INTRODUCTION. Dans ce papier, nous entamons notre propos par la définition de l’absorption, avant d’aborder les faits stylisés des économies africaines.
Les facteurs affectant la capacité d’absorption d’une économie y sont également abordés avec les risques d’une accélération des déboursements.
Notre conclusion porte sur certaines recommandations de politiques économiques, bien-entendu qu’elle ne prétend pas être exhaustive, le champ de la recherche scientifique étant très illimité.
Nous notons également qu’un travail remarquable a été déjà fait par ceux qui nous ont précédés, c’est pourquoi, ils sont cités en références bibliographiques de notre article.
La manière de définir et de mobiliser le concept de capacité d’absorption est hétérogène. Des auteurs ont redéfini le concept afin de mettre en évidence certains aspects tels que la distinction entre la capacité d’absorption potentielle et la capacité d’absorption réalisée (Zahra et George, 2002), la capacité d’absorption relative (Lane et Lubatkin, 1998) ou encore, les aspects d’apprentissage et de résolution de problèmes de la capacité (Kim, 1998).
En 1990, Cohen et Levinthal définissent la capacité d’absorption comme « L’aptitude à reconnaître la valeur de l’information nouvelle, à l’assimiler, et à l’appliquer à des fins commerciales. (Cohen et Levinthal, 1990, p.128).
Il s’agit d’un ensemble de routines et de processus organisationnels par lesquels l’entreprise ou le système acquiert, assimile, transforme et exploite la connaissance pour produire une capacité organisationnelle dynamique (Zahra et George, 2002). Ces derniers confirment que le concept est multi dimensionnel, et consiste plutôt en des dimensions et des aptitudes variées. Lane et Lubatkin (1998) utilisent les mêmes composantes que Cohen and Levinthal (1990) pour leur étude sur les prérequis nécessaires aux organisations pour apprendre des autres.
Van Den Bosch et al. (2005) suggèrent également de définir la capacité d’absorption comme constituée de trois composantes essentielles : l’aptitude à reconnaître la valeur de la connaissance externe, l’aptitude à l’assimiler, et l’aptitude à l’appliquer à des fins commerciales (p. 280). C’est la capacité pour une organisation à apprendre et à résoudre les problèmes (Kim, 1998).
Augmenter sa capacité d’absorption demande à l’organisation de renforcer son aptitude à accéder à la connaissance externe ; cela va nécessiter un partage de connaissances, et la construction d’une aptitude à transformer et à implanter la connaissance externe dans la compagnie ou dans le pays afin d’améliorer ces compétences de base (Daghfous, 2004).
Pour bien comprendre les sources de la capacité d’absorption d’une firme, cette dernière devra mettre l’emphase sur la structure de communication entre l’environnement externe et l’organisation et ses sous-unités (Cohen et Levinthal, 1990 ; Levinson et Asahi, 1995 ; Grant, 1991). Une autre dimension est émergeante dans les études portant sur les facteurs associés à la capacité d’absorption : la culture de l’organisation est considérée comme un des déterminants de l’efficacité du transfert organisationnel (Kedia et Bhagat, 1988) ; ainsi les cultures organisationnelles peuvent faciliter ou au contraire entraver l’apprentissage et le changement dans le système (Levinson et Asahi, 1995).
Enfin, et dans une approche davantage basée sur les ressources, certains auteurs considèrent que les interactions et connexions de l’entreprise avec les organisations extérieures renforceraient la capacité d’absorption, et ainsi amélioreraient la performance du transfert (Hamel et Pralahad, 1989 ; Hamel, 1991 ; Levinson et Asahi, 1995).
I. FAITS STYLISÉS :
Si l’on considère au moins sept des principaux critères identifiés par Afrocentricity Think Tank qui permettent de juger de l’émergence d’un pays ou d’une région, l’Afrique en tant que continent ne remplit pas les conditions. Alors tous ceux qui rappelaient que le 21e siècle serait le siècle de l’Afrique devraient revoir leur copie à la lumière des conditions objectives permettant de parler d’émergence et surtout de pérenniser cet état. Pourtant, aucun Africain ne doit se faire tromper par une analyse pertinente mais incomplète menée sur les véritables moteurs du développement économique entre les experts économistes qui ne voient le monde que d’un point de vue occidento-centriste.
Au regard de la croissance accélérée de l’économie, sur les dix dernières années, l’Afrique présente une croissance du produit intérieur brut (PIB) en progression et qui dépasse la moyenne mondiale. Si l’on se réfère à l’Afrique subsaharienne avec 4,8 % en 2009-2010 et 4,2 % pour la moyenne mondiale, le premier des critères de l’émergence est atteint mais il importe que tout ceci perdure.
Par contre, si l’on s’attarde sur la croissance du PIB par habitant de 2009-2010, l’Afrique subsaharienne avec ses 1 176 $US par habitant a un revenu par habitant 9 fois inférieur à celui de la moyenne mondiale, 9 069 $US. Ce deuxième critère n’est pas atteint. Si l’on y rajoute les asymétries de l’inégalité des revenus et des salaires au sein de la population africaine, la capacité des dirigeants africains à améliorer collectivement le sort de leur population comme l’a démontré la Chine en moins de 20 ans n’est pas encore au rendez-vous.
Ce n’est d’ailleurs pas étonnant que les régimes autocratiques africains affichent de plus en plus ouvertement que le développement serait « incompatible » avec la démocratie. Le feu Président éthiopien, Meles Zenawi était un fervent adepte contrairement au feu Président ghanéen John Atta Mills lequel croyait à la vertu de la démocratie et à la redistribution des richesses. Il faut donc une convergence du pouvoir d’achat africain en direction de la moyenne mondiale pour croire que l’Afrique est véritablement en route vers l’émergence économique et sociale.
Le troisième critère pour véritablement parler d’émergence est l’amélioration ou tout au moins la convergence de l’indicateur du développement humain qui a été établi par le Programme des Nations Unies pour le Développement vers la moyenne mondiale. Ce critère prenant en compte de nombreux sous-critères de bien-être de l’individu suit la trajectoire du PIB par habitant. Avec un indicateur IDH en 2011 de 0,463 pour l’Afrique subsaharienne et une moyenne mondiale de 0,682, l’Afrique ne semble pas converger rapidement vers le « haut » et demeure loin de la moyenne mondiale et très loin de pays industrialisés comme la France qui affiche 0,884.
Il faut bien conclure que sur les trois critères mentionnés plus haut, l’humain n’est pas au centre des préoccupations de l’émergence africaine.
I.1 REFUS DE TRANSFORMER SES MATIERES PREMIERES LOCALEMENT
Le quatrième critère pourrait être la capacité d’attraction des investissements étrangers directs (IED) et des investissements en portefeuille (IP) dans le pays. Selon la Banque mondiale, les IED au plan mondial sont de 1 430,4 milliards de $US alors que pour l’Afrique subsaharienne, on atteint difficilement 24,9 milliards de $US, soit à peine 1,7 % du total. Les investissements en portefeuille au plan mondial s’élèvent à 779,5 milliards de $US alors que pour l’Afrique subsaharienne, ce montant n’est que de 8 milliards de $US, soit 1,0 % du total. Cette faible capacité d’attraction est en train de s’améliorer sans pour autant que cela profite aux populations africaines.
Le cinquième critère retenu ici est la diversification de l’économie identifiée par le niveau élevé de la quantité et de la qualité des produits exportés d’un pays. Sur ce plan aussi et à part l’Afrique du sud et quelques pays comme Maurice, le nombre de produits de qualité exportés en quantité par les pays africains est faible. Il s’agit d’ailleurs souvent d’économies exportant quelques matières premières non transformées. L’Afrique se prive ainsi des retombées comme l’emploi, l’amélioration du pouvoir d’achat et surtout la paix sociale qu’offre tout le processus d’industrialisation et de développement des capacités productives. La plupart des pays africains exportent moins de 50 produits de qualité et en quantité importante alors qu’en comparaison, la Chine à elle seule exporte plus de 4500 de ces produits ou la Turquie qui est réellement en émergence, plus de 3200.
Le sixième critère retenu pour déterminer le niveau d’émergence d’un pays se retrouve dans sa prédisposition à améliorer sa capacité et sa capabilité productives. En effet, il s’agit d’un acte volontaire, régulier et prioritaire. Aussi, il importe d’analyser les progressions de la valeur ajoutée industrielle (VAI) ainsi que la valeur ajoutée manufacturière (VAM) en référence aux moyennes mondiale, continentale, régionale et à la moyenne des pays émergents du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et l’Afrique du sud). En prenant 2010 comme année de référence, et avec une VAI mondiale s’élevant à 25% du PIB et celle de l’Afrique subsaharienne atteignant 30% du PIB, l’Afrique répond positivement à ce critère sauf que la VAI comprend aussi les « extractions » et donc les produits non transformés et sans valeurs ajoutées distribuées au niveau local.
Il faut donc aussi analyser la performance au plan de la VAM qui s’élève à 16 % du PIB au plan mondial et seulement 13 % du PIB pour l’Afrique subsaharienne.
Il faut bien constater une réelle «désindustrialisation » mondiale paradoxalement occasionnée par les délocalisations intempestives et une automatisation des processus industriels même si l’Afrique subsaharienne n’en a pas été le principal bénéficiaire. En effet, la VAM mondiale était de 19 % du PIB en 2000 avant de chuter à 16 % du PIB en 2010. Celle de l’Afrique subsaharienne était de 15 % du PIB en 2000 avant de chuter aussi à 13 % du PIB en 2010. Pour mémoire, la VAM de la Chine est passée de 30 % du PIB en 2000 à 32 % du PIB en 2010. L’Afrique subsaharienne ne remplit donc pas le sixième critère de convergence retenu.
Le point commun à ces trois derniers critères est bien le refus de transformer localement les matières premières africaines au profit de la création d’emplois locaux.
I.2 CAPACITE D’ABSORPTION SOUS-EMPLOYÉE
Le septième critère de convergence retenu repose sur l’évaluation de la fluidité et la prévisibilité de l’environnement des affaires. Il est question de savoir si l’espace institutionnel, légal et de régulation des transactions permet d’opérer avec le maximum de sécurité et d’efficacité. Les indicateurs sont nombreux.
En choisissant comme référence l’année 2011, le nombre de procédures pour enregistrer une propriété, l’Afrique subsaharienne a une moyenne de 6 procédures alors que la Chine n’en a besoin que de 4. Mais si l’on compare le temps requis pour enregistrer une propriété, l’Afrique subsaharienne est une véritable bureaucratie avec plus de 66 jours en moyenne pour enregistrer une propriété alors que la Chine n’a besoin que de 29 jours. L’Afrique subsaharienne de manière générale ne remplit pas ce dernier critère d’une économie en émergence. Aussi, la capacité de l’Afrique à avancer vers l’agilité ainsi que sa capacité d’absorption du savoir, des technologies et à les mettre au service des populations risquent d’être limitée.
Aussi, le niveau d’émergence de l’Afrique subsaharienne ne peut être considéré comme robuste, ni même fragile mais comme vulnérable. L’Afrique est donc en pré-émergence. Pour les pays disposant d’une marge de manœuvre budgétaire, essentiellement les pays riches de matières premières exportées sans transformation, l’émergence risque d’être décalée. Aussi, c’est une prise de conscience collective sur l’absence d’une vision afrocentrique de l’émergence des économies africaines qui limitent les actions collectives des dirigeants africains.
En moins de 20 ans et dès 1980, la Chine est devenue l’économie avec la plus forte croissance dans l’histoire en organisant sa capacité d’absorption mais aussi en assurant la redistribution sous forme de pouvoir d’achat à son peuple. La Chine a ainsi sorti la plus grande partie de son peuple de l’extrême pauvreté en un temps record. Avec la maîtrise de cette capacité d’absorption, la Chine est en train de préparer une nouvelle étape dans l’émergence qui va reposer sur l’innovation.
Aussi, les pays africains ne doivent pas nécessairement se concentrer uniquement sur la recherche de l’innovation mais plutôt à organiser et maîtriser leur capacité d’absorption sur tous les plans. Cela ne peut se faire sans passer par la case formation et diffusion du savoir organisationnel, décisionnel et technologique.
Aussi, cette capacité d’absorption ne peut éclore dans un environnement de dirigeants autocrates ou dictateurs. L’Etat interventionniste pourrait jouer un rôle à condition d’accepter de réduire ses fonctions régaliennes à celles de régulateurs et laisser les acteurs libres s’organiser pour soutenir l’émergence de l’Afrique.
II. Les dimensions de la capacité d’absorption:
La capacité d’absorption présente quatre dimensions complémentaires, différentes et chronologiques :
l’acquisition, l’assimilation, la transformation et l’exploitation.
L’acquisition est définie comme étant l’aptitude à reconnaître, valoriser et acquérir la connaissance externe essentielle aux opérations de l’entreprise (Lane et Lubatkin, 1998 ; Zahra et George, 2002). Hamel (1991) évoque l’acquisition de nouvelles connaissances spécialisées en tant que motivation pour établir des collaborations inter-organisationnelles. Welsch, Liao et Stoica (2001) associent l’acquisition à un générateur de connaissances pour l’organisation. L’acquisition dépend des investissements précédents, R&D, des connaissances préalables.
L’assimilation est définie comme l’aptitude de la firme à absorber la connaissance externe ; il s’agit de routines et processus qui lui permettent de comprendre, d’analyser et d’interpréter l’information issue de sources externes (Zahra et George, 2002). Ces derniers auteurs vont tenter de mesurer ce critère par le nombre de fois que les publications d’une firme citent la recherche faite par d’autres firmes.
La transformation est l’aptitude de la firme à développer des routines facilitant la combinaison de connaissances existantes avec des connaissances nouvellement acquises et assimilées. Ce critère est atteint par addition ou suppression de connaissances, ou interprétation de connaissances existantes de manière différente. Les deux composantes sont l’internalisation et la conversion. Zahra et George (2002) proposent d’en mesurer l’effet par le nombre d’idées ou de projets de recherche de nouveaux produits.
Enfin, l’exploitation est l’aptitude de la firme à appliquer la nouvelle connaissance externe de manière commerciale afin d’atteindre des objectifs organisationnels (Lane et Lubatkin, 1998). Des routines permettent à la firme d’affiner, d’étendre, et d’exercer une influence sur les compétences existantes ou créer de nouvelles par incorporation de connaissances acquises et transformées (Zahra et George, 2002). Ces derniers en proposent une mesure par le nombre de brevets ou d’annonces de nouveaux produits.
III. Les facteurs affectant la capacité d’absorption :
La capacité d’absorption est touchée par des facteurs internes et externes (Daghfous, 2004). Les facteurs internes comprennent la base de connaissances préalables, la capacité d’absorption individuelle, le niveau d’éducation et les grades académiques obtenus par le personnel, la diversité des origines, le rôle des acteurs spécialisés (les gardiens), la structure organisationnelle, la communication transfonctionnelle, la culture organisationnelle, la taille de la firme, l’inertie organisationnelle, l’investissement en R&D, et la gestion des ressources humaines. Les facteurs externes intègrent l’environnement des connaissances externes, et la position dans le réseau de connaissances.
Lin et al. (2002) admettent que les entreprises ne peuvent assimiler avec succès et appliquer la connaissance externe sans une très grande capacité d’absorption. Ils explorent les facteurs essentiels de la capacité d’absorption à travers son impact sur la performance du transfert (de technologie par exemple), et notent des associations significatives entre capacité d’absorption et des facteurs tels que les canaux de distribution de la technologie, les mécanismes d’interactions, et les ressources en R&D.
Tsai (2001) dresse une perspective de type réseau en arguant que les unités organisationnelles peuvent produire davantage d’innovation et obtenir de meilleures performances si elles occupent des positions centrales dans leur réseau ; elles accèdent ainsi à la nouvelle connaissance développée par d’autres organisations, mais dépendent pour l’essentiel de la capacité d’absorption des unités et de son aptitude à répliquer avec succès la nouvelle connaissance.
Au-delà des liens avec la R&D mis en évidence, la littérature sur les capacités d’absorption englobe de nouvelles conceptualisations, intégrant les aptitudes du personnel et leur motivation (Minbaeva, et Michailova ; 2004), les connaissances préalables (Lane, Salk, et Lyles, 2001), la pertinence de la connaissance, la ressemblance des structures organisationnelles, et les communautés de recherche partagée (Lane et Lubatkin, 1998).
En revanche, peu d’études montre l’impact des capacités d’absorption dans un contexte d’expansion internationale, et explique comment les firmes acquièrent, utilisent et accumulent de la connaissance lors d’opérations internationales (Rhee, 2005).
Un apprentissage de type exploratoire est fondamental dans la capacité d’une organisation à créer de la variété et à s’adapter (McGrath, 2001). Quand l’adaptation nécessite l’innovation et la création de variété, alors l’exploration s’avère capitale (March, 1991). Van Den Bosch et al. (1999) identifient trois dimensions de l’absorption de connaissance : son efficacité, son étendue, et sa flexibilité (p. 552) ; l’efficacité de l’absorption de connaissance fait référence à la capacité des organisations à identifier, assimiler et exploiter la connaissance à partir d’une perspective de type coûts et économies d’échelle ; l’étendue de l’absorption de connaissance fait référence à l’amplitude de la composante connaissance que l’organisation exploite ; enfin la flexibilité de l’absorption de connaissance fait référence à la capacité de l’organisation à accéder à de la connaissance additionnelle et à reconfigurer l’existant.
Van Den Bosch et al. (1999, p. 552) estiment que les dimensions flexibilité et étendue de l’absorption de connaissance sont fortement associées aux adaptations de type exploration (March, 1991) de la configuration des connaissances de l’entreprise, alors que la dimension efficacité est liée à l’adaptation de type exploitation.
IV : Citons les causes principales des délais de décaissement de l’aide et les obstacles à l’accélération des déboursements
IV.1 Les contraintes physiques à l’absorption de l’aide
En premier lieu il existe à court terme des contraintes physiques à l’accroissement des dépenses dans les secteurs prioritaires. C’est en particulier le cas si on veut accroitre les services sociaux de base. Par exemple, il ne suffit pas de construire des écoles et des dispensaires ; encore faut-il disposer d’instituteurs et d’infirmiers ou de médecins dont la formation ne saurait être immédiate. En fait cette contrainte signifie qu’il faut consacrer une partie de l’aide supplémentaire à la formation des maitres et des agents de santé.
Ici la contrainte ne réside pas tant dans le volume des dépenses que dans la séquence des différentes catégories de dépenses. Un autre exemple est la nécessité́ de construire des routes pour désenclaver les villages périphériques avant de les doter des services de base. Le choix de la séquence des dépenses est fondamental pour que le développement des services de bases ne se traduise pas par une baisse de leur qualité́ qui les rendrait inopérants. Les responsables des projets sur le terrain pourront nous dire s’il existe des progrès à faire dans l’instruction des projets et plus encore dans la définition des stratégies sectorielles…
IV.2 Les contraintes administratives à l’absorption de l’aide
A ces contraintes physiques s’ajoutent des contraintes administratives qu’il devrait être plus aisé de lever. Il est certes normal que l’aide projet soit déboursée relativement lentement, au rythme de la réalisation des projets, Mais l’expérience montre que la durée de réalisation des projets est souvent bien supérieure à celle qui avait été prévue au moment de l’étude du projet. Nous avons à nous demander si, sans nuire à la qualité́ des projets, une accélération de leur réalisation, est possible. Plus contestables sont les délais de déboursements des aides budgétaires (globales ou sectorielles) dont la finalité́ est précisément d’être à déboursement rapide.
Dans les causes de l’accumulation des engagements non déboursés, il est difficile de départager la responsabilité́ des pays receveurs et celle des donneurs. Ceux-ci ont mis en place des procédures de gestion de leur aide qui sont complexes, propres à chacun d’entre eux, et s’harmonisent mal avec les faibles capacités d’administration des pays partenaires.
L’acuité́ de ce problème a été reconnue par les bailleurs extérieurs qui, au Forum de Paris en 2005, se sont engagés à harmoniser leurs procédures et à les aligner sur les systèmes et procédures des pays aidés. Mais a-t-on vraiment progressé ? Il semble que les donneurs n’utilisent les systèmes nationaux de gestion des finances publiques que dans 45 % des cas et les systèmes nationaux de passation des marchés que dans 43% des cas, pour un objectif commun de 80% et la progression depuis 2005 est faible.
Les procédures spécifiques à chaque donneur représentent un énorme coût de gestion pour les pays receveurs, alors même que leur capacité́ de gestion sont restreintes. Certains Etats reçoivent en moyenne plusieurs missions d’experts par jour ! Le suivi de la Déclaration de Paris note de façon inquiétante que les missions conjointes des donneurs ne s’élèvent en moyenne qu’à 20%. Pouvons-nous faire des suggestions concrètes dans ce domaine ?
IV.3 La pratique de la conditionnalité́
D’autre part le versement des aides budgétaires est généralement soumis à l’adoption par le pays partenaire de diverses mesures de politique économique dont la non réalisation empêche ou ralentit souvent le décaissement. Cette pratique de la conditionnalité́ a conduit de nombreux gouvernements de pays en développement à ne plus se sentir responsables de leur politique économique et souvent « à faire semblant » d’être d’accord sur la politique négociée pour obtenir l’aide, mais sans avoir vraiment l’intention de mettre en œuvre la politique convenue. Par un enchaînement malheureux, les donneurs étaient devenus de plus en plus tatillons, avec des exigences parfois contradictoires, et les gouvernements de moins en moins responsables.
L’appropriation des politiques est donc un objectif majeur, et d’autant plus justifié que les pays deviennent plus démocratiques. C’est pourquoi depuis une dizaine d’années de nombreuses voix se sont élevées pour préconiser que les gouvernements des pays en développement se « réapproprient « leur politique. L’appropriation des politiques par les pays partenaires et l’alignement des donneurs sur les stratégies nationales qui en est le corollaire sont certes des engagements de la Déclaration de Paris, réaffirmés par l’Agenda d’action d’Accra, mais les moyens pour les atteindre, notamment par la reforme de la conditionnalité́, restent flous et peu contraignants.
Comment devrait-on réformer la conditionnalité́ pour la rendre plus efficace, c’est-à-dire accélérer les déboursements tout en augmentant l’efficacité́ de la dépense grâce à une appropriation nationale de la politique économique ? Idéalement cette nouvelle pratique reviendrait à ce que le gouvernement du pays aidé négocie avec le donneur les résultats qu’il compte atteindre (par exemple en matière d’éducation ou de réduction de la mortalité́) en restant complètement libre du choix de sa politique.
S’il atteint les résultats, il pourra bénéficier d’une poursuite de l’aide budgétaire, voire de son augmentation. Cette nouvelle conditionnalité́, en même temps qu’elle favoriserait l’appropriation par les pays receveurs, faciliterait la coordination des bailleurs de fonds et une modulation des apports en fonction du degré́ d’atteinte des résultats, évitant une rupture brutale des financements.
Mais elle implique un changement radical du métier de donneur, difficile à réaliser: perdre l’habitude de décider à la place de l’autre de ce qui est le meilleur, être moins impatient dans la mesure des résultats, comprendre l’ensemble des facteurs qui les expliquent et notamment les contraintes externes et les chocs qui ont pu les affecter (Adam et al. 2004, Guillaumont et Guillaumont Jeanneney2004).
Elle implique aussi un changement de mentalité́ chez les receveurs d’aide, que les responsables nationaux acceptent d’endosser les éventuels échecs sans en reporter la responsabilité́ sur les partenaires extérieurs et mettent en place un véritable suivi des résultats en matière de développement.
V. Quels sont les risques d’une accélération des déboursements ?
Deux grandes catégorie de risques à une accélération des versements d’aide sont mis en avant, plus particulièrement par les donneurs: un risque de gaspillage de l’aide, liée à un affaiblissement des institutions dans les pays aidés, et un risque de déséquilibre macroéconomique. .
V.1 Risque de gaspillage de l’aide et d’affaiblissement des institutions
Le risque de gaspillage de l’aide est évidemment le premier risque évoqué par les bailleurs de fonds. Cela implique que l’accélération soit effectivement accompagnée par un progrès des capacités de gestion des administrations locales, se traduisant par une amélioration des maitrises d’ouvrage et du circuit de la dépense publique, et par une réforme des pratiques des donneurs, notamment de la conditionnalité́ de leur aide, induisant une meilleure appropriation nationale et une plus grande efficacité́ des politiques publiques.
Cependant certains économistes ont exprimé la crainte qu’un accroissement massif des versements d’aide n’affaiblisse les institutions du pays receveur, devenu excessivement dépendant de l’aide, alors même que la qualité́ des institutions est de plus en plus considérée comme la condition d’une bonne politique économique et comme un facteur déterminant de la croissance économique (Acemoglu et al.. 2003).
Une hypothèse souvent avancée est qu’une aide plus généreusement accordée conduise indûment les gouvernements à réduire l’effort fiscal. Il est aussi suggéré́ que les contribuables seraient alors moins incités à contrôler l’action de leur gouvernement et à exiger une certaine transparence des dépenses publiques (Bevan 2005).
Ce risque ne serait pas absent si l’accélération des versements était obtenue, comme nous venons de l’envisager, par une diminution des contrôlés exercées par les donneurs sur l’affectation des ressources et les mesures de politiques économiques mises en œuvre par les receveurs. C’est pourquoi il serait très important que la nouvelle conditionnalité́ fondée sur les résultats soit effectivement appliquée par l’ensemble des donneurs, c’est-à-dire que l’aide soit collectivement réduite par ceux-ci si les résultats n’étaient pas atteints sans qu’un grave événement exogène ait pu l’expliquer, afin d’assurer la crédibilité́ de la nouvelle conditionnalité́..
V.2 Le risque de déséquilibre macroéconomique ou syndrome hollandais dépend de l’affectation de l’aide
Si les engagements d’aide continuent à progresser et si le ratio des versements aux engagements s’élève sensiblement, la part de l’aide dans le revenu national des Etats receveurs et dans leur budget va augmenter sensiblement dans les années à venir, alors même que dans certains pays, en particulier les « Pays moins avancés » (PMA), ces parts sont déjà̀ relativement élevées. En 2006 les versements d’aide au développement ont constitué pour les Etats d’Afrique au Sud du Sahara en moyenne 6% de leur revenu national brut, cette proportion a été supérieure à 20% dans huit pays sur cinquante, atteignant même 54% au Liberia et 52% au Burundi.
Une augmentation rapide de l’aide au développement pose un problème de gestion macroéconomique dans les pays aidés. On sait en effet qu’un brusque afflux de ressources extérieures, dû par exemple à une forte amélioration des termes de l’échange, à une découverte de ressources naturelles ou encore à des investissements directs étrangers, peut être à l’origine d’un « syndrome hollandais ».
L’analyse a été dès les années quatre-vingt transposée à un accroissement de l’aide publique au développement (Van Wijnbergen 1985). Le raisonnement est simple : l’afflux de ressources extérieures qui résulte de l’accroissement de l’aide, s’il n’est pas complètement absorbé par des importations supplémentaires, entraîne une augmentation de la demande de biens non échangeables internationalement ; s’il n’existe pas de capacité́ de production inemployée dans ce secteur, cette augmentation de la demande entraîne une hausse du prix relatif de ces biens, autrement dit une appréciation du taux de change réel (ou appréciation réelle de la monnaie nationale) et une perte de compétitivité. Cette appréciation réelle se manifeste notamment par la hausse de la rémunération réelle du travail qualifié car ce dernier est un facteur de production rare dans les pays en développement ; elle risque donc d’affecter particulièrement le secteur industriel ou de services utilisant une technologie moderne et demandeur de travail qualifié (Rajan et Subramanian 2005). .
La probabilité́ d’une augmentation de la demande de biens non échangeables internationalement est d’autant plus grande que l’aide, comme la découverte de ressources naturelles, augmente directement les ressources de l’Etat, alors qu’une hausse du prix des exportations ou une augmentation des investissements directs étrangers alimente plus largement le secteur privé. En effet le contenu de la dépense publique en biens non échangeables et en rémunération de travail qualifié (à travers les salaires de la fonction publique) est plus élevé que celui de la dépense privée.
C’est pourquoi le risque de « syndrome hollandais » dû à une forte augmentation de l’aide est un sujet de préoccupation pour les décideurs politiques (Buffie et alii 2004, Adam 2005, Gupta et al.2005, IMF 2005), d’autant plus que les politiques monétaire et budgétaire sont relativement désarmées face aux conséquences macroéconomique d’un afflux d’aide.
Cependant les études appliquées consacrées à ce phénomène ne sont pas parvenues à établir l’existence d’un lien permanent entre flux d’aide, appréciation réelle de la monnaie et perte de parts de marché. De plus et surtout, de l’affectation sectorielle de l’aide dépend l’acuité́ du problème.
En effet le supplément d’aide peut permettre d’accroitre les capacités de production du secteur des biens non échangeables, contribuer à la formation professionnelle pour élever le nombre de travailleurs qualifiés, ce qui est un frein à la hausse des prix et du coût du travail; elle peut aussi contribuer à augmenter la productivité du secteur des biens d’exportation ou de substitution à l’importation, ce qui peut compenser l’effet de l’appréciation réelle sur la compétitivité́ de l’économie.
C’est pourquoi il convient que l’aide au développement ne soit pas affectée seulement aux secteurs sociaux (l’investissement dans l’éducation et la santé des enfants n’a sur la productivité du travail qu’un effet à long terme), mais aussi aux secteurs productifs (entreprises agricoles et industrielles, infrastructures de communication, formation des travailleurs, diffusion de nouvelles technologies).
Ainsi serait- il dangereux d’exclure tout prêt aux pays pauvres en finançant par dons uniquement des projets à finalité́ sociale et à rentabilité́ lointaine (dans l’esprit des Objectifs du Millénaire pour le développement 2 à 5) ou de trop accroitre la part de l’aide budgétaire par rapport à l’aide projet dans le seul but d’accélérer les déboursements, si ce transfert se traduisait par une diminution de l’aide destinée à des projets directement productifs.
Un autre risque macroéconomique réside dans une accélération des déboursements qui ne serait que transitoire, notamment parce qu’elle s’accompagnerait, contrairement à notre hypothèse de départ, d’une moindre qualité́ des projets et de la dépense publique, ce qui conduirait les donneurs à réagir en renforçant leurs contrôlés et les conditions de leurs déboursements. L’instabilité́ de l’aide s’accompagnerait alors d’une instabilité́ du taux de change réel.
Lorsque celle-ci n’est pas anticipée par les agents économiques, elle se traduit par des réallocations de ressources entre secteurs, coûteuses et injustifiées à long terme ; même anticipée, elle peut conduire à des cessations d’activité en présence d’une imperfection du marché du crédit, difficilement réversibles. Les conséquences défavorables de l’instabilité́ du taux de change réel sur le développement du commerce extérieur et de manière plus générale sur la croissance sont maintenant bien établies (Guillaumont et alii 1999, Bleaney et Greenaway 2001).
En somme, là encore des modalités de l’aide et de la qualité́ de la coopération entre donneurs et receveurs dépend l’ampleur du risque de déséquilibre macroéconomique lié à l’accélération des versements de l’aide.
CONCLUSION
Suite à tous ces développements, comment les pays peuvent arriver à augmenter leurs capacités /taux d’absorption de leurs économies ?
En réponse, nous privilégions le recours à l’intelligence économique au niveau des pays africains.
Si l’intelligence économique consiste en la collecte et l’interprétation de l’information économique en vue d’une action économique, immédiate ou ultérieure, individuelle ou collective, sa mise en œuvre revient à connaitre (objectifs opérationnels) pour agir (objectifs stratégiques) grâce à des moyens (organisationnels et techniques) (Levet et Paturel, 1996 ; Larivet, 2004 ; Salvetat, 2007 ; de La Robertie & Lebrument, 2009). Cette exploitation de l’information en vue d’actions stratégiques se fonde sur le cycle de l’information (Bulinge, 2002 ; Larivet, 2009) dont le but est de constituer un processus constant et itératif permettant à l’organisation de s’informer de façon pertinente et efficace sur son environnement.
Cependant, même si la conception et la mise en œuvre du cycle de l’information s’avèrent indispensables, elles ne sauraient suffire à définir la quiddité́ fonctionnelle d’une démarche d’intelligence économique. En effet, en se fondant sur les modalités opératoires du cycle de l’information, quatre autres fonctions (Levet et Paturel, 1996 ; Salvetat, 2008 ; Larivet, 2009) sont nécessaires pour maitriser l’approche globale de compréhension et d’appréhension de l’information visée par l’intelligence économique :
Maîtriser le patrimoine de connaissances de l’organisation en s’attachant à l’identification, à la sécurisation et à la protection des savoirs et savoir-faire, tout en prenant soin de périodiquement procéder à leur enrichissement. Cette fonction vise à permettre à l’organisation de valoriser ses savoirs et savoir-faire par la conception d’un avantage concurrentiel spécifique.
Identifier les menaces et les opportunités de l’environnement de l’organisation. Cette fonction s’appuie sur une analyse stratégique préalable et ne peut être efficace que si les menaces potentielles qui pèsent sur le patrimoine immatériel de l’entreprise ont été préalablement identifiées en adéquation avec les axes stratégiques de l’entreprise.
Coordonner les stratégies déployées par les différents acteurs d’un secteur d’activité : la mise en œuvre efficace d’une stratégie résulte d’un travail d’optimisation des interrelations et des interactions entre les protagonistes d’un secteur donné, bien souvent par la mise en place d’organisations en réseaux.
Agir sur l’environnement par des pratiques d’influence et de contre influence : cette fonction a pour objectif de mener, en toute légalité́, des actions travaillant à modifier l’environnement dans le sens des intérêts d’une organisation. Par le biais de cette fonction, l’intelligence économique est un instrument proactif ou réactif au service de la stratégie d’une organisation.
Afin de répondre à ces quatre fonctions, quatre types de pratiques sont mises en œuvre par les PME (Ermine, 1999 ; Bournois, 2000 ; Oubrich, 2007 ; Salvetat, 2008 ; Levet et al. 2008 ; Larivet, 2009) :
Un premier type qui vise à informer les décideurs par le biais d’une surveillance méthodique de l’environnement; dans les entreprises, cela se traduit concrètement par la mise en place de processus de veilles thématiques basés sur un plan de renseignement.
Un deuxième type qui consiste à protéger et à sécuriser le patrimoine immatériel de l’organisation; ce qui se concrétise dans les organisations par la mise en œuvre, par exemple, de procédures de sécurisation.
Un troisième type dont la fin est de gérer activement l’information par le biais d’actions d’influence et de contre-influence, par exemple, au travers d’actions de communication sur les forums de discussion, ou bien encore d’actions de lobbying auprès de certaines institutions ou de certains institutionnels.
Un quatrième type constitué des moyens – outils et méthodes – permettant à l’entreprise de capitaliser sur les savoirs et savoir-faire internes et externes à l’organisation.
Inscrites dans des processus complexes d’exploration et d’exploitation des informations et des connaissances de l’organisation, les pratiques d’intelligence économique reposent sur des routines individuelles et collectives d’apprentissages s’appuyant principalement sur l’information et les connaissances partagées et diffusées au sein des équipes projet.
Ces mêmes routines permettent aux PME de développer des capacités dynamiques au sens où Teece les définit, c’est-à-dire comme cette « capacité́ de la firme à intégrer, construire et reconfigurer des compétences internes et externes pour faire face à des environnements changeant rapidement ». Notion s’inscrivant comme un type particulier de capacités organisationnelles dans le cadre conceptuel de l’approche basée sur les ressources (Rumelt, 1984, 1991 ; Wernerfelt, 1984, 1995 ; Barney, 1986, 2001), les capacités dynamiques visent à expliciter comment l’agilité́ organisationnelle et stratégique d’une entreprise repose sur son aptitude à anticiper et à identifier certaines opportunités tout en procédant à l’évolution de son organisation, de ses compétences et de ses ressources (Teece et al., 1997 ; Teece et al., 2002).
Plus précisément, les capacités dynamiques consistent en ce processus – mais sont aussi le produit de ce processus – au travers duquel une organisation témoigne de son habilité à transformer, de manière renouvelée, ses activités en modifiant certaines de ses capacités organisationnelles ou en faisant apparaître de nouvelles dans le but de soutenir, constamment, son adaptation aux conditions et caractéristiques des marchés auxquels elle s’adresse.
L’importance du management stratégique des dirigeants vis-à-vis des capacités dynamiques réside alors dans le fait de promouvoir la dynamique d’adaptation, de reconfiguration et de renouvellement des ressources, des compétences et des capacités organisationnelles de son entreprise en vue d’amener celle-ci à, littéralement, se transcender, c’est-à-dire à dépasser les capacités de ses ressources et de ses compétences, du moins à les ajuster, face aux changements de son environnement (Prahalad et Hamel, 1990 ; Teece et al., 1997 ; Zollo et Winter, 2002 ; Winter, 2003).
En ce sens, l’avantage concurrentiel d’une PME repose fondamentalement sur l’agilité́ organisationnelle dont elle est capable de faire montre vis-à- vis de la concurrence ; bien plus, le rôle des capacités dynamiques possède une importance telle que, sans un effort constant de transformation de leurs ressources, compétences et capacités organisationnelles pour adapter l’avantage concurrentiel de leur entreprise aux conditions instables de l’environnement, bon nombre d’entreprises verraient leurs performances économiques et financières décroitre, voire mettraient en péril la pérennité́ de leur activité (Lebrument, 2008).
Dans un tel contexte organisationnel, les pratiques d’intelligence économique contribuent à l’adaptation des ressources, compétences et capacités organisationnelles de l’entreprise pour autant qu’elles constituent, parce qu’elles sont au cœur des interactions informationnelles entre celle-ci et son environnement, des processus permettant à l’organisation et à ses membres d’infléchir, d’enrichir, de développer ou d’abandonner les routines individuelles et collectives sur lesquelles repose l’avantage concurrentiel de leur entreprise. En ce sens, les pratiques d’intelligence économique participent des capacités dynamiques des entreprises dans lesquelles elles sont mises en œuvre.
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Nasser KEITA, PhD
Directeur du Laboratoire de Recherche Économique et Conseils (LAB-REC)
www.lab-rec.org