Censure

Bribes de mémoire d’espoir ou lettre à un jeune (Par Saïdou Nour Bokoum)

Mon cher Foulou, si Alpha ne m’appelle pas à une quelconque fonction, c’est que mes critiques et propositions ont été rejetées ou ignorées par les principaux chefs de l’Opposition. Pourtant, Alpha en a fait son beurre quand il le fallait.

Il était une fois un Jacques Kourouma. Quand je l’ai connu, il était rédacteur en chef de tamsirnews alors que Paul Moussa Diawara, actuel DG du juteux OGP était rédacteur en chef de l’historique aminata.com. J’inverse peut-être leur rôle sur ces sites. A mon âge, la mémoire… Le même Jacques avait eu l’idée d’initier une quête pour soutenir des manifestations en Guinée. Les deux autres premiers signataires étaient Baldé Abdoul de Rouen et Mamadou Billo Sy Savané. Debout, m’apprêtant à éteindre mon ordinateur pour aller donner un cours, j’ai ajouté mon nom et ai proposé de faire un chapeau intitulé « Solidarité financière.. », j’ai oublié la suite. Ce fut un des papiers les plus lus de boubah.com. ou déjà guineenews, je ne sais plus.

Mais avant de poursuivre, je dois rappeler d’où j’étais parti.

En 2003-2004, j’ai écrit après l’UFR, le deuxième Manifeste, appelant des Assises nationales en Guinée, des Guinéens de l’Extérieur. Ce texte m’avait été inspiré par une demande pressante d’amis, hauts cadres de la diaspora qui ne se sentaient pas à l’aise dans un Parti politique, mais qui voulaient « qu’on fasse quelque chose ».J’ai envoyé un premier jet du texte à Tierno Monenembo qui l’a validé et il n’a pas voulu y ajouter ou enlever une virgule. Nous avons tenu une réunion avec le Doyen Julien Condé, Sadio Bah de Rouen, ce dernier avait un texte et animait une structure, Collectif d’Initiative Citoyenne ou à peu près (CIC) et bien évidemment, Tierno Monenembo. Julien Condé, après avoir trouvé que mon texte était quelque peu littéraire et moi-même « sanguin », a remis son texte en poche et en conclusion, il nous a été demandé, avec Tierno de faire la synthèse de mon texte avec celui de Sadio. J’ai attendu un mois après des va-et-vient avec ce dernier et j’ai dû balancer sur l’Internet mon texte, qui a recueilli en deux fois près de 500 signatures. Je donnerai en lien (1) la liste des 200 premiers signataires. Déjà, pour le sourire, voici des noms, en dehors de Malick Condé, dont la présence paraitrait extraordinaire : Malick Condé, Amadou Damaro Camara, Sanoussi Bantama Sow, Ibrahima Kourouma qui côtoient ceux d’Abou Kati (ACTOG) à titre personnel, Maligui Soumah, l’inoubliable Mohamed Sampil « Muchacho ». C’est alors que parut un troisième Manifeste de Dominique Bangoura, un quatrième d’un Barry V (?) et un cinquième de Ben Daouda Touré dont la plume brouillonne croyant taper sur « mon » Manifeste était allé entrer dans les plumes de je ne sais quel autre texte. Bref, un geste professionnel d’El Hajj Ly de Néoleadership qui remit en ligne mon texte appela à plus de discrétion. En tout cas, le Manifeste de Dominique Bangoura devint COTRADEG, antichambre du futur FUDEC de Louncény FAll, en embuscade pour un retour de grâce politique et qui était un ami de son époux, Mohamed Bangoura.

Le réveil planétaire de la 5èmerégion guinéenne

L’appel initié par Jacques, Mamadou Billo Sy Savané et Dr Abdoul Gadiri fit mobiliser des fonds appréciables. J’ai appris sur le tard de la bouche même d’un des résidents là-bas, Barry Motos, que la petite communauté japonaise avait envoyé 50 000 $ US, alors que l’Amérique avait mobilisé près de 20000 $ US). Pendant que moi j’initiais la première sortie de la diaspora guinéenne à Paris devant l’ambassade de Guinée après l’assassinat de 12 jeunes à Conakry. Ici la plume s’est cassée, avais-je écrit alors. Aboubacar Sakho et Dr Abdourahmane Bah peuvent en témoigner. En effet j’avais demandé au Doyen Bah de soumettre la proposition à la communauté qu’il connaissait mieux que moi et à Sakho de s’occuper de la partie médiatique. J’ai ces courriels dans mon disque dur. Le lendemain, je reçois un courriel de Mme Dominique Bangoura, qui animait donc le COTRADEG m’invitant à une manifestation devant l’ambassade de Guinée ! Dr Bah lui, revint vers moi pour m’apprendre que l’accord s’était fait pour un samedi 3 d’un mois de juin. Ma mémoire peut me tromper, mais là n’est pas l’essentiel me semble-t-il. J’ai répondu, « j’en suis honoré madame Bangoura.. », et j’étais aux avant-postes. A notre deuxième sortie, elle avait une liste de « personnalités » qui devaient être reçues par l’ambassadeur, liste dont j’étais exclu. J’ai voulu quand même franchir la barrière, mais Campell Cissé (CAGF), bousculé par des jeunes, ne devait pas m’avoir reconnu, et a tenté de me repousser. Nous étions partis pour une émeute dans l’émeute. C’est alors qu’un frère, un ami dont je parle plus bas, d’un mot en soussou (?), l’a ramené de sa transe, et ils m’ont laissé entrer.

Ce sont là des détails très significatifs de la fragilité de bon nombre de personnes de bonne volonté en temps normal, mais combien fâcheusement « imprévisibles » devant le pouvoir, l’argent ou les honneurs.. A l’époque, j’avais dit que je ne voulais pas de photos sur les médias. Et facebook n’était pas encore devenu cette cour des miracles où le « peep show » est roi. Ce n’était point par excès de modestie, mais par expérience. Je revenais de Guinée où je m’étais taillé une notoriété telle qu’on me reconnaissait à Madina, dans l’immense hangar de la « pharmacie par terre » où un fidèle du PRP de Siradiou Diallo m’interpellait et lançait à qui voulait l’entendre, eskey, hinö mö lambhèmen bhèn. Voici venir un de nos chefs ! Il savait pourtant que j’étais « UNR Banque mondiale ». Il y avait aussi 5 émissions (Forum) à la télévision avec le sémillant Kiri Di Bangoura où j’ai dit plusieurs fois Non ! Alors que ce vocable n’était plus de saison depuis 1958 ! DoncLa Nouvelle Républiqueoù je sévissais tous les lundis alors que William Sassine dans sa Chronique assassine du Lynx tirait sur tout ce qui bougeait (la Bêtise aimait-il à dire), ma reconnaissance physique s’imposa alors qu’à l’époque les journaux n’affichaient pas de photos ou si peu. J’étais tout de même aussi le 4ème ou 5è memembre dans l’ordre parmi le 7 du Bureau Exécutif (Bureau Politique ?) de l’UNR, après « Banque mondiale », le regretté Jean Faragué (père), Bah Ousmane, venaient ensuite un certain Acard qui tenait la caisse, la regrettée Fanta Cissé et El Hajj Yoyssouf Bah, pour les relations avec les religieux, les traductions et les bénédictions.

Or avant la Guinée où je suis revenu le 8 mars 1991, j’étais aussi célèbre qu’Alpha Blondy ou Chantal Taïba ou la plupart des vedettes du show biz. Il en était de même pour mon petit camarade Souleymane Koly, paix à son âme. Avant la Côte d’Ivoire, de 1974 à 1978, des posters de Saïdou Bokoum ont trainé dans trois grandes librairies de Paris : Bouliner, Gibert, la troisième m’échappe, et cela était inaugural. La célébrité fait très mal, surtout à vos enfants, mais, je l’ai connue à trente ans ou un peu plus, après avoir frôlé le prix Goncourt.

18 ans en Europe, 18 ans en Afrique, mon parcours avait séduit Dr Bah Abdourahmane qui a tout fait pour me faire revenir à ce qu’il faut bien appeler la politique. J’avais accepté d’aller à son quartier du 20èmepour aider – bénévolement bien évidemment – à la réinsertion sociale des jeunes par le théâtre. Et puis par « glissement progressif » (Alain Robbe Grillet pape du nouveau roman qui a séjourné en Guinée !), me voici encore debout à recevoir des frappes de chat à neuf queues. Tant pis ou tant mieux, je viens de boucler la deuxième fois les 18 ans en France. Al Hamdoulillah, et je crois que j’ai toujours bon pied bon œil.

L’Europe en branle bien avant les « Forces vives »

En France, Ba Mamadou avait créé les Forces vives avant leur naissance en Guinée ! Boubacar Sadio Baldé était celui qu’il avait désigné, comme ça, à la façon Ba, et Dr Bakary Diakité était venu après, bien après la Bérézina de certains Partis à la longue présidentielle d’après la transition ; c’était suite à ce que j’appelle sans détour une machination orchestrée par le futur ogre de la LONAGUI, dont je répugne à dire le nom qu’il porte si mal, après avoir joué les pitbull du RPG de « mon oncle Alpha Condé ! » qu’il vociférait à briser les tympans. Sadio Bah qui avait réveillé cette cellule dormante, resté prudemment à Rouen, n’a même pas eu un strapontin dans un bureau de 25 membres..

Deux autres manifestations ont suivi, organisées par Jacques Kourouma, Campell Cissé Dominique Bangoura, moi, etc., suivies d’un peu loin (Rouen), par Sadio Bah, Mamadou Billo Sy Savané, le pharmacien Dr Baldé, etc.. La 4ème fut initiée par Sorel Keïta. Après les trois premières manifestations, avec Jacques, Sy Savané (?), Sadio Bah (CIC) nous avons mis en place avec d’autres collectifs (le CRAC piloté par celui dont je promets de taire le nom), Campell (CAGF) etc., « La plateforme des organisations de la société civile ».

Je disais que Jacques Kourouma, Monenembo et moi sommes voisins

A partir de 2009, les choses ont tourné avec l’Histoire. Jacques Kourouma comme presque tout le monde qui crut au patriotisme de Dadis, finit par aller voir ailleurs, jusqu’à devenir un thuriféraire du CNDD, avec Marie-Jo Yombouno, etc. Tout en étant farouche opposant à Alpha Condé. Jacques et quelqu’un dont j’ai promis de taire le nom, nous ont proposé, un ami, un frère (pourtant pur basse-côtier) dont je tairais également le nom et donc votre serviteur, d’être les interfaces d’un coup qui se préparait en Guinée par de jeunes soldats, mais coup qui était un filet dont les ficelles étaient tirées par une certaine France. C’était d’ailleurs un marché, un deal, un « condé » en jargon du « milieu », deal perdu par un autre pour des raisons qu’ils ne nous ont pas révélées, « condé » qu’ils auraient donc récupéré. Cela s’évaluait autour de 12 millions $ US. Passons. Jacques Kourouma après l’élection de Condé, d’Alpha Condé je veux dire, a fini par rejoindre ce dernier et après une traversée du désert, atterrit comme vague conseiller de Bantama Sow, ministre des Guinéens de l’Etranger qui l’a élevé au grade de directeur de la communication.

Deux tempéraments incandescents. Je l’ai vu dans le bureau du secrétaire général de ce ministère, le verbe haut, fustigeant les cadres « lafidis » qui ne veulent pas nous voir nous les « diaspourris ». Ce qui devait arriver arriva. Bantama et lui ont failli en venir aux mains jusqu’à ce que les garde-de-corps de ce dernier viennent enlever M. le directeur de la communication (mon Jacques est court sur pattes), pour le mettre dehors. Seulement hors du bureau du ministre, parce qu’il n’a pas été limogé. Serait-ce le même Jacques qui était mon voisin il n’y a pas plus d’un an, moi étant entre Monenembo et lui, dans le même quartier ? Ce Jacques serait-il ce recteur de l’université de Kindia ? Jacques, détenteur d’un doctorat de sémiologie ou de sémiotique, disciplines qui ont chantourné son calame producteur de textes dont le sens est rendu telles des tranches de salami ?!

Neuf ans en Côte d’Ivoire : mission terminée, sur le haut du pavé.

Neuf ans en Guinée, mission terminée avec les Ba « Banque mondiale », Siradiou et Alpha.

2014 en France : mission terminée avec le récépissé du Conseil National des Guinéens de l’Extérieur (CNGE). Si je veux, je déchire ce chiffon de papier. Mais il est au JO français et j’ai payé les 149 euros exigés par le Premier ministre français. D’ailleurs, ce papier me permet d’initier toutes sortes de projets à Conakry où j’ai l’agrément d’une Fondation Phénix qui serait son répondant.

(A suivre dans une deuxième partie : « Je n’ai jamais perdu une guerre » (Lansana Conté)

Was-Salam,

Saïdou Nour Bokoum

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