ministre.
C’est d’ailleurs le combat de ce dernier qui avait fait la naïveté de refuser le poste quand Saïd Fofana devait partir estimant qu’il fallait le supplier pour qu’il accepte. Aujourd’hui plus que jamais, il est en première ligne pour occuper, contre vents et marées, la Primature qui devrait lui permettre de forger ses armes et lui octroyer un buisson financier pour 2020. Il s’appuie pour se faire ainsi sur la communauté soussou, distillant sournoisement par-ci, par-là, que le Président Alpha Condé n’a rien fait pour la Basse Guinée et qu’il en faudrait encore plus car certains hauts cadres nommés à des postes stratégiques ne sont pas représentatifs de cette partie de la Guinée. Rien d’étonnant que dernièrement de petites frondes s’organisent au niveau de Kaloum où des jeunes et des mareyeuses sont manipulés à des fins que l’on devine aisément.
Tout le scénario qui s’était dessiné du temps de Lansana Conté se remet en place
Et à la guerre comme à la guerre, il faut s’attaquer, à travers les réseaux sociaux et des médias acquis à la cause, à la conduite actuelle des affaires par le Gouvernement présenté comme le plus inefficace que le pays n’ait jamais connu malgré les performances macro-économiques réalisées en si peu de temps. Et, c’est de bonne guerre, l’opposition participe activement à cette cabale pour des raisons qui lui sont propres, celles de s’opposer à tout ce que fait le Gouvernement. La première finalité, faire tomber ce Gouvernement qui serait issu de la famille présidentielle, s’arc-bouter et en dernière finalité, préparer l’alternance de 2020. En réalité, l’opposition aujourd’hui se trouve même au sein de la mouvance présidentielle, dans ce qui apparaît comme le pré-carré du pouvoir. Tout le scénario qui s’était dessiné du temps de Lansana Conté se remet en place avec les mêmes acteurs qui avaient induit le vieux général en erreur.
La finalité de tout reste et demeure l’alternance en 2020
Malheureusement, il s’en trouve, stupidité oblige ou besoin incessant d’argent faisant, des membres de la mouvance présidentielle qui font le jeu, pensant que l’avènement de ce ministre d’Etat pourrait améliorer leur quotidien et leur offrir des strapontins encore plus importants. D’où le défilé incessant de hauts cadres au siège de la complotite dans un hôtel huppé de Kaloum où se tiennent les réunions importantes et où se définissent les stratégies. La finalité de tout reste et demeure l’alternance en 2020 et les moyens pour y arriver sont mis en place quitte à se bouffer le nez, le moment venu, les ambitions étant opposées. En attendant, il faut tout réorganiser à Sékhoutouréya, mâter et faire partir les irréductibles pour mieux noyauter la Présidence.
Mahmoud Camara pour guinee7.com