Un conflit domanial oppose la famille de Hadja Mariagbè Kaba à celle du feu Lieutenant Ibrahima Camara au secteur Orange dans le quartier Enta marché, dans la commune de Matoto, en banlieue de Conakry. Après plusieurs procès autour du domaine, la famille Kaba vient d’être expulsée de la concession qu’elle occupait depuis 26 ans.
‘‘On a acheté ce domaine en 1991. Nous sommes venus ici en 1993. En 1996, un gendarme du nom d’Ibrahima Camara qui est décédé est venu réclamer le domaine. Il avait même menacé d’ouvrir le feu sur mon jeune frère. Après la mort de Conté, il est revenu encore. On nous a convoqués au camp où nous avons eu raison sur lui. En 2010, il y avait eu un faux jugement qui dit que la concession n’est pas pour nous. Par après, ils sont venus nous mettre dehors’’, explique Alpha Kaba, porte-parole de la famille Kaba.
Je me demande comment faire avec la difficulté d’avoir un logement à Conakry surtout en cette période hivernale
‘‘Après plusieurs convocations et démarches, dans la nuit du jeudi 22 au vendredi 23 juin 2017, environ 50 loubards et quatre pickups remplis de gendarmes de l’ECO 17 sont venus tout saccagé. Ils ont emporté certaines tôles et portes, après avoir mis tous nos biens dehors. Ceux qui ont tenté de résister ont été brutalisés. Si le Général Baldé de la Gendarmerie n’avait pas intervenu, ils allaient démolir les murs aussi. Ma grande sœur a été arrêtée puis libérée’’, ajoute le porte-parole de la famille Kaba.
Ansoumane Touré, fonctionnaire à la retraite qui habite dans cette concession depuis 2013, témoigne : ‘‘La première fois, ils étaient venus mettre tous nos effets dehors. Pendant une semaine on a passé la nuit à la belle étoile. Fort étonné, cette fois-ci encore, ils sont revenus pour saccager tout et mettre nos biens et nos enfants dehors sans nous prévenir. Ils n’ont même pas tenu compte qu’il y a des locataires ici. Maintenant, on se retrouve de nouveau au dehors avec nos familles. Je me demande comment faire avec la difficulté d’avoir un logement à Conakry surtout en cette période hivernale.’’
Pour les empêcher de reloger, on a enlevé les tôles et les portes
Par ailleurs, Oury Bailo Diallo, président du conseil de quartier d’Enta marché affirme avoir tenté sans succès une médiation entre les deux familles. ‘‘J’ai appelé personnellement la vieille et son fils (la famille du défunt lieutenant Camara, NDLR) pour qu’ils acceptent de négocier afin que l’autre partie puisse avoir une parcelle et demie. Ils m’ont dit niet, qu’il n’y a pas de négociation’’, révèle M. Diallo.
Et Maitre Aliou, huissier de justice qui représente la famille du feu Ibrahima Camara de justifier le décoiffage du bâtiment. ‘‘Pour les empêcher de reloger, on a enlevé les tôles et les portes’’, a-t-il lancé.
Bhoye Barry pour guinee7.com