Censure

‘‘Le président de la République n’a jamais dit qu’il va pour le troisième mandat’’, dixit Bah Oury

Ce mardi 18 avril 2017, le premier vice-président de jure de l’Union des forces démocratiques de Guinée, Bah Oury, était l’invité des Grandes Gueules. Il s’est exprimé sur de nombreux sujets, entre autres, la visite d’Etat effectuée à Paris par le président Alpha Condé, les polémiques autour d’un troisième mandant pour ce dernier et les conditions de détention de Aboubacar Diakité ‘‘Toumba’’.

La visite d’Etat du président Condé en France

Durant trois jours, le chef d’Etat guinéen, Alpha Condé, en compagnie d’une forte délégation, a effectué une visite d’Etat en France. Pour Bah Oury, ‘‘en tant que Guinéen, je trouve une certaine fierté de voir que le drapeau national a flotté pendant quelques temps le long des champs Elysée. (…) Donc de ce point de vue c’est une fierté nationale. Ça été l’occasion pour certains de nos compatriotes qui sont des artistes, des sportifs qui ne sont pas impliqués dans le domaine politique d’être honorés, d’être reconnus. Je pense que tout cela va dans le bon sens et sans compter la réaffirmation de l’indispensable nécessité de savoir que la France est un partenaire stratégique et privilégié de la Guinée’’, indique-t-il.

L’éventualité d’un troisième mandant pour le chef de l’Etat guinéen

A propos d’un troisième mandat pour l’actuel chef d’Etat, Bah Oury, estime que : ‘‘Le président de la République n’a jamais dit qu’il va pour le troisième mandat. Ça, il n’y a pas lieu de lui faire dire ce qu’il n’a pas évoqué. La constitution est très claire, est-ce que vous l’avez lue ? Vous la connaissez. Donc pourquoi vous posez la question sur une violation de la constitution ? Je pense que dans ce pays qu’on cesse de créer un faux débat là où il n’y en a pas. Et c’est raison pour laquelle on fait croire, est-ce que la terre est encore ronde ! Lorsqu’on se pose la question si la terre est encore ronde cela veut dire qu’on suppose qu’elle pourrait ne pas être ronde et, c’est comme ça qu’on est en train de cultiver une certaine forme d’impunité rampante pour mettre dans la tête des gens que même l’impossible est possible.

Et de ce point de vue, je dis que les Guinéens ont des sujets extrêmement sérieux pour lesquels on doit mobiliser nos énergies ; nos intelligences pour travailler sur le développement local pour l’implication des jeunes pour régler des problèmes qui méritent d’être réglés. Au lieu que la Guinée soit toujours championne, de se créer des faux problèmes de myriade, l’on a assez et il est important de mettre les gens dans la voix de se poser les bonnes questions.’’

Sur le discours tenu par le numéro un guinéen à Abidjan

‘‘Couper le cordon ombilical avec la France’’, telle a été la déclaration tenue par le chef d’Etat guinéen, Alpha Condé, à Abidjan.

‘‘Tout discours doit être vu dans un sens positif. Si derrière chaque mot que quelqu’un prononce on veut voir des arrière-pensées il va de soi qu’il ne peut pas y avoir de dialogue, ce serait une certaine cacophonie. Le président de la République a été claire et c’est tout à fait normal que l’Afrique définisse de manière autonome sa voix pour le développement, sa voix pour la démocratie avec l’implication le plus largement possible de ses citoyens. Les Africains n’ont pas attendu que quelqu’un leur dise, révoltez-vous lorsque les enfants de Soweto se sont levés pour braver l’apartheid, qui ont fini par avoir raison. Au Burkina Faso, il n’y a pas eu quelqu’un de l’extérieur qui leur a dit Burkinabé réveillez-vous, ils se sont levés un peu partout. Les sociétés africaines veulent la démocratie ; veulent le changement, veulent aller de l’avant. Et lorsque le président guinéen dit que l’Afrique choisisse de manière autonome sa voix, je pense qu’il est en train de le faire et il faut encourager cette dynamique et c’est tout à fait normal’’, trouve Bah Oury.

La détention de Aboubacar Diakité

Pour le cas de Toumba, accusé dans l’affaire du massacre du 28 septembre, ‘‘ c’est tout à fait normal que les avocats de Toumba Diakité s’inquiètent, et fassent entendre leur voix pour que les conditions de détention de leur client s’améliorent, c’est tout à fait normal. Je dois dire également que l’intégrité physique de Toumba importe à l’ensemble de la collectivité nationale, y compris les dirigeants comme nous tous parce que nous voulons que la vérité soit connue. Et il faut que la vérité par rapport à un dossier sensible puisse être connue. Au-delà de ça, j’ai entendu les gens dire qu’il faut l’envoyer à la Cour pénale internationale. La Guinée doit assumer son histoire. Nous devons dans des conditions difficiles apprendre à améliorer nos méthodes à changer, à aller de l’avant. Je suis jaloux du Sénégal qui a pu organiser la chambre africaine qui a jugé Hussein Habré. Je veux que la justice de mon pays ait aussi la possibilité de montrer que dans ses rangs, il y a des hommes et des femmes de compétence, d’une grande intégrité et qui feront conformément le travail à l’intérêt du pays et dans l’intérêt de l’ensemble de l’humanité’’, estime Bah Oury.

Ismaël Sylla pour Guinee7.com

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