La visite d’Etat effectuée par le président Alpha CONDE en début de semaine à Paris, qui était la toute dernière organisée par François Hollande avant son départ du palais de l’Élysée, revêt un caractère hautement symbolique. Il s’agit en effet d’une visite d’adieu pour le président guinéen à son homologue français qui a été mise à profit pour impulser une nouvelle dynamique dans les relations entre Conakry et Paris, par la signature de plusieurs contrats.
Le président François Hollande a reçu lundi dernier à Paris, son homologue guinéen Alpha Condé, dans le cadre d’une visite d’Etat. La toute dernière, avant le départ de Hollande, qui n’a pas voulu briguer un second mandat. Durant cette visite, au palais de l’Élysée où Alpha Condé a été reçu par François Hollande mardi, les deux hommes d’Etat ont fait lecture d’une déclaration conjointe.
Dans son intervention faite pour la circonstance, François Hollande a ainsi reconnu que ‘’c’est la première fois dans l’histoire des deux pays que nous avons une réception à la hauteur de ce qu’est notre Histoire.’’ Rappelant dans la même lancée que ‘’l’Histoire entre les deux pays a été tumultueuse.’’ Avec la rupture des relations diplomatiques en 1958, qui va durer pendant des années.
Pour le chef d’Etat français, Alpha CONDE a été un ‘’élément déterminant pour que nous puissions avoir entre la France et la Guinée cette amitié renouvelée. Et que cette visite d’Etat en est le symbole.’’
Il a mis l’accent sur le fait qu’Alpha CONDE soit aussi le président de l’Union africaine. Une responsabilité qui aux yeux du président français revêt ‘’une importante dans un contexte que chacun connaît, où il y a des conflits qu’il faut régler, il y a du terrorisme qu’il faut éradiquer et puis il y a l’unité politique de ce continent d’avenir qu’il doit, une fois encore, réaffirmer’’, a-t-il souligné.
L’accès Conakry-Paris se renforce par de nombreux accords
La visite d’Etat d’Alpha Condé a été donné lieu à la signature de plusieurs accords dans le cadre bilatéral, destinés à donner ‘’un sens nouveau à la relation entre la France et la Guinée.’’
Cette démarche pour François Hollande a pour but de permettre à la Guinée d’être une référence en matière d’énergie renouvelable. Car Ségolène ROYAL y a ‘’beaucoup travaillé et nous avons fait en sorte que les premiers financements liés à l’accord de Paris sur le climat puissent trouver leur traduction en Guinée’’, a indiqué le président français.
Dans le cadre de ces mêmes accords, l’Agence française de développement va contribuer à la réalisation de projets et programmes définis pour l’accès à l’eau, pour les infrastructures, pour le développement rural, pour les énergies.
Sans oublier la santé et la recherche. Avec la promesse faite par le président français de renforcer la présence des instituts de recherche, dont l’Institut Pasteur et l’IRD, en Guinée.
Il conviendrait de mentionner l’important rôle joué par la France dans l’éradication du virus ébola en Guinée. Cette épidémie avait fait plus de 3000 victimes entre 2014 et 2015. François Hollande avait d’ailleurs tenu à venir en Guinée, en pleine épidémie pour s’enquérir des réalités sur le terrain.
La coopération économique entre les deux pays va s’étendre également aux domaines des mines et des transports. Le souhait de la Guinée est que les entreprises françaises apportent leurs capitaux à travers des investissements dans le pays, qui en a grand besoin.
Concernant l’Union Africaine dont Alpha Condé est le Président en exercice, la lutte contre le terrorisme était au menu de son entretien avec Hollande. Quand on sait que la France intervient au Mali et appuie dans la région du Lac Tchad la lutte contre Boko HARAM.
Alpha et Macron en tête-à-tête
Le président Alpha Condé a mis son séjour dans la capitale parisienne à profit pour recevoir à son hôtel ‘’Le Meurice’’, dans la soirée du lundi, Emmanuel Macron, l’un des candidats à l’élection présidentielle, dont le premier tour est prévu le 23 avril prochain.
C’est le lieu de rappeler que Macron fondateur du mouvement ‘’En marche’’, donné favori dans les sondages dans cette course à la présidentielle française a déjà bénéficié du soutien de certains proches de François Hollande. On soupçonne d’ailleurs le président français d’avoir un penchant pour son ancien ministre de l’Économie.
Quant à ce que le président guinéen et Macron se sont dit, lors de ce tête-à-tête, c’est motus et bouche cousue. Toutefois cette rencontre chatouille bien la curiosité de maints observateurs qui se demandent si à travers cette rencontre avec Macron, le président Condé n’avait pas choisi son candidat à l’issue de cette présidentielle qui s’annonce très serrée.
Regards croisés sur une visite d’Etat
Cette visite a été il faut le rappeler qualifiée de « tardive et d’inopportune » par Aboubacar Sylla, le porte-parole de l’opposition. Pour Sylla, elle aurait pu être « plus fructueuse si elle avait eu lieu plus tôt ». Mais attendre en fin de mandat d’un président dont la côte en termes de popularité a nettement souffert, pour s’offrir une telle opportunité ressemble bien à une illusion, selon l’opposant.
L’écrivain Thierno Monénembo a lui, décliné purement et simplement l’invitation qui lui a été adressée pour le diner offert par l’Élysée à l’honneur de son hôte de marque. Pour Thierno, participer à ce festin, c’est cautionner « la Françafrique. »
Cependant dans le camp présidentiel, on en fait tout un tintamarre. Et pour Sidiki Touré, l’un des porte-paroles du RPG-arc-en-ciel « cette visite du président Alpha Condé à Paris marque le retour de la Guinée sur la scène internationale. Comme aime à le dire le professeur Alpha Condé lui-même ‘’Guinea is back’’. »
Aliou Sow