Censure

Aboubacar Soumah, ex de l’UFDG, avertit : ‘‘Il faudrait que chacun soit respecté dans sa localité si nous voulons la paix’’

Après avoir quitté le principal parti de l’opposition, et créé son parti, le député Aboubacar Soumah s’est confié à notre reporter. Dans cet entretien, il parle de son départ de l’UFDG, de son parti et de ses relations avec Cellou Dalein.

Vous êtes le député uninominal de Dixinn au compte de l’UFDG. Aujourd’hui, vous êtes le président d’un nouveau parti, expliquez-nous les raisons de cette rupture avec la ‘’maison mère’’?

Aboubacar Soumah : La formation politique dans laquelle j’étais, j’ai démissionné. Celle que vous connaissez, l’Union des forces démocratique de Guinée (UFDG). Et j’ai préféré créer ma propre formation politique qui s’appelle le Parti guinéen de la démocratie et de l’équilibre. Je suis en train de travailler sur le terrain dans le cadre de son installation.

Pourquoi avez-vous attendu ce moment pour démissionner de l’UFDG?

Honnêtement, je n’ai pas de commentaires à faire par rapport à ma démission. Si vous voyez quelqu’un quitter, il y a des raisons que j’ai qualifiées de personnelles et je me limite à ça. Donc, l’une des raisons, c’était de créer mon parti. Je l’ai créé et c’est fini.

Donc, celui qui rencontre le Pr Alpha Condé est de la mouvance? Cela veut dire que Cellou Dalein lui-même est de la mouvance

Il parait que vous avez créé ce parti pour être dans la mouvance présidentielle vu que vous étiez tout récemment à Sekhoutouréa sur invitation du président Alpha Condé.

Donc, celui qui rencontre le Pr Alpha Condé est de la mouvance? Cela veut dire que Cellou Dalein lui-même est de la mouvance parce qu’en tant que chef de file de l’opposition, il rencontre chaque fois que le besoin se manifeste le président de la République. Effectivement, le Pr Alpha Condé m’a invité. J’ai été le rencontrer par deux fois mais je lui ai fait comprendre que ma volonté était de créer mon parti comme j’ai dit au président Cellou. Donc, c’est ça que j’ai fait et mon parti le jour de son lancement vous l’avez constaté, c’est un samedi et j’ai dit que mon parti est de l’opposition mais quelle opposition? Moi, je suis de l’opposition de façon générale pas une opposition que je qualifie de façon hypocrite, qui va de compromis en compromis pour compromettre l’avenir de la nation.

Qu’est-ce vous proposez aux Guinéens comme projet de société?

J’ai les grandes lignes en tête. J’avoue après mon constat, j’ai vu que tout ce que les politiciens racontent aux Guinéens, ce sont des mensonges. Donc ce qu’ils veulent réellement est contraire de ce qu’ils disent aux gens. J’ai vu que les lignes politiques qu’ils développent publiquement ne sont pas les lignes qu’ils suivent dans leurs choses. Donc, j’ai décidé ainsi de venir en politique parce que si tu prends la potentialité économique de la Guinée, si elle s’était transformée en économie réelle, aucun Guinéen ne doit souffrir. Donc, ça, c’est une de mes lignes de combat. Et puis, il faut que les gens soient récompensés comme sanctionnés positivement ou négativement selon les actes posés. De façon, à ce qu’on ne tienne pas compte de son appartenance politique, ethnique ou régionaliste.

Les innovations dans mon parti c’est qu’il n’y a pas de présidence à vie. Ça dure deux fois, tu es président deux fois au maximum pendant deux mandats et puis tu quittes un autre vient. Il n’y a pas de candidat président, c’est-à-dire n’importe quel militant peut vouloir briguer une fonction quelconque.

Par exemple si tu prends l’élection présidentielle dix ou vingt personnes peuvent être candidats au sein de notre parti. On fait la primaire à ce niveau-là et puis le parti choisit son candidat. Ce n’est pas le président fondateur qui devient le candidat du parti. Ce sont les innovations que nous sommes en train d’imprimer à la démocratie guinéenne et nous n’accepterons également pas que ceux qui ne savent pas, ne maîtrisent pas les coutumes et mœurs des localités soient désignés comme l’a prévu le fameux code électoral qui est passé ici comme une lettre à la boite postale. Donc là aussi, nous ne sommes pas pour. Nous voulons encore renforcer la décentralisation sans laquelle il n’aura pas de développement à la base et cette décentralisation a été détruite depuis 2010. Il faut aussi renforcer la justice qui n’existe presque pas. C’est pourquoi j’ai qualifié dans mon discours introductif qu’aujourd’hui ni l’Etat ni la nation n’existe en Guinée. C’est ça la réalité. C’est des groupuscules qui veulent ou qui ont pris le pays en otage, il faut mettre fin à ça. Donc voilà l’ensemble des lignes politiques idéologiques sur lesquelles nous allons développer notre parti pour que le pays soit véritablement un pays démocratique et un pays de droit qui ne juge pas le Guinéen en fonction de son appartenance politique ou ethnique, mais qui jugera le Guinéen en tant que Guinéen.

Vous étiez l’un des plus influents à l’UFDG, il semble. Quelle est votre relation avec Cellou Dalein DIALLO après votre départ du parti?

Nos relations humaines sont excellentes.

Quelle analyse faites-vous aujourd’hui de la politique actuelle de notre pays?

La politique actuelle est très dangereuse pour notre pays parce qu’elle est basée uniquement sur l’ethnie, uniquement sur l’ethnie. Il faut absolument que la jeune génération que nous sommes, nous prenions notre responsabilité pour dire à ces aînés-là d’arrêter.

Quel est le slogan de votre parti?

Mon slogan, c’est de dire que tout ceux qui sont dans notre esprit « Nous avons dit moufan gbénayah » c’est-à-dire, l’esprit d’équité, l’esprit de l’équilibre, l’esprit littéraire contre l’ethnocentrique, l’ethnicisation de l’administration. Tous ceux qui sont contre ces pratiques actuelles sont dans notre esprit. C’est pourquoi nous avons dit en bon soussou ‘’moufan gbénayah.’’

Il paraît que votre parti ne dispose pas d’agrément?

Je ne sais pas ce que les gens appellent agrément. Un parti politique est une association, une simple association. Il faudrait que certains Guinéens aient la volonté de mettre une association en place. Lorsqu’ils ont la volonté, ils doivent manifester cette volonté de s’associer par une assemblée consécutive. Une fois une assemblé est régulièrement tenue, ça veut dire de facto, ils ont un récépissé maintenant. L’agreement vient après, c’est après avoir déposé le procès-verbal PV en abrégé de cette assemblée consécutive et l’ensemble des documents qui concernent ça. Le règlement intérieur et la profession de la foi qui permettront au ministère de l’Administration et du Territoire de leur donner un agrément. Mais, cela ne retarde plus après la tenue de l’assemblée consécutive, de ne pas exercer leurs droits en tant que Guinéens de créer des associations. C’est comme une ONG qui n’a pas besoin d’un agrément quelconque. Le parti politique est avant tout et après tout d’abord, une association mais cette association, elle peut être politique, elle peut être économique ou une simple ONG.

Expliquez-nous l’évolution de votre parti?

Vous l’avez constaté. Je ne sais pas si vous avez assisté à l’assemblée consécutive, nous avons invité à l’époque six cent (600) personnes. Mais nous avons reçu plus de mille huit cent (1 800 000) personnes. Je ne pense pas en Guinée, s’il y a eu une assemblée consécutive qui a mobilisé tant de personnes comme la nôtre. Cela veut dire que les gens veulent vraiment venir dans notre parti connaissant notre passé politique. J’avoue qu’aujourd’hui partout où on va nous sommes applaudis. Dans les deux mois qui suivent nous pouvons tenir notre premier congrès national pour mettre la direction nationale en place.

Votre parti va-t-il présenter des candidats aux élections communales?

Si les cadres du parti jugent nécessaire qu’on présente les candidats dans certaines circonscriptions pourquoi pas. On a créé le parti c’est pour conquérir le pouvoir et l’une des méthodes pour la conquête du pouvoir, c’est d’occuper les positions privilégiées au niveau de la base et ces bases sont appelées les collectivités qu’elles soient rurales ou urbaines.

L’origine de votre départ à l’UFDG serait-elle liée à la désignation des têtes de liste à la délégation spéciale de Dixinn?

Si je voulais être candidat au niveau de la commune de Dixinn, l’UFDG ne pouvait pas trouver autre que moi. J’ai voulu que les choses se partagent en fonction de la répartition naturelle de la Guinée. C’est ça qui n’a pas été naturellement accepté et je n’accepterai pas que les soussous occupent tout en Guinée. Je n’accepterai pas ça pour les Soussous, pas pour les Peuls, pas pour les Manikas et ni pour les Forestiers. Dieu nous a donné la Guinée en partage. Il faudrait que chacun soit respecté dans sa localité si nous voulons la paix.

Qu’est-ce que vous voulez dire par là?

C’est-à-dire si tu viens en Haute Guinée que les gens qui occupent cette région qui sont là qu’ils soient respectés. Si vous venez en Base Guinée la même chose. Mais vous ne pouvez pas occuper chez vous et venir encore investir chez nous, ce n’est pas possible. Il n’y aura pas la paix si on ne partage pas la chose guinéenne de façon équitable.

Votre mot de la fin?

Mon dernier mot, c’est de dire aux gens de venir avec nous et que la génération actuelle ait le courage de quitter derrière ces leaders politiques classiques. Car, ils ne feront absolument rien pour porter ce pays en avant. Nous voulons maintenant une classe dirigeante nouvelle.

Avec l’Indépendant

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