J’écoute le journal parlé de 18h d’Espace FM du vendredi 14 avril 2017. De toutes les informations diffusées, celle relative à un tremblement de terre survenu à Linsan dans la préfecture de Kindia m’a retenu l’attention. L’événement se serait produit par deux fois mardi 11 et mercredi 12 avril 2017 la nuit et le matin. La parole est donnée tour à tour au chef du district de Linsan et au sous- préfet de Sougueta qui relatent les faits. Aux dires du premier une panique générale s’est emparée de la population même si l’on n’a pas enregistré des dégâts matériels ou des morts ; des prières et des sacrifices seraient programmés pour implorer Dieu afin d’épargner Linsan et environs de la catastrophe. Le second intervenant dit qu’il n’a pas tardé à informer les autorités de Kindia qui devraient répercuter l’information sur Conakry.
Cette nouvelle de tremblement de terre m’a aussitôt rappelé le cas de 1983 survenu à Koumbia dans la préfecture de Gaoual. Il était plus grave et avait causé des pertes en matériels et en vies humaines. D’autres secousses sismiques de faible amplitude sont apparues dans la zone de Conakry il y a quelques années. Il faut dire en la matière que des géologues guinéens ont affirmé plusieurs fois que notre pays est une zone à risque sismique avéré, et qu’il y a lieu de prendre des mesures préventives idoines.
Mais dans la nouvelle, l’aspect qui m’a le plus intéressé est la réaction de la population de Linsan face à ce phénomène naturel. Une réaction de panique qui s’explique aisément par le mental arriéré de la population analphabète, pauvre, grandement démunie face à des phénomènes qu’elle juge de surnaturels. En de pareilles occasions le seul recours, ce sont les prières, les incantations, les sacrifices aux morts, aux fétiches ou à Dieu pour conjurer le sort. Je ne peux pas ne pas me souvenir des éclipses de lune ou de soleil qui ont eu lieu pendant que j’étais tout petit à Balladou mon village dans la préfecture de Beyla. J’avais alors suivi hommes et femmes dans une espèce de carnaval improvisé pour faire le tour du village en implorant le monstre du ciel de lâcher prise, on disait par exemple que ‘’le chat a attrapé la lune, et que cela était signe de malheur ’’.
C’est quand j’ai été scolarisé que, grâce à mes maîtres et aux livres, j’ai commencé à comprendre ce que c’est les éclipses, les séismes , les volcans et autres raz de marée. J’ai compris qu’il n’y avait rien de surnaturel en ces choses, qu’aucune prière ou sacrifice ne pouvait nous en épargner . Il vaudrait mieux suivre l’exemple des pays développés comme le Japon. Entreprendre des études approfondies sur ces phénomènes de la nature en vue de maîtriser ou tout au moins d’atténuer leurs effets dévastateurs.
A la question de savoir si l’école et la recherche scientifique constituent les meilleures armes pour combattre l’ignorance et le sous- développement, ici comme ailleurs on répond oui. Seulement l’école et la recherche scientifique n’entrent pas , en dépit des beaux discours, dans les priorités d’un gouvernement aussi pléthorique, budgétivore et corrompu qu’est le nôtre.
Walaoulou BILIVOGUI