Conakry – Madame Diakagbè KABA est une battante très engagée sur plusieurs fronts : -Secrétaire Générale Adjointe du Gouvernement ; -Dirigeante d’ONG pour la promotion féminine et l’épanouissement des femmes et des jeunes, dans les secteurs de productions agricoles respectant l’environnement, -elle est également très pieuse et gère une foi qui l’a conduite en terre sainte où elle a acquis le titre de Hadja après son pèlerinage !
Bonjour Madame! Vous êtes Hadja Diakagbè Kaba, Secrétaire Générale Adjointe du Gouvernement depuis une bonne demi-douzaine d’années. Quelles sont les étapes de vos itinéraires –professionnel, -politique, -sociale, etc.?
Bonjour ! Je suis heureuse d’être reçue dans le BDG (Bulletin du Gouvernement), dans la rubrique « Femme d’ci, et d’ailleurs », pour m’exprimer sur des questions essentielles, touchant l’existence et l’évolution de la femme.
Je suis SGA du Gouvernement, depuis le 28 Février 2011, à la faveur du Décret D/2011/051/PRG/SGG ; Mon parcours, long et difficile par moments, peut être résumé en trois étapes :
– Education et formation scolaire générale ;
– étape administrative au service du Secrétariat Général du Gouvernement, premier poste d’affectation où j’ai fait la quasi-totalité des services. Cette étape a été difficile quand on mesure ce que représente pour une opposante, d’être fonctionnaire à la Présidence de la République, osant militer dans l’opposition pure et dure, puisque j’occupais à l’époque au sein du RPG un poste de responsabilité. C’était tout simplement audacieux car, je devais œuvrer au quotidien à éviter les pièges en subissant -brimades, -injustices, -humiliations, et menaces de licenciement, sans jamais ‘’me départir de’’ ma conviction politique. Cet engagement de l’époque, je ne le regrette absolument pas de nos jours, car ma conviction ne m’a pas trompée : le RPG est arrivée à la finalité de sa conquête et j’en suis fière. Le niveau élevé des persécutions, m’avait amenée à suspendre mes fonctions administratives, et à effectuer des consultations dont le couronnement a été mon engagement au PNUD, pour assurer la coordination du Programme d’Appui aux Initiatives de Base (PAIB) à Faranah, au centre du pays.
– enfin l’étape de l’apprentissage à la vie sociale ; la recherche du savoir et du savoir-faire, de la qualification et de la performance, du service aux autres et le transfert du savoir-faire à travers l’accompagnement des femmes, et la gestion des organisations féminines.
Que représente pour vous, la fonction exercée au Secrétariat Général du Gouvernement?
Occuper la fonction de SGAG, est une fierté pour moi, au regard de la mission principale de ce département qui consiste à assister le Premier Ministre dans sa mission de coordination, de contrôle de l’action gouvernementale et d’application de la politique de la nation ! C’est donc dire, que le Secrétariat Général du Gouvernement, est la cheville ouvrière du Gouvernement. En conséquence, même si les conditions de travail ne sont pas à la hauteur de ma mission, je reconnais l’importance et la valeur que confère l’appartenance au personnel de ce département stratégique, où j’ai d’ailleurs été la première femme à occuper cette fonction depuis sa création.
Vous avez une vie associative intense avec une coopérative féminine dénommée « LA GUINÉENNE DES TERROIRS » ! Quels en sont les domaines d’intervention ?
Dans la vie associative, nous avons accumulé au fil des ans une certaine expérience dans l’accompagnement des femmes à réussir les petites et moyennes entreprises sociales et collectives. Cette initiative démarrée depuis plus de trente ans, avec l’Association Guinéenne pour l’Allègement des Charges Féminines, création féminine au service de la femme, couvre de nos jours les quatre régions naturelles de la Guinée à travers des activités concrètes à impacts économiques et sociaux visibles sur les femmes dans les communautés.
La Guinéenne des Terroirs est la valeur ajoutée du programme de subventions communautaires. Fruit d’une réflexion concertée et partagée entre experts marocains et guinéens dans une vision sud- sud, ce modèle purement guinéen s’inscrit dans une démarche participative. Créée en 2012, elle est le déclencheur d’un développement durable de l’économie rurale et le cadre de convergence des produits des groupements de femmes rurales, réunies au sein de la COFRASAD, la Coopérative des Femmes Rurales pour l’Agriculture, la Souveraineté Alimentaire et de Développement dans les préfectures de Kissidougou, Guéckédou, Beyla, Kérouané, Kouroussa, Kankan et Siguiri, vers le magasin solidaire Equitable, à partir des deux centres de transformation encore en chantier à Kankan et à Kissidougou. La Guinéenne des Terroirs est aussi un carrefour d’échanges de produits, de valeurs sociales et culturelles de nos différentes régions, où toutes les guinéennes se reconnaissent.
Quels sont les Champs des interventions de la Guinéenne des Terroirs ?
La Guinéenne des Terroirs est la promotion des produits du terroir à travers leurs qualifications en vue de leur intégration aux normes du commerce international et à ce titre, elle favorise la commercialisation des produits des groupements de femmes rurales, par l’ouverture du premier magasin solidaire équitable ! Une première en République de Guinée pour -la promotion d’une économie sociale solidaire dans nos terroirs, -le développement de produits bio-équitables à forte valeur ajoutée, -la mutualisation de moyens de production et d’information.
La Guinéenne des Terroirs propose une alternative pérenne aux conséquences destructrices de l’agro-industrie et de l’agriculture conventionnelle, et garantit les engagements pris, en matière sociale, environnementale et du commerce équitable.
Quelles sont les stratégies d’intervention de la Guinéenne des Terroirs ?
Sur les limites du déficit de services d’accompagnement des groupements de femmes pour la valorisation de leurs productions agro-alimentaires, la Guinéenne des Terroirs s’est positionnée pour minimiser les pertes des fruits et légumes et contribuer ainsi au développement de l’exportation.
Basée sur la valorisation des produits, notre stratégie vise à réduire la chaîne des intermédiaires négatifs, soutenir l’œuvre des femmes rurales réunies en coopératives, afin d’augmenter leurs revenus pour une croissance économique du secteur de l’agro-alimentaire.
Le fonctionnement de la Guinéenne des Terroirs repose sur la concertation des groupements de femmes et la coopérative, pour les activités de production en lien avec les conditions de production et les attentes du marché. Les paiements justes et équitables, sont effectués à l’avance par la Guinéenne des Terroirs aux productrices avec des échéances précises.
La Guinéenne des Terroirs crée de l’emploi pour les femmes rurales et les jeunes diplômées sans emplois qui ont longtemps collaboré comme volontaires pour la supervision des activités des groupements. Elle est administrée par une équipe de jeunes.
De quelle nature sont les difficultés rencontrées dans l’évolution de votre coopérative ?
– Le manque de moyens matériels et financiers à réussir les objectifs de valorisation des produits ;
– Le manque de soutien de l’Etat à accompagner cette initiative, comme moyen de labélisation des produits guinéens et leur intégration aux normes et au marché du commerce équitable ;
– Le manque d’infrastructures appropriées à l’exercice des activités !
Comment conciliez-vous votre fonction de Secrétaire Adjointe du Gouvernement, avec les tâches qu’implique la Présidence de la coopérative « LA GUINÉENNE DES TERROIRS » ?
La conciliation de la fonction de SGAG avec les rôles dans les organisations de femmes, s’acquière au prix d’une organisation et une planification interne. L’humain et le social sont au cœur de mon développement personnel. Ce sont les performances acquises dans la vie associative, qui ont déterminé le choix à tenir une fonction à responsabilités aussi importante que le SGG. Je ne vois aucune incompatibilité, en ce sens que les deux fonctions sont différentes et s’exercent différemment. Les deux rôles vont en parallèle comme les cornes d’un bœuf ! Toujours ensemble sans se toucher.
Hadja Djakagbè KABA, merci pour cet entretien.
C’est moi qui vous remercie.
Cellule de Com du gouvernement