Censure

Exclusif/ Voici pourquoi la Guinée a été classée sur la liste américaine des pays trafiquants d’êtres humains

A la publication du rapport annuel du Département d’Etat américain, accusant notamment la Guinée d’être parmi les pays qui trafiquent l’être humain et surtout, tolèrent les enfants soldats, de nombreux Guinéens qui ne connaissent pas leur pays directement engagé dans des conflits armés, se sont étonnés.

En réalité, la Guinée, selon une source gouvernementale que nous avons contactée, se retrouve sur cette liste noire, pas parce qu’elle utilise les enfants soldats, mais parce que d’ici ‘‘partent illégalement de nombreux mineurs vers les pays de la sous-région (Sénégal, Gambie, Mauritanie) et vers les pays du Golfe’’, nous dit notre source.

Les Américains n’auraient pas apprécié le laxisme de l’Etat guinéen à lutter efficacement contre ce fléau. ‘‘Il est vrai que les services de Moussa Tiegboro démantèlent depuis peu les réseaux. Mais les présumés coupables sont souvent relâchés après’’, déplore une source proche du dossier.

En janvier 2016, les services de sécurité de Koundara, en Moyenne Guinée, ont intercepté au poste frontalier de Bhoundou Fourdou, un convoi de véhicules transportant au total 48 mineurs âgés de 4 à 15 ans. A l’époque, le préfet de Koundara, Hassane Sanoussy Camara, expliquait à la presse qu’‘‘un convoi des enfants âgés de 4 à 7 ans dans deux véhicules en provenance de Wendou M’Bourou, dans la préfecture de Gaoual avait été arrêté. C’est le Directeur Préfectoral de la Douane de Koundara qui se rendait à Boké qui a entendu ses enfants pleurer n’importe comment dans les deux véhicules. Il a signalé le véhicule, mais le chauffeur a refusé d’obtempérer. L’agent a alors alerté immédiatement Koundara pour que le véhicule soit intercepté et fouillé parce qu’ils y avaient des enfants à bord. Ainsi, arrivé au poste frontalier de Bhoundou Fourdou, aux environs de 4 heures du matin, les agents ont trouvé effectivement 17 enfants dans le véhicule, avec un convoyeur en partance pour la Mauritanie’’.

Au commissariat de Police, le convoyeur a indiqué que les enfants lui ont été donnés ‘‘pour aller étudier le coran au Sénégal et en Mauritanie’’.

Ces pareils cas sont légion dans cette zone. Et dans tous les cas, les autorités ont promis de transférer les dossiers à la Justice. Sans suite.

Récemment, le Secrétariat général à la présidence chargé des services spéciaux, la lutte contre la drogue et du crime organisé de Moussa Thiegbora Camara, a démantelé un réseau de trafic humain de la Guinée vers les pays du Golf. Les présumés trafiquants ont été interpellés et présentés à la presse. On en est là pour le moment.
‘‘Les Américains nous accusent de n’avoir pas fait beaucoup dans le démantèlement des réseaux et surtout de n’avoir jamais fait aboutir le procès contre les présumés trafiquants’’, nous signifie notre source gouvernementale.

Pour rappel, la position de la Guinée sur la liste noire des pays trafiquants d’êtres humains peut lui coûter des restrictions dans l’assistance américaine à l’arrêt des échanges culturels ou éducatifs avec les Etats-Unis.

Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com

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