Censure

Canal Olympia à Conakry : Le gros mensonge de Vivendi

Ce 10 janvier 2017, le groupe Vivendi de l’homme d’affaires Vincent Bolloré a invité le président Alpha Condé à inaugurer le Canal Olympia de Kaloum à Conakry. Une salle moderne de 300 places dédiée au cinéma, aux spectacles entre autres.  Le Canal Olympia de Kaloum, selon Corinne Bach, Présidente de Canal Olympia et Vice-présidente de Vivendi Village, le Canal Olympia, ‘‘marque le coup d’envoi du déploiement du réseau Canal Olympia sur toute l’Afrique. Douala sortira le 17 janvier, Niamey le 1er février, Ouagadougou le 24 février’’ ! Et c’est là où se trouve le gros mensonge de la représentante de Vivendi qui, apparemment a oublié que son patron, Vincent Bolloré, a inauguré en juin dernier, le 1er Canal Olympia en Afrique, à Yaoundé.

A l’époque,  Corinne Bach, dans une interview avec Ecofin que nous reprenons-ci dessous, disait : ‘‘Nous souhaitons déployer plusieurs dizaines de salles dans les pays de l’Afrique subsaharienne. Le Cameroun est notre premier pays. Nous avançons aussi sur la Guinée, le Bénin, le Togo, le Sénégal et bien d’autres pays.’’

Alors question : pourquoi faire croire à Alpha Condé que son pays est le chouchou du groupe Bolloré qui commencerait toutes ses innovations en Afrique par la Guinée ? Parce qu’il s’agit bien de vendre cette idée qui pourrait bien faire dire au président guinéen que ses relations sont particulières avec Vincent Bolloré qui dispose d’une grande concession au port de Conakry. Une autre question en lien avec la première : partout où Vivendi ouvrira Canal Olympia, va-t-on encore clamer haut et fort que c’est le premier du genre, pour s’accorder les faveurs du pouvoir ? Et puis, il faut cesser de nous prendre pour des demeurés qui ne savent même pas ce qui se passe tout près d’eux…

L'inauguration de Canal Olympia de Yaoundé
L’inauguration de Canal Olympia de Yaoundé

Agence Ecofin : C’est quoi le concept de salle de cinéma-spectacles « Canal Olympia ?

Corinne Bach : Canal Olympia est une salle de cinéma et de spectacles. C’est une salle polyvalente qui va accueillir à la fois la projection cinématographique mais aussi permettre de produire des artistes, des spectacles, de par sa scène intérieure et sa scène extérieure. Le concepteur est très novateur, puisqu’il allie à la fois une salle de cinéma et une scène extérieure pour faire des concerts avec plusieurs milliers de personnes. La première salle est ouverte au Cameroun. Elle offre une salle de 300 places.

AE : Lorsqu’on parle de « Canal Olympia », quel est le lien entre ce nouveau projet et les autres entités du groupe Vivendi, notamment Canal+ ?

C.B : Canal Olympia associe effectivement 2 marques très fortes du groupe Vivendi. Il y a le groupe Canal+ qui est présent en Afrique depuis plus de 20 ans et qui, aujourd’hui, a plus de 2 millions d’abonnés à son service de télévision. Sa notoriété est très forte dans la télévision et le cinéma en Afrique. Il y a l’Olympia, la mythique salle de spectacles appartenant aussi à Vivendi. Celle-ci est davantage tournée vers la musique. En associant ces 2 marques, on a voulu créer une salle qui va combiner en fait le cinéma et la musique. Nous avons commencé par le Cameroun.

AE : Après le Cameroun, le projet va s’étendre en Afrique, au Sud du Sahara. Combien de salles seront construites ?

C.B : Nous souhaitons déployer plusieurs dizaines de salles dans les pays de l’Afrique subsaharienne. Le Cameroun est notre premier pays. Nous avançons aussi sur la Guinée, le Benin, le Togo, le Sénégal et bien d’autres pays.

AE : En construisant la première salle au Cameroun, quelle place accordez-vous au pays dans le cadre de ce projet ?

C.B : Le Cameroun est unique. C’est déjà le premier territoire du projet. Avant de lancer l’ensemble des salles sur le continent, nous avons souhaité en faire une qui soit notre salle concept. Le Cameroun, par sa créativité, sa richesse culturelle et l’implantation de Canal+, est un territoire idéal pour construire notre première salle. Nous avons terminé une salle. Pour nous c’est le premier bijou. Il y a en aura bien d’autres dans ce pays. Nous allons le répliquer partout, notamment à Douala. On avance. Il faut qu’on trouve des sites d’implantation. Les villes sont assez denses et ce n’est pas toujours facile de trouver des espaces suffisamment importants. Pour que les gens puissent y venir, il faut que la salle soit proche d’eux. L’enjeu est de trouver des sites suffisamment grands pour accueillir la salle, et qui soient accessibles. On va regarder à Douala et Yaoundé. Ça viendra au fur et à mesure de la disponibilité des emplacements.

AE : Combien a coûté cette première salle « Canal Olympia » ?

C.B : Je ne peux pas m’exprimer là-dessus.

AE : Le groupe Vivendi a-t-il identifié un marché culturel suffisamment important en Afrique pour porter ce projet de salles de cinéma-spectacles ?

C.B : La genèse de ce projet vient de 2 constats faits par Vivendi. D’une part, l’Afrique est une opportunité à saisir de manière générale. La richesse culturelle est grande : on a des artistes, on a beaucoup de créativité. La culture, le divertissement et le loisir sont très importants pour le public. D’autre part, le groupe Vivendi, avec ses actifs dans la télévision, le cinéma, la musique, a tous les atouts pour faire des choses incroyables. Donc, voilà aussi pourquoi nous avons décidé d’investir de manière massive en Afrique sur ces salles de cinéma et de spectacles.

AE : Comment vont fonctionner ces salles ?

C.B : La première salle est déjà totalement fonctionnelle, tant dans sa partie cinéma que dans sa partie extérieure. Nous allons l’ouvrir prochainement et nous sommes en discussion très avancée avec le recteur de l’université de Yaoundé I pour définir le mode d’exploitation et la programmation cinéma.

AE : Quelle place sera accordée à la diffusion des contenus africains à travers ces salles de cinéma et spectacles ?

C.B : Oui. C’est prévu. Il y aura, à la fois, des équipes qui viendront du groupe Vivendi : musiciens, artistes, cinéastes. Mais on veut aussi travailler avec le système des producteurs locaux, d’artistes de cinéma. Nous avons déjà des liens avec le festival Ecrans Noirs. On n’a pas encore arrêté que la programmation de ce festival sera diffusée dans la salle Canal Olympia. Toujours est-il que nous allons travailler avec la richesse culturelle locale.

AE : Dans cette salle pilote du Cameroun, qu’est qu’il y aura, hormis la projection des films ?

C.B : Il y aura des concerts de musique. On imagine l’enregistrement des émissions télé, faire des concours de talents, faire des shows humoristiques, des stand-up, des projections diverses et variées, des projections de films de catalogues, des avant-premières. Après, cette salle est tellement polyvalente qu’on pourra y tenir des conférences. Il y a des idées avec l’université de Yaoundé I. C’est une salle très moderne et innovante. A l’intérieur, le matériel est numérique. Cette salle est totalement écologique car elle est alimentée en énergie solaire. C’est une première mondiale. Nous sommes en train de monter un réseau mondial de salles de cinéma et de spectacles entièrement vertes.

AE : Pour Vincent Bolloré et le groupe Vivendi, l’investissement dans la culture en Afrique constitue-t-il du business ou de la communication sur l’image ?

C.B : Il y a un business dans la culture, le cinéma et le spectacle en Afrique. Le groupe Vivendi investit énormément dans ce domaine-là. On a lancé la chaîne Tv A+ qui est produite par l’Afrique et pour les Africains. Nous sommes également en train de nous déployer dans la musique en installant des bureaux d’Universal Music, notamment en Côte d’Ivoire. Il y a aussi Dailymotion qui est la plateforme vidéo. Tout ça n’est pas fait par hasard. C’est parce qu’on croit vraiment qu’il y a un business dans la culture, le cinéma et le spectacle en Afrique.

AE : Vous croyez-vous capables de créer des habitudes chez les consommateurs ?

C.B : Ah ! Ce sera un défi. Mais nous sommes prêts à le relever. Nous allons essayer d’être au niveau, pour que les gens viennent dans ces salles et prennent du plaisir en famille, avec leurs amis ; et surtout viennent régulièrement. Ce que nous avons à cœur de faire, c’est de trouver une programmation qui va enchanter le public. La programmation de films africains et internationaux.

AE : Tenez-vous compte du pouvoir d’achat des Africains ?

C.B : Oui. Les prix seront très abordables.

 

 

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