Censure

Dadis Camara : De l’excès à la tempérance

Le capitaine Moussa Dadis Camara qui poursuit sa convalescence au Burkina Faso s’est exprimé sur l’extradition de son ex aide de camp, Aboubacar Sidiki  Diakité alias Toumba. Contrairement à ce qu’on pouvait penser, l’ancien putschiste dit ne nourrir aucune haine à l’endroit de ses anciens collaborateurs notamment Sékouba Konaté. Dans cette sortie faite chez nos confrères de radio espace fm, Dadis fait preuve d’une tempérance qui tranche avec l’excès et la fougue qu’il laissait apparaître dans son comportement, surtout dans sa communication. Lui-même dit ne plus être cet homme impétueux et impulsif, du temps du CNDD.

Lisez !  

Que répondez-vous à tous ces bruits qu’on entend ici et là à propos du mouvement qui se mettrait en place pour exiger, réclamer votre retour à Conakry ?  

Dadis Camara : Permettez-moi de dire à tous ceux qui pensent, parce que rien n’est encore consistant s’il est vrai, je pense que tout le monde doit garder la sérénité, le calme puisque nous sommes dans un Etat de droit. On ne doit pas faire usage de pression contre l’autorité.

Je commence d’abord par remercier les autorités compétentes plus singulièrement le ministre de la Justice  qui a bien voulu faire son travail. Alors si ce que vous dites est vrai, je vais dire, lorsqu’on veut faire un mouvement politique que ce soit d’ordre social, au nom de qui que ce soit,  l’intéressé a besoin d’être consulté, c’est un droit commun, c’est un droit naturel. Même un enfant que vous avez mis au monde, vous ne pouvez pas prendre une décision le concernant sans son consentement.

Cela revient à la même question. Je suis avec tous les Guinéens. Lorsque les gens veulent faire des mouvements de quelque nature que ce soit, qu’on me consulte, que je donne mon aval mais lorsque tel n’est pas le cas, je ne suis pas dans le désordre. Ma mission aujourd’hui n’est pas une mission pour inciter la population en ma qualité d’ancien chef d’Etat. Ma mission est de dire aux Guinéens d’être calmes, d’avoir la sérénité par rapport aux évènements qui se passent. Que tout le monde reste calme puisque je n’ai jamais donné d’autorisation.

Demander à quelques groupements, à quelques individus de nature que ce soient à faire tel mouvement ou telle manifestation pour exiger ma rentrée,  nous avons un Etat, on n’est pas dans la jungle. Nous avons des autorités compétentes, je voudrais que tout le monde soit calme à l’image de ma sagesse.

Est-ce que depuis la tentative d’assassinat contre votre personne, on souhaite savoir est-ce que cela vous a changé ? Est-ce que vous êtes devenu un autre capitaine Moussa Dadis Camara ?

Vous savez,  je suis Guinéen, j’étais avec vous et vous avez connu votre frère Moussa Dadis Camara dans le temps. Chaque moment de la vie d’un être humain, l’homme peut changer et ça fait partie des comportements naturels des êtres humains. J’ai appris pas mal d’expérience et par rapport d’ailleurs à l’expérience acquise au pays des hommes intègres.

Je ne suis plus ce que les gens peuvent imaginer dans les temps. Il fallait tout d’un seul coup s’agiter puis essayer de réagir,  d’être très impulsif, ce n’est plus ce Moussa Dadis Camara. Ce Moussa Dadis Camara que vous avez connu, ce n’est plus ce Moussa Dadis Camara. Mon séjour au pays des hommes intègres m’a servi de leçon, et c’est pour cette raison avec tout le respect que j’ai pour le peuple de Guinée.

En ma qualité d’ancien chef d’Etat et surtout lorsqu’il y a une accusation qui porte sur un citoyen, comme moi je suis un citoyen libre, mon devoir n’est pas d’inciter ou de mobiliser un groupe quelle que soit la nature. Mon devoir est de dire à tous mes sympathisants et à tous les Guinéens de rester calmes et d’être sereins.

Mon capitaine qu’est-ce que vous pensez de l’arrestation et de l’extradition de Toumba Diakité en Guinée? Vous avez entendu son avocat.  Toumba s’inquiète pour sa sécurité, pour sa vie. Est-ce que vous trouvez cette inquiétude de votre ex aide de camp fondée?

Merci pour la question, c’est la raison pour laquelle je vous dis qu’il faut que tout le monde reste calme. A ce sujet, j’ai un pool d’avocats et je me dis par rapport à cet événement. Premièrement, quel a été le sentiment des familles des victimes du 28 septembre, quel a été le sentiment des Guinéens, quel a été le sentiment de la communauté internationale?

Si ce sentiment a été positif, je ne peux que me réjouir de ces sentiments. Tout ce qui concerne l’affaire judiciaire, j’ai un pool d’avocats, qui va  essayer de lever vos inquiétudes et le moment venu, lorsque la justice guinéenne aura besoin de moi,  mes avocats vont vous signifier cela  et on  répondra à toutes les questions possibles dont vous avez besoin. Dans ce cas, je serai en mesure de vous répondre, Mais pour le moment,  essayer de vous dire quoi que ce soit, ce serait pour me justifier.

On veut juste savoir en tant qu’ancien patron de Toumba Diakité, il a été votre  ex aide de camp, vous avez partagé beaucoup de choses ensemble, est-ce que c’est un sentiment de joie qui vous anime ou bien vous pensez qu’il y a encore du chemin à faire dans ce dossier ?

C’est pour cette raison ma question est très simple, je vous réponds par cette question. Quelle a été le sentiment de l’OGDH, quel a été le sentiment des familles des victimes, quel a été le sentiment des Guinéens ? Les sentiments de la communauté nationale et internationale, s’ils se sont tous réjouis par rapport à cet évènement, je ne peux que dire que c’est une satisfaction pour le peuple de Guinée, pour les familles des victimes du 28 septembre et aussi pour la communauté internationale.

Au-delà du 28 septembre, Toumba Diakité, vous en êtes aussi victime parce qu’il y a eu cette tentative d’assassinat contre votre personne. Est-ce que vous êtes disposé clairement à lui accorder votre pardon ?

Merci pour la question mes chers frères. Vous savez comme je venais de vous le dire tantôt, je suis très gêné je ne peux pas moi-même me rendre justice. C’est pourquoi je vous demande et je demande à tous les Guinéens de garder le calme et la sérénité. Je fais confiance en la justice guinéenne et j’ai un pool d’avocats, donc c’est à ces avocats qu’il faut poser la question.

Alors mon capitaine est-ce que vous allez porter  plainte pour ce qui  vous est arrivé?  

Ce qui est plus important pour moi, c’est par rapport aux évènements du 28 septembre, s’il y a maintenant autre chose par rapport à votre question,  je ne saurai vous répondre,  mais ma plus grande préoccupation, c’est la volonté que le ministre de la Justice, que l’effort du gouvernement a eu à faire à ce jour. C’est ce qui est  le facteur le plus important. Il ne faut pas écarter le sujet et je refuse catégoriquement de m’écarter du dossier du 28 septembre pour me ranger sur un autre côté. Ce n’est pas parce que la question que vous posez-là  n’a pas sa place mais cette question viendra au moment où je serai en face de la justice. Et c’est à mes avocats de donner leurs points de vue.

Franchement parlant, on ne vous reconnait pas du tout ce matin capitaine Moussa Dadis Camara.

Vous savez pourquoi, j’ai dit de laisser la justice faire son travail ? Ces deux sujets que vous venez d’aborder, celui du 28 septembre ou le cas de la tentative d’assassinat en ma personne, c’est le cas du 28 septembre qui est plus important.

On a envie de savoir est-ce qu’aujourd’hui si on vous demande de pardonner Toumba Diakité, vous allez dire oui ! Ou non ! Ou vous allez porter plainte ?

Je dis bien que je vais privilégier la première variante sur les évènements du 28 septembre. Maintenant quant à moi, j’ai la vie qui a été sauvée par la grâce de Dieu le créateur donc je ne peux en aucun cas vous dire mes sentiments quoi que ce soit.

On parle du 28 Septembre, il y a eu combien de morts ? Il faut parler de ce dossier au lieu de parler de mon cas spécifique. Vous savez moi,  je crois trop en Dieu, pourquoi je vous dis que je n’ai  rien à vous dire, parce que Dieu a fait le jugement, ce que je parle avec vous, tout le peuple de Guinée est en train de m’entendre et peut être par la grâce de Dieu, par la bonne volonté des autorités compétentes, je serai un jour devant vous là-bas pour faire ma part de vérité.

Je ne parle plus de ma personne par rapport à l’attentat d’assassinat qui m’est arrivée.

Capitaine puisque depuis que vous avez commencé à parler ce matin, on le comprend clairement, vous évitez de prononcer le nom Toumba Diakité, on ne sait pas pourquoi. Alors puisque vous insistez sur les évènements malheureux du 28 Septembre. Au lendemain de cet évènement, il y a un enregistrement vidéo dans lequel on vous entend charger certains leaders politiques qui auraient donc monté tous ces coups pour vous renverser. Est-ce que depuis le pays des hommes Intègres, vous avez changé d’avis, vous ne pensez plus la même chose ?      

Mes chers frères, mes chers compatriotes. J’ai eu l’honnêteté d’être sur vos antennes. J’ai toutes mes facultés morales, je ne suis pas obligé de répondre à toutes vos questions. Je ne suis pas devant un tribunal. Je suis avec mes confrères devant la radio.fm. Je veux vous faire honneur mais ne me poussez pas à dire ce que je dois dire devant la justice, devant mes avocats, devant le peuple de Guinée.

Très bien mon capitaine. Donc vous n’êtes derrière aucun mouvement de soutien pour faire pression sur votre retour. Si on vous posait la question est-ce que le sentiment de revenir dans votre pays vous anime toujours, parce qu’on a vu que vos tentatives de retour ont avorté en 2015 ?

Mais oui ! Il n’y a pas cet être humain, à moins que tu sois un homme maudit ou tu n’aimes pas ta patrie. Je dis bien, si je dois arriver en Guinée cela ne doit pas être entaché de mouvement de quelle que nature que ce soit pour polluer la cité.  Je dis, le jour où la justice va juger nécessaire que je vienne en Guinée, la justice va signifier à mes avocats, comme ça vous me verrez en Guinée. Je ne suis pas sur la planète mars où Jupiter.

Alors mon capitaine, on a envie de savoir vos relations avec le Général Sékouba Konaté. Est-ce que vous entretenez des rapports avec lui ?

Je vous ai dit la fois passée, moi, je n’ai pas de haine contre un compatriote. Le Général Sékouba Konaté a été un compagnon d’arme. Quels que soient les évènements qui se sont passés à des moments donnés mais j’estime que je suis aujourd’hui une personne qui va vers les gens, la paix, le pardon et j’oublie tout ce qui m’a été fait dans le mauvais sens.

Est-ce que vous êtes en contact avec le Général Sékouba Konaté ?

Ça c’est une question qui m’est personnelle. Je vous dis simplement que nous sommes en très bonne relation, le général Sékouba a trop de préoccupations, ce n’est pas à tout moment qu’on peut s’appeler.

Comment vous avez apprécié la nomination de Tibou Camara au poste de conseiller spécial du président Alpha Condé ?

J’ai bien apprécié à double titre sa nomination parce que c’est un garçon qui a parlé avec moi, c’est l’occasion de vous le dire, il a des qualités, il n’y a pas un homme qui n’a pas de défaut. Si le président l’a nommé à ce poste, c’est parce que, je pense qu’il peut servir le Chef de l’Etat et la nation guinéenne parce qu’il a la capacité d’unir les gens, il a la capacité de faire la paix.

C’est ce qui me plaît de ce garçon. Il n’accepte pas de mettre de l’huile sur le feu. J’ai travaillé avec lui, il a été mon ministre donc je le connais, c’est aujourd’hui une fierté pour moi qu’il soit nommé à ce poste. C’est un garçon qui ne passe pas à côté.

Quand il veut te dire la vérité, il te dit la vérité, je vous dis que même moi, il arrivait des moments lorsqu’il voulait m’attaquer, il m’attaquait. C’est ce qu’on appelle un homme. Quand il pense que quelque chose n’est pas bien, il avertit, il informe la presse, il parle. Donc c’est un honneur pour moi qu’il soit choisi à ce poste.

le démocrate

Alpha Amadou Diallo

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