Censure

Hassimiou Souaré: un pro des médias, livré aux fauves

«Dans ces moments d’intense découragement, une phrase maladroite peut achever les plus vaillants. Un message sincère peut, en revanche, ressusciter les volontés moribondes. » C’est comme si Olivier de Kersauson – l’auteur de cette citation – vivait le grand chambardement politico médiatique mettant en scène deux personnalités : Mamadou Hassimiou Souaré, Directeur de publication du site africaguinee.com et Sékouba Konaté, ancien président de la transition.

Il y a peu en effet, le journaliste, reconnu au passage pour son sérieux et son professionnalisme avait mis en ligne une interview du général Konaté. L’affaire a fait grand bruit dans la cité et s’est même invitée sur la Voix de l’Amérique. Des débats les plus stériles ici. Un manque de solidarité par-là. Une invite à la vindicte de l’autre côté par ceux-là mêmes qui devraient s’ériger en rempart afin de sauver le professionnalisme, a été vécue. Dans le plus grand zèle. Africaguinee désormais catalogué est manifestement livré aux prédateurs. Pourtant, la personne qui remonte le moral des autres et qui contribue au bonheur général est souvent la personne la plus triste et seule.

A ce titre, Hassimiou Souaré, grand professionnel des médias dont le site a été à multiples reprises primé ne saurait être abandonné. Après tout, africaguinee n’avouera jamais qu’il a besoin de toute la corporation pas pour exister mais pour continuer à cultiver le professionnalisme, le vrai, dans le traitement des informations. Un traitement qui constitue, à s’y méprendre, le grand péché mignon de bien des journalistes guinéens. Dans le document audio disponible, Sékouba Konaté cite nommément des noms. Il les accuse vertement de s’être impliqués dans les massacres du 28 septembre. Tout est truqué ! S’exclame-t-il et nie en bloc. Cela, juste après avoir essuyé des tirs croisés les plus acerbes des personnalités qui se trouvent être des amis et des proches. En désespoir de cause, il nie tout et fait amende honorable auprès des siens. De facto, africaguinee devient une sorte de paria, même au sein de la corporation des journalistes.

Quoi de plus normal si, bien entendu, c’était une invention de toutes pièces montée par le sieur Souaré. Les Diakhanké ce sont certes des génies en maraboutage, mais, ce Diakha-là ne saurait certainement se faire autant de mal avec la diffusion d’informations tronquées. Pour peu qu’on le connaisse. Loin de toute apologie de la médiocrité, il est de bon ton d’avouer que le site africaguinee est l’une des plateformes les plus sûres en matière d’informations fiables. Que des passions se déchaînent ailleurs contre ce site, il n y a rien d’aberrant mais que des confrères pour l’essentiel des amateurs s’époumonent pour traîner dans la boue ce site, cela relève tout simplement d’une jalousie qui ne dit pas son nom.

En voilà une grosse erreur de casting. Et pourtant, comme le souligne si bien un confrère, « Le travail remarquable effectué par Mamadou Hassimiou Souaré devrait plutôt nous inspirer. Parce qu’il relance véritablement le débat sur les tensions inévitables qui peuvent subsister entre les principes du journalisme et les pressions exercées par des hommes tapis dans l’ombre. »

Hélas, ce cercle vertueux s’est vite mué en cercle vicieux, synonyme d’auto flagellation. Cette honteuse attitude qui dérange, qui agace, interpelle pour autant la conscience collective de tous les journalistes. Pas ces aigris de la société qui utilisent leurs stylos pour exprimer, avec haine et rancune, leurs frustrations, mais bien entendu, ceux épris de liberté d’expression et d’accès équitables aux sources d’information.

C’est bien regrettable enfin de constater que les filouteries de ces messieurs Jourdain de la presse guinéenne ne font que donner une mauvaise réputation à ce singulier et noble métier : le journalisme. Africaguinee survivra. Il faut y croire.

Thierno Fodé SOW, journaliste
fodesow@gmail.com

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