Le Sommet mondial de la gouvernance, rendez-vous annuel de décideurs organisé à Dubaï, a décerné dimanche le titre de « meilleur ministre » à la Sénégalaise Awa Marie Coll Seck pour son rôle dans la lutte contre l’épidémie d’Ebola. Mme Seck, ministre de la Santé, a reçu sa récompense des mains de cheikh Mohammad ben Rached Al-Maktoum, vice-président, Premier ministre des Emirats arabes unis et souverain de Dubaï. La ministre de la Santé du Sénégal a été saluée pour « son rôle dans la lutte contre Ebola, à travers des programmes de prévention et d’information ».
En Guinée où l’épidémie a fait plus de 2500 morts avant d’être vaincue avec beaucoup d’applications, il faut le reconnaitre, des autorités, cette distinction de Awa Marie Coll Seck pourrait faire grincer les dents. Vu de la Guinée, le principal mérite de la ministre sénégalaise n’a été que d’ouvrir un corridor humanitaire pour permettre aux organisations humanitaires de porter assistance aux pays de la sous-région touchés par l’épidémie d’Ebola.
Sinon que la frontière du Sénégal a été fermée. On se rappelle que de nombreuses personnes ont été refoulées aux frontières. Des personnes d’origine guinéenne, des Sierra-Léonais, des Libériens, des Américains, des Irlandais, ne sont pas passées par le Sénégal, parce qu’elles venaient des zones infestées. Le Sénégal avait initié des patrouilles composées de la gendarmerie, la police et l’armée pour veiller au respect de la fermeture de sa frontière.
Le prix à Coll Seck ne ressemble-t-il pas à une prime à l’ostracisme ? Quel mérite a-t-on de fermer les frontières de son pays à un pays d’épidémie ?
En un mot ou en mille, le Sénégal, encore moins, sa ministre de la Santé, n’a pas lutté contre Ebola-il n’a eu qu’un seul cas sur son territoire-, mais s’est plutôt emmuré gardant le danger très loin.
Le moins qu’on puisse dire est que les autorités guinéennes ont forcément manqué de diplomatie et de leadership sur ce coup, favorisant ainsi Mme Coll Seck.
Pour rappel, partie du sud de la Guinée en décembre 2013, l’épidémie d’Ebola a fait au moins 11.315 morts pour 28.637 cas recensés, selon l’OMS. Les victimes se sont concentrées à plus de 99% dans trois pays voisins : Guinée (plus de 2.500 morts), Sierra Leone (plus de 3.900 morts) et Liberia (plus de 4.800 décès), des bilans sous-évalués selon l’OMS.
L’OMS a annoncé officiellement en janvier 2016 la fin de l’épidémie en Afrique de l’Ouest.
Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com