Censure

Bah Oury: ‘‘le retour de Bah Oury sera une manière de sauver l’UFDG du désastre’’

Le vice-président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) a accordé une interview à notre rédaction. Dans cet entretien à bâtons rompus, Bah Oury revient sur la création de son mouvement « UFDG-Renouveau », sa manière de voir le changement politique en Guinée par la rupture générationnelle. L’opposant qui est en rupture de ban avec son parti, commente  les incidents intervenus au palais du peuple entre le Pr Alpha Condé et les étudiants autour des tablettes. Interview.

C’est quoi l’UFDG-renouveau?

Bah Oury: L’UFDG renouveau est un mouvement qui a été créé par les amis qui sont autour de moi et qui partagent ma démarche politique dans le cadre de leurs relations au niveau des réseaux sociaux. Il y a d’autres mouvements qui ont été créés également surtout dans le cadre des réseaux sociaux par exemple ‘’le mouvement des éclairés’’ et tant d’autres mouvements. Il y en a plusieurs.

‘’le mouvement UFDG renouveau’’ avec Bah Oury, ce n’est pas un parti politique

Maintenant ‘’le mouvement UFDG renouveau’’ avec BAH OURY, c’est l’appellation qui a retenu le plus l’attention des uns et les autres et on a convenu tous ensemble d’utiliser ce vocable pour organiser et permettre un encrage organisationnel à ceux qui partagent dans le contexte actuel mon projet politique et ma démarche. Donc ‘’le mouvement UFDG renouveau’’ avec Bah Oury, ce n’est pas un parti politique, ce n’est qu’un mouvement dans le contexte actuel qui permet d’organiser tous ceux et toutes celles qui sont avec Bah Oury. Parmi eux il y a des gens qui sont de l’UFDG, il y a d’autres qui n’ont jamais été de l’UFDG et qui viennent d’autres bords politiques, mais tous sont unis autour d’une plateforme qui est cristallisée par le projet politique que Bah Oury défend.

Vous venez de lancer une opération de quête de fonds auprès de vos militants et sympathisants. Pensez-vous que cette démarche peut prospérer dans un environnement où le leader est celui sur qui repose le financement du parti?

Vous savez, c’est ça qu’il faut combattre et lorsque nous avions accueilli avec Elhadj Bah Mamadou, Cellou Dalein en 2007 au niveau de l’UFDG, c’était un des critères. Nous ne voulions pas d’un parti qui soit à la merci d’un petit groupe de personnes aussi nanti soient-elles. Nous voulions mettre en place une pré-institution politique. Nous avions pensé qu’en élargissant plus largement l’UFDG ça aurait permis d’aller dans ce sens. C’est ce qui a été dit à Cellou Dalein. Par la suite, il n’est pas allé dans cette direction et j’ai beaucoup d’exemples pour indiquer que ces points font partie de points de friction et qui ont amené à la crise que vous connaissez à leur actuelle.

ma démarche politique, c’est de ne pas créer un parti pour que quelques personnes riches disent qu’ils possèdent le parti

Depuis très longtemps, ma démarche politique, c’est de ne pas créer un parti pour que quelques personnes riches disent qu’ils possèdent le parti. C’est une organisation pour permettre l’émancipation d’une majorité d’une population qui veut aller dans le sens du développement; qui veut aller dans le sens de la démocratie et qui veut aller dans le sens d’une véritable réconciliation dans ce pays. Le parti politique voilà sa vocation. Aujourd’hui ou hier, nous avons fait les preuves, je fais partie des fondateurs de l’UFDG mais ça ne nous  a pas empêché de prendre en 2002 le doyen Bah Mamadou, lui en faire président de l’UFDG et moi je suis resté secrétaire général.

Le mouvement n’est qu’une étape, l’étape suivante c’est la reconquête de l’UFDG

Mais la suite, nous avons fait la même chose pour accueillir Cellou Dalein et moi  je suis resté toujours le numéro 2 de l’UFDG. Donc ma quête et ma volonté de faire en sorte qu’il y ait une vraie institution politique pérenne indépendamment de l’influence que peut avoir quelque puissance d’argent. Et c’est maintenant, je suis en train de refaire la démarche pour remettre en place une vraie institution politique; là c’est le mouvement. Le mouvement n’est qu’une étape, l’étape suivante c’est la reconquête de l’UFDG et de le transformer fondamentalement pour en revenir aux valeurs qui avaient précédé la création de l’UFDG.

La politique si on parle de démocratie, il faut que l’institution ou l’organisation soit financée par l’écrasante majorité des membres. Et dans beaucoup de pays, on parle aujourd’hui de démocratie mais en réalité c’est une fausse illusion parce que ce sont les gens qui ont l’argent qui déterminent l’orientation et la pratique politique. Nous faisons une démarche que Obama a faite en 2008 avec des collectes de 1 dollar, 2 dollars par le billet de Facebook et c’est comme ça qu’il a financé sa campagne. Il a eu un bilan excédentaire sur le plan financier. Par la suite après son élection, il a aidé Hilary Clinton a épongé ses dettes. Nous aussi pour que nous ayons des organisations viables, il faut que nous épousions cette pratique, cette même orientation.

Où en sommes-nous avec cette collecte de fonds?

La collecte vient d’être lancée, ça fait à peine deux jours. Le trésorier Saki Camara dira certainement à la fin du mois ou début juillet une première information à ce sujet. Je ne suis pas gestionnaire du compte. Il y a des personnes qui sont des gestionnaires qui ont l’information et qui vont la diffuser et de manière régulière pour que les gens sachent où est-ce que nous en sommes. Dans le texte que j’ai signé, il a été dit que régulièrement, nous donnerons les grandes indications, les grandes rubriques des fonds collectés et aussi de leurs utilisations parce que c’est une question de transparence indispensable lorsqu’on fait appel à une contribution publique.

j’ai à faire avec des gens qui ne recherchent pas la transparence, qui recherchent à faire perdre du temps

Où en êtes-vous dans l’application de la décision judiciaire ayant tranchée en faveur de votre retour au sein de l’UFDG dont vous avez été exclu suite à des démêlés avec son président Cellou Dalein Diallo?

Le tribunal de Dixinn a rendu le 03 mars son arrêt qui invalide la décision d’exclusion de Bah Oury par Cellou Dalein et compagnie. Par la suite, Cellou Dalein a fait appel de la décision par le billet de ses avocats. Et vous savez que lorsqu’il y a une décision judiciaire, s’il y a appel, cet appel suspend l’application de la décision. La Cour d’appel a déjà commencé de statuer sur ce sujet depuis le 30 mai dernier. Donc, on attend la conclusion des travaux de la Cour d’appel. A cet effet, je pense qu’après cela, la décision sera exécutoire d’une façon si la décision du tribunal de Dixinn est confirmée.

Mais je sais que j’ai à faire avec des gens qui ne recherchent pas la transparence, qui recherchent à faire perdre du temps, à perdurer cette crise parce que leur intérêt, c’est de continuer à faire en sorte que l’UFDG s’enfonce. Mais par la grâce de Dieu, j’espère que la justice prendra compte de cette volonté du camp adverse de vouloir faire perdurer la situation du conflit judiciaire pour trancher le plus rapidement possible et en conformité avec le droit.

Pensez-vous que votre retour au sein de l’UFDG pourra être la solution pour calmer les tensions qui existent dans ce parti ou bien ça va continuer à diviser le parti?

Au contraire, le retour de Bah Oury sera une manière de sauver l’UFDG du désastre. Nous avons déjà lancé un appel à tous les militants de l’UFDG  quels qu’ils soient, qu’ils partagent ou non les points de vue de Bah Oury de ne pas rester spectateurs et voir leur parti pour lequel ils se sont investis pendant des années et pour lequel il y a eu beaucoup de sacrifices qui ont été consentis et qu’un petit groupe d’individus continuent à le détruire. Je pense qu’un peu partout aujourd’hui, que ça soit à Conakry ou à l’intérieur et l’extérieur du pays, les gens se concentrent autour de cette question et dans peu de temps, je pense qu’il aura une volonté ferme d’une majorité de militants de l’UFDG pour dire halte à la destruction du parti par cette petite poignée d’individus qui ne cherchent que leurs propres intérêts.

Il n’y a pas la main de Bah Oury derrière le mouvement des Jeunes de Bambéto

Les jeunes de l’axe Bambeto-Hamdalaye se sont mobilisés récemment autour d’une plateforme citoyenne qui s’engage à défendre les intérêts des populations de cette zone. Certains observateurs voient la main de Bah Oury derrière ce mouvement. Qu’en est-il réellement ?

Il n’y a pas la main de Bah Oury derrière ce mouvement. Bah Oury exprime des idées que partout que les jeunes gens surtout la nouvelle génération celle qui était dans la rue dans les années 2005 à 2007, c’est cette jeunesse qui a vu beaucoup de ses compagnons tombés pour la démocratie dans ce pays, de ne pas accepter d’être instrumentalisés et d’être utilisés par des gens qui recherchent leurs intérêts personnels et égoïstes. De ce point de vue, il faut qu’ils prennent leur destin entre leurs mains et mon ambition aujourd’hui c’est de voir pour des prochaines élections communales ici que ce soit des éléments issus de cette génération qui s’étaient sacrifiés et qui ont été victimes de beaucoup d’ostracisme, d’injustice, que parmi eux que le prochain maire soit issu de ses rangs.

Et ça, si quelqu’un dit que ces jeunes-là, c’est la main de Bah Oury, alors ce sera tant mieux. Mais, je veux que cette société se développe, que les gens prennent leur responsabilité, qu’ils voient les intérêts majoritaires et qu’ils agissent en fonction de la recherche de l’intérêt de la majorité de la population et on en a assez de voir l’axe Hamdalaye-Kagbelen toujours présenté comme un axe où il n’y a que de conflits, qu’insécurité. Je souhaite que dans les prochaines années que cet axe Hamdalaye-Kagbelen soit un axe de la prospérité et que cet axe soit comme les champs Elysées pour Conakry.

Et l’activité économique dans la capitale soit principalement concentrée autour de cet axe parce que c’est cela qui permettra de montrer que la Guinée va revivre et il y a beaucoup de gens qui ont investi et qui ont construit des immeubles qui n’arrivent même pas à les louer.  Aujourd’hui, ils sont dans la pauvreté, parce que certains veulent instrumentaliser les jeunes de l’axe pour leurs propres intérêts sans que ça aille dans l’intérêt collectif ou dans l’intérêt de la Guinée. Ça il faut que cela cesse.

Les actions sont en train d’être menées pour une réforme de la CENI. Le bruit court comme quoi le ministère de l’Administration du territoire pourrait reprendre le flambeau en matière d’organisation des élections en Guinée. Quelle est votre lecture de cette situation ?

Je pense que c’est une question de fond parce qu’on a tenté en 1993. J’étais parmi les premiers à évoquer l’idée d’une gestion paritaire des processus électoraux pour avoir une certaine assurance de la neutralité et de l’impartialité du processus. Depuis 1993, il y a eu beaucoup d’expériences qui ont été engagées. C’est là le Haut conseil aux élections et au-delà de notre pays beaucoup d’autres aussi se sont engagés dans des expériences analogues.

Aujourd’hui, on fait le bilan. C’est n’est pas un bilan élogieux. Les processus électoraux que ce soit en Guinée ou dans beaucoup de pays africains posent problème. On revient à la même situation où les élections étaient gérées directement par les ministères de l’Intérieur dans la plupart des pays sauf quelques exceptions notables comme le Ghana, le Sénégal, le Nigeria mais la plupart des pays, les CENI sont devenues sacs à problème.

Les cours suprêmes et les cours constitutionnelles dans la plupart des pays très souvent vont dans le sens des gouvernants sur place

Donc la réflexion doit être de mise à peu près de 25 à 30 ans d’expérience d’un processus. Il faut faire le bilan et savoir est-ce que nous sommes dans la bonne direction ou est-ce qu’il faut rechercher d’autres alternatives par ailleurs. La question que les élections soient l’apanage du ministère de l’Administration du territoire ou du ministère de l’Intérieur, c’est une hypothèse. Il y a d’autres hypothèses qu’il faudra explorer mais ça nécessite des discussions de fond, de la manière la plus générale. Et je dis que cette question va au-delà même du contexte local. C’est un contexte général africain qu’il faudra, pour lequel il faut trouver une solution.

Les crises politiques aujourd’hui ne sont pas simplement des crises dues à la gestion électorale par le gouvernement directement mais même par les CENI. Donc ça nécessite une réflexion de fond et de ne pas faire une réflexion bâclée. Je vois même au-delà du ministère de l’Administration du territoire une nécessité que l’action de la supervision judiciaire du processus électoral ne soit plus quelque chose qui soit simplement national que ça soit supranational. Les cours suprêmes et les cours constitutionnelles dans la plupart des pays très souvent vont dans le sens des gouvernants sur place.

Or, vous voyez ce qui s’est passé au Gabon. Il est nécessaire que la chaîne régulatrice des processus électoraux soit totalement transparente et indépendante pour donner les avis qui sont en conformité avec l’expression du suffrage universel dans la plupart de nos pays. Et c’est une démarche qui nécessite encore une fois une réflexion et non pas des réunions en catimini où on risque de faire des échafaudages qui ne règlent pas les problèmes alors qu’on risque de les renforcer encore davantage.

Nous sommes au mois de juin, et rien n’indique que les élections locales pourront se tenir cette année. A votre avis, cela ne dénote-t-il pas de la mauvaise foi du gouvernement, qui refuse pour la énième fois d’honorer le chronogramme des élections communales et communautaires ?

Non ! La question est plus complexe que cela. Premièrement, il y a une loi qui a été votée le 23 février 2017 avec  l’adoption de nouveau code électoral. Ce nouveau code électoral tel qu’il est présenté n’est pas en conformité avec la constitution et n’est pas susceptible de nous permettre d’avoir des élections stables, des élections qui permettent l’expression réelle du soufrage universel. La nomination des chefs des quartiers et des présidents de districts par des conseillers élus n’est pas une bonne situation. Il faudrait que l’expression soit plurielle, qu’elle soit plus large et qu’elle soit libre

La gestion de proximité de nos villes pose un sérieux problème. On ne peut pas  faciliter la mise en place d’oligarchies politiques qui vont étouffer les votes des électeurs. L’Amérique latine a connu pendant près d’un demi-siècle ce genre d’attitudes de pratique qui ont été dépassées suite à des insurrections populaires ou à des mouvements de révolte.

En Guinée, nous devons allez vers une nouvelle décentralisation. Il y a des possibilités qui existent. J’ai déjà indiqué à beaucoup des structures par la note que j’ai formulée mes critiques par rapport à cette loi et des propositions alternatives pour trouver la solution qui nous permettra d’aller dans le sens de la constitution et de la décentralisation en utilisant l’exemple du Sénégal.

Dans les quartiers et les districts, il y a des conseils consultatifs qui sont composés par des différentes associations des forces vives du quartier et du district et qui siègent et qui peuvent élire selon une nomenclature que le ministère de l’Administration du territoire peut formuler. Ils peuvent élire un bureau et le responsable du bureau qui sera le chef du quartier ou le président du district ce sera des décisions qui émanent de la population qui sont en adéquation avec la constitution et qui sont dans le sens de renouvellement de l’espace démocratique et de développement de la citoyenneté.

Ça c’est une position que j’ai trouvée  formidable pour nous permettre de dépasser l’impasse actuelle. Si le maire va élire et va nommer le chef de quartier avec tout ce que vous connaissez des pratiques de mal gouvernance et des pratiques népotistes dans ce pays, il va de soi que beaucoup de zones  de notre pays deviendront des zones d’instabilité. La cour constitutionnelle n’a pas encore statué officiellement sur la question. J’espère qu’elle le fera le plus rapidement possible pour nous permettre d’avoir une loi qui sera revue par l’assemblée nationale en conformité avec la nécessité de respecter la constitution, de respecter l’intérêt général, de respecter le processus de décentralisation, de contribuer au renouvellement de la dynamique sociale de citoyens à la base.

Donc, les élections ne peuvent pas se tenir dans ce contexte. Si la loi est revue, il faudra attendre encore 6 mois parce qu’il faut respecter le pacte de gouvernance de la CEDEAO  qui dit : lorsque vous modifiez un aspect de la loi électorale pour maintenir l’équité entre tous les acteurs, il faudra les donner le temps de s’y préparer. Donc il y aura quelle que soit la décision en principe si on veut respecter le traité que nous avons signé, il faudra une période de 6 mois avant qu’il y ait des élections communales. Donc, on n’est pratiquement fin juin, dans 6 mois ce sera fin décembre, cela veut dire que pour l’année 2017 au regard de ces contraintes juridiques, il est difficile d’envisager des élections dans l’année 2017.

Il est souhaitable qu’au cours du premier trimestre 2018 que tout soit fait pour que les élections communales puissent se tenir pour permettre le renouvellement de la classe politique, l’émergence d’une nouvelle gouvernance locale, parce que ce sont des piliers indispensables pour la reconstruction de l’Etat guinéen.

On assiste à des zones d’insécurité un peu partout et même la population rend elle-même justice

La gouvernance actuelle n’a pas l’air d’offrir une alternative aux Guinéens, avec la corruption et l’insécurité, ainsi que l’incurie, qui demeurent des fléaux dont l’administration a du mal à se départir. Partagez-vous ce constat?

La réalité, est ce qu’elle est. On assiste à des zones d’insécurité un peu partout et même la population rend elle-même justice. Ce qui est condamnable dans le cadre de l’Etat droit. Pour éviter l’amplification de ces dérives, il est indispensable de repartir sur le bon chemin. C’est la raison pour laquelle, la question de la gestion des communes doit être la priorité des priorités pour ramener une gouvernance normale dans notre pays.

Ce n’est pas au président de la République d’être interpelé lorsqu’il y a un problème dans une localité. C’est à la commune d’intervenir parce que toutes les questions relatives à la proximité relève de la commune. La question de la sécurité, la question de  route dans les quartiers, la question de l’éclairage public, la question de déchets, la question scolaire pour l’école primaire et le collège et la question de loisirs, l’essentiel de l’activité du citoyen relève directement de la gestion communale. Et si la gestion communale n’est pas bonne, il ne faut pas s’étonner; rien ne soit bien. Cela a fait plus de 20 ans la commune n’a jamais fonctionnée correctement.

L’idée était généreuse au début avec l’arrivée du Général Lansana Conté au pouvoir avec le CMRN. La décentralisation a été accueillie avec bonheur avec toute la population guinéenne. Mais depuis qu’il y a eu le multipartisme, on a dit qu’il faudrait des partis pour présenter des listes. Il va de soi que la question a été biaisée. Parce qu’au lieu d’aller dans le sens des intérêts des populations, les gens sont allés dans le sens des intérêts d’un petit groupe des personnes qui veulent s’accaparer du pouvoir et pour le gérer à leur profit simplement. C’est la raison pour laquelle la commune de Conakry n’évoque rien dans l’esprit des gens que ce soit la commune de Ratoma qui est une commune relativement riche. Il y a rien, qu’est-ce que les citoyens attendent de la commune ?

Regarder les amoncellements de déchets partout. La construction de l’école primaire, c’est la commune qui doit construire les écoles primaires conformément au texte qui sont en vigueur dans ce pays.  Mais rien n’est fait correctement. Donc il faut voir les choses de la manière la plus simple et se rendre compte qu’on n’est pas du tout parti du bon pied.

Quelqu’un ne peut être président de la République quelle que soit sa volonté si la base n’est pas bien articulée en relation avec un contrôle social effectif démocratiquement mis en place,  c’est la corruption, c’est la gabegie, ce sont des intérêts matériaux qui vont prédominer au détriment des intérêts de la grande majorité de la population.

Je pense que la population va distinguer le bon grain de l’ivraie

  L’opposition apparaît de plus en plus divisée ces derniers temps. Et cette affaire de subvention accordée à son chef de file Cellou Dalein Diallo n’aura fait qu’exacerber cette tension. N’est-ce pas le pouvoir d’Alpha Condé qui  sort plutôt renforcé de ces bisbilles?

Non beaucoup  de choses qui ont été critiquées depuis longtemps qui sont mises maintenant sur la place publique et les citoyens commencent à comprendre que le fait que certains soient en politique, ce n’est pas pour des convictions allant dans le sens de l’intérêt général pour servir la population. Ils viennent en politique pour se servir et là c’est désastreux comme image, pas simplement pour eux-mêmes mais pour la classe politique qui est éclaboussée par cela.

Je pense que la population va distinguer le bon grain de l’ivraie. Et de l’autre côté, aussi par rapport à la politique générale, vous savez, il y a un cycle politique qui est en train de mourir. Ce cycle politique qui date depuis l’indépendance jusqu’à présent est en train de mourir. C’est le cycle qui a géré ce pays depuis l’indépendance et très souvent il n’y a pas eu un apport positif fondamentalement novatoire dans l’intérêt de la population.

Mais à côté, il y a un notre cycle qui est en train d’émerger. Et je pense qu’il faut penser que ce nouveau cycle qui émerge va être le cycle vertueux qui va transformer profondément la Guinée. En d’autre terme, je veux dire, il y a une classe politique qui est en train de disparaître, il y a une autre classe politique qui est en train d’émerger. Et maintenant en fonction de l’attitude de positionnement des uns certains vont disparaître de la chaine parce qu’ils ne représenteront plus grand-chose. Ils représenteront un monde qui est en train de partir et ceux qui sont en relation avec la population qui sont en phase avec les attentes et les aspirations de la grande majorité de la population vont faire partie de ce nouveau cycle émergent que j’espère parviendra à changer la donne dans les années à venir.

Si on transgresse toutes les règles, il va de soi que c’est un climat d’ingouvernabilité qui peut s’instaurer

Le chef de l’Etat a eu récemment des échanges houleux avec des étudiants autour de cette histoire de tablettes qui leur ont été promises. Ne pensez-vous pas que le président a eu tort de perdre son sang-froid  face à ces jeunes ?

Je pense que chacun d’entre nous est humain. On peut avoir des fois des attitudes qui peuvent ne pas être les attitudes les plus appropriées pour certaines situations. C’est le cas lors de l’inauguration de ce forum des étudiants guinéens. C’est tout à fait humain mais de l’autre côté aussi, je pense que les enfants ont le droit de réclamer ce qui a été promis. Il n’est pas du tout acceptable que ces enfants invectivent le président de la République parce que vous savez le président de la République à travers lui, c’est toute la nation. Donc il y a des limites à ne pas franchir dans le respect et dans certains types d’attitudes parce que, ce n’est pas par rapport à la personne, c’est par rapport à l’institution que la personne représente à qui il faudrait accorder le respect indispensable pour que le pays puisse évoluer dans un contexte de gouvernance tout à fait institutionnalisé et respecté.

Si on transgresse toutes les règles, il va de soi que c’est un climat d’ingouvernabilité qui peut s’instaurer. Et nous savons ce que ça induit dans les pays où c’est l’ingouvernabilité  totale. Ce n’est que la violence et je pense qu’il faut attirer l’attention des uns et des autres. Il y a des limites à ne pas franchir dans l’irrespect vis-à-vis des représentants des institutions de la République.

Entretien réalisé par Alpha Amadou et Moussa Thiam (Le Démocrate)     

 

 

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