Dans cette entrevue que notre reporter a eue avec le Secrétaire exécutif de l’Union des forces républicaines (UFR), des sujets qui animent l’actualité guinéenne ont été abordés. Il s’agit entre autres des bisbilles entre l’opposition et la mouvance sur les accords du 12 octobre 2016; l’éventualité d’un troisième mandat pour Alpha Condé et la crise gambienne.
l’UFR n’est pas en position de faiblesse
Quelle lecture faites-vous de l’actuel paysage politique guinéen ?
Baidy Aribot : C’est une lecture un peu mitigée. Aujourd’hui, le paysage politique s’inscrit dans une situation un peu confuse, où la classe politique est confrontée à ce que j’appellerais une crise de conscience. Il n’y a pas une synergie entre le souhait réel des populations et le combat que la classe politique mène.
Ces contradictions de la classe politique l’ont amenée à la signature des accords politiques le 12 octobre dernier. La non-exécution de ces accords a amené l’opposition républicaine à proférer des menaces. Toute chose qui fait reculer le pouvoir en place. Pour certains, cela a mis l’UFR dans une position de faiblesse. Pas du tout, l’UFR n’est pas en position de faiblesse.
En fait l’opposition républicaine ne fait que menacer le pouvoir en place. Et ce pouvoir ne voulant pas certes aller à l’affrontement avec l’UFDG parce qu’il faut le dire ainsi, il n’y a pas d’opposition républicaine, l’opposition républicaine se résume à l’UFDG. Comme l’UFDG a honte de porter le nom de l’UFDG pour manifester, il aime se mettre derrière l’idée de l’opposition républicaine.
Papa Koly, Aboubacar Sylla ne sont pas de l’UFDG ?
Je dis que l’opposition se résume à cela. Quand je dis cela, c’est par rapport à ce que chacun représente comme poids politique dans le paysage actuel. Je dis et je répète c’est l’UFDG. Au fait, le combat de l’UFDG comme ça a été toujours le cas au sein de cette alliance, c’est de réclamer les acquis ou des avantages au nom de cette entité. Mais les gens commencent à comprendre ce petit jeu. Ce que le pouvoir ne comprend pas, il s’est pris à son propre piège, par rapport à cet accord.
L’UFDG voudrait mettre l’ancrage de son parti dans certaines zones où elle n’a pas la main mise, c’est tout
Vous parlez de quel piège ?
Voilà, c’est au niveau du point 2. Le point 2, aujourd’hui est anticonstitutionnel. Ce point 2 étant anticonstitutionnel, fait qu’aujourd’hui la classe politique est partagée. L’UFDG voulant réaliser ses objectifs, elle en fait un problème d’orgueil ou le point non négociable. L’UFDG voudrait mettre l’ancrage de son parti dans certaines zones où elle n’a pas la main mise, c’est tout. Et le pouvoir est rentré dans ce jeu sans se rendre compte.
« C’est le peuple qui va lui : (Alpha Condé : ndlr) demander son 3ème mandat », a laissé entendre la coordinatrice du RPG, Nantoun Chérif Konaté, au siège du RPG arc-en-ciel. En tant qu’allié du parti au pouvoir qu’en dites-vous ?
Non, ne faisons pas cela à un débat. C’est la deuxième déclaration publique d’un responsable du bureau politique national du RPG arc-en-ciel. Nantou a mis ses pas sur les traces du directeur général de la police nationale. Oui, mais ça, ce sont des débats sensationnels. L’UFR n’en fait pas un débat parce que c’est de donner trop de crédit à cette situation que tout le monde connait.
Pourtant ces sorties suscitent de plus en plus d’interrogations au sein de l’opinion publique?
Oui, ce sont des velléités mais qui restent simplement des déclarations simples. Les débats de l’UFR, ce sont des débats objectifs et clairs. Je pense que le débat de mandat ou de non mandat se résume au niveau de la constitution. Donc tant que la constitution reste ce qu’elle est, on n’a pas besoin de rentrer dans ces débats pour pouvoir répondre à chaque déclaration d’un politique sur le troisième mandat. Chacun est libre de dire ce qu’il souhaite ou ce qu’il veut mais par contre la réalité c’est autre chose.
Dans la foulée, certains déplorent le silence du président de la République. Pourtant l’on dit souvent ‘’qui ne dit rien consent’’?
Pourquoi vous voulez que le président de la République dise quelque chose. Un haut cadre de l’administration qui est censé être neutre dans le jeu politique, a déclaré publiquement sur cette affaire de 3ème mandat. Pour certains, le président de la République devait rappeler à l’ordre ou le révoquer sur-le-champ. Mais le président de la République n’a pas à dire quelque chose. Ce n’est pas lui qui a dit au directeur de le dire.
Vous voulez le faire tomber dans ce débat de caniveau, non. Alpha a d’autres préoccupations
Pourtant, il est le garant de la loi fondamentale ?
Vous voulez le faire tomber dans ce débat de caniveau, non. Alpha a d’autres préoccupations : que sont les préoccupations majeures du développement économique, d’emplois, d’infrastructures.
Certains observateurs estiment que vous avez des ambitions de briguer la présidence de l’UFR. Quel est votre avis ?
Qui vous a dit que j’ai l’ambition de briguer la présidence de l’UFR?
Les gens le disent ?
L’UFR a un président qui s’appelle Sidya Touré, qui est là, je ne vois pas pourquoi les gens font des spéculations inutiles. Il faut leur dire de recadrer le débat ailleurs. L’UFR est aujourd’hui dans une situation de….
Vous voulez dire de recomposition?
Non pas de recomposition mais de développement. On enregistre de fortes adhésions au sein du parti. Nos structures aussi se consolident à travers le pays. Franchement, nous prenons le rôle de leader politique en tant que parti dans le pays, parce que nos positions sont républicaines.
Nous défendons les valeurs de la République et la démocratie. Et nous nous battons aujourd’hui pour que l’opposition puisse sortir de son radicalisme pour être dans une situation de vision constructive.
Pour finir quelle lecture faites-vous de la médiation du Chef de l’Etat guinéen en République de Gambie ?
Il faut dire que le président de la République a réussi une prouesse. Vous le savez tout comme moi, que la situation de la Gambie était critique. Le président guinéen a réussi a débloqué la crise pendant que l’opération militaire était en cours. Mais le président de la République est parvenu à débloquer cela et permettre à Yaya Jammeh de quitter sans bain de sang, il faut saluer cela.
Certains disent qu’il y avait la pression de la CEDEAO, je dis que tout ça là c’est bien. Mais le fait que le président de la République se soit impliqué personnellement et éviter l’action militaire, il faut encore une fois saluer cela. L’autre côté que les guinéens ne doivent pas perdre de vue dans cette crise, c’est l’intérêt même de la sous-région ouest africaine, notamment la Guinée qui était en jeu en Gambie. Il y a plus de 5 000 Guinéens dans ce pays. L’essentiel presque des transactions commerciales de la sous-région, c’est au niveau du port de Banjul. Beaucoup de nos commerçants ont des intérêts en Gambie.
Pourtant, ce sont les ressortissants vivant là-bas qui alimentent les caisses de l’UFDG
Une raison de plus pour Alpha Condé de s’impliquer davantage?
Oui, une raison de plus que le président s’implique afin qu’il n’y ait pas d’hostilités. Je déplore que certains membres de l’UFDG ne reconnaissent pas cet effort diplomatique. Pourtant, ce sont les ressortissants vivant là-bas qui alimentent les caisses de l’UFDG. Ce sont eux qui cotisent pour l’UFDG après l’Angola. Je pense que cela devrait interpeller l’UFDG de féliciter Alpha Condé. Mais l’on a constaté que c’est le contraire qui s’est produit. Je pense que cela devrait amener les militants de ce parti à réfléchir pourquoi ils soutiennent l’UFDG, c’est ça la vérité.
Entretien réalisé par Richard TAMONE & Léon Kolié