Le président du groupe parlementaire du RPG-arc-en-ciel Amadou Damaro Camara déplore dans cet entretien qu’il a eu avec la radio Lynx FM, le refus de l’opposition d’entendre raison et de vouloir coûte que coûte battre le pavé. Il a tenu à dire que la crise qui sévit au sein de l’opposition depuis la création du FAD, n’était pas son problème…Décryptage.
Le code électoral, il a été demandé au gouvernement de suivre la mise en forme de ce code électoral, qu’en est –il aujourd’hui, même les juristes n’arrivent à s’entendre sur cette mise en forme ?
Ça, c’est l’affaire des juristes, nous ne sommes pas dans un débat juridique, nous sommes dans un débat politique. On a demandé à ce qu’on dote le pays de code électoral, une loi ne requiert pas l’unanimité, si elle est là, tant mieux, si elle n’est pas là c’est une majorité, ce n’est pas un consensus, nous ne demandons pas l’unanimité. Une loi aussi ne demande pas à ce que tout le monde soit d’accord. Tout le monde ne peut pas être d’accord sur une loi mais la réalité est qu’un point d’accord demandait à ce qu’on ait un code électoral. Nous avons eu le code électoral, quand on parle de la démocratie après l’assemblée une loi organique doit aller à la Cour constitutionnelle, si nous voulons le respect des institutions, il ne revient ni à l’exécutif ni au législatif de demander au judiciaire d’aller vite ou d’aller dans un sens ou d’aller dans un autre. Ils ont pris leur arrêt, ils ont rejeté certains aspects de ce code et on demande ce qu’ils veulent c’est de la mise en forme conformément à l’arrêt de la Cour constitutionnelle qui est sans appel pour être promulgué, c’est ça la procédure.
Alors pour cette mise en forme qu’est-ce qu’on peut faire?
Quand on dit par exemple nous avons mis là-dedans qu’en cas de nécessité, la CENI et le gouvernement peuvent décider du couplage des élections. La Cour constitutionnelle nous a rappelés ‘’attention’’, il ne revient pas au gouvernement, la constitution dit que c’est la CENI donc ça ne peut être que la CENI seulement qui peut décider ce genre de choses.
Deuxièmement nous avons dit la dedans ce que doit être le rôle des femmes ; on nous a rappelé, attention dans la constitution il n’y a pas de distinction entre les citoyens, ce qui est accepté c’est la Cour constitutionnelle, elle y maintient et que l’on envoie à la promulgation. Nous sommes déjà dans ce processus ensuite la loi sur la CENI, nous avions une proposition des lois qui avait une chance sur un million de lois. Je suis allé voir le chef de file de l’opposition pour lui dire nous venons de faire une expérience qui a été concluante. Il y a un groupe parlementaire à l’assemblée, faisons une commission ad hoc pendant l’intersession, c’est-à-dire d’ici octobre qui va commencer déjà à réfléchir, c’est une loi organique qui demande une majorité qualifiée de 2/3 au moins pour être adoptée. Mettons-nous ensemble, réfléchissons à une forme de CENI consensuelle qui peut être acceptée par tous, pour qu’en octobre nous ayons au moins une ébauche de loi lesquelles nous pouvons éventuellement discuter au mois d’octobre.
Il dit non Damaro, il y a une procédure, nous avons fait une proposition des lois même si on enlève les 99%. Bon je lui ai dit écoute, évidemment il ne connait pas les procédures parlementaires, ça je le dit. Il est compétent dans d’autres domaines mais la procédure non il ne connait pas. Une proposition des lois qui ne survient à l’inter commission est morte, on ne peut même plus la ramener. C’est ça la procédure et nous avons eu cette réunion de différentes commissions, et on est tombé d’accord sur notre désaccord ; aujourd’hui on n’a pas de proposition de loi alors que la formule que j’avais proposée, leurs propositions des lois est restait un des documents de travail ou de référence sur lesquels on pouvait continuer de travailler.
Pourquoi ça n’a pas marché ?
Parce qu’on veut faire de la politique, on ne veut pas faire de l’efficacité, on veut faire du dogmatisme, on ne veut pas faire de l’efficience, c’est ça la réalité.
A entendre ce qu’ils ont proposé, un texte qui n’était ni politique et une CENI purement technique…
Une CENI purement technique ; quand on dit réduisons le nombre de commissaires de 25 à 11 et que ces 11 soient désignés par les députés, c’est peut-être plus politique que ça. Imaginons que le groupe RPG désigne des commissaires, le groupe de l’UFDG désigne des commissaires qui doivent être à la CENI, mais ce sont des gens qui vont se regarder en chiens de faillances. Nous n’allons jamais avoir des consensus parce que nos intérêts sont radicalement opposés. On ne pouvait même pas faire une politique, que ça et c’est la même plus politique que celle qui existe actuellement. Et ça été élaboré dans un contexte toujours de crise artificiellement crée. Avant c’était déposé par l’UFR et l’UFDG. Et l’UFR n’est plus solidaire de ces mêmes revendications, on n’avait quelque chose d’hybride, on avait quelque chose de bancal, on ne pouvait pas en sortir une loi, ils le savaient déjà d’ailleurs.
Qu’est-ce que la mouvance a proposé ?
C’est ce que je viens de dire, nous avons eu un séminaire, nous avons eu un atelier qui nous a enseigné, qui nous a montré comment ça se passe à Dakar, en Côte d’Ivoire, au Burkina. Nous étions suffisamment outillés pour dire tirons l’expérience de comment ça se passe ailleurs. Proposons quelque chose à la Guinée, en nous mettant ensemble. Les trois groupes réfléchiront et proposeront quelque chose à la plénière. On nous a dit plus que le dogmatisme, il fallait sortir une loi de ce qu’ils ont proposé, ils ne nous ont pas obligé d’accepter ce qu’ils ont proposé, surtout qu’il n’y avait rien à y prendre dedans, c’était aussi simple que ça, c’est pourquoi j’ai dit que je suis déçu de la classe politique quand on ne veut pas, on préfère le dogmatisme au pragmatisme. On préfère la politique politicienne, aux règlements des vrais problèmes. Donc on est dans cette logique, moi je laisse couler c’est pourquoi je dis par exemple aussi longtemps qu’ils sont dans la rue, nous n’allons pas participer à des réunions de comité de suivi parce que nous ne ferons absolument rien sur la pression de la rue. J’espère que le trois août, eux ils feront la marche le 2 août que le 03 août la gouvernance d’Alpha Condé va être comme ils le veulent eux, on aura la date des élections le trois. On n’aura une très bonne CENI le 03 août, sans y réfléchir parce qu’ils auraient marché, c’est ça la réalité.
Alors quels sont sur les trois autres points de cet accord politique du 12 octobre, on va parler du fichier électoral, où en est-on ?
Le fichier électoral, les deux dernières séances, la CENI a participé, au comité de suivi, nous avons désigné deux personnes pour aller à la CENI. C’est ce qui a correspondu à leur crise interne et de toute façon, ce fichier interne électoral ne sert pas aux élections de maintenant. Ça doit servir aux élections de fin 2018, à la présidentielle de 2020. Donc c’est vrai que c’est un point d’accord mais ce n’est pas aussi pressé qu’il faille aller dans la rue aujourd’hui pour l’obtenir aujourd’hui et ne l’employer qu’en 2018, c’est ça le manque de réalisme de nos collègues de l’opposition. Le Front FAD qu’ils ont créé qu’ils ont appelé Front anti Dalein.
Non ! C’est le front pour l’alternance démocratique
Non ! Moi je l’appelle Front anti Dalein.
D’accord ça c’est votre appellation, il y a aussi le point sur l’indemnisation des victimes de violence des manifestations de 2013. Aujourd’hui est-ce qu’un accord a été trouvé et quelles sont les victimes parce que vous avez dit que cette structure qui est le GOHA, ce n’est pas elle qui doit recenser ces victimes ?
Non ! Vous faites un amalgame, il y a d’abord les victimes de cas de décès. Au comité de suivi c’est ce qui est d’actualité. Il y a des victimes de pillages. On nous dit non, il ne faut pas attendre la justice, il faut décider de quelque chose. Le GOHA d’abord surpasse ses attributions, ce n’est pas une organisation syndicale, ce n’est pas une organisation qui peut demander comme ils le disent Amadou Damaro fais ceci, Amadou Damaro fais cela. Comme si c’était moi qui devrais décider de leurs 222 milliards, ça c’est de l’illusion. Je n’aime pas les gens quand ils aiment qu’on leur dise ce qu’ils veulent entendre au lieu de leur dire la vérité, ils croient que la Guinée va juste décider parce qu’ils ont fait une étude, on dit qu’ils ont employé des huissiers, moi je peux dire à l’huissier ce n’est pas un inventaire. Ils sont venus dans une boutique casser, dire à l’huissier voici ma boutique qui est cassée, j’avais un milliard de marchandises dedans, c’est de cela qu’il s’agit, moi je ne suis même pas à ce niveau.
Je leur ai dit que le débat n’est même pas encore au niveau de l’indemnisation des pillages, nous avons eu des cas de décès, pour vous montrer ma bonne foi ou notre bonne foi pour mieux dire, nous avons dit aux collègues de l’opposition attention nous sommes dans le social, indemniser ne peut pas faire revenir les morts. Ce n’est qu’une simple reconnaissance pour compatir à certaines douleurs. Mais si vous vous limitez à 2013 et dites à ceux de 2014, les vôtres ne sont pas morts à bonne date. Nous créons plus des problèmes que nous n’en résolvions, allons-y de 2011 à 2016, ça nous permettra de couvrir le mandat du président Alpha Condé, c’est une réflexion puisqu’ils sont toujours suspicieux, il y a une partie qui dit que c’est une bonne idée, l’autre partie dit que c’est une proposition cavalière. Finalement on risque de vouloir encore changer d’autres points.
Quand on a un accord surtout un accord politique ; ce n’est pas une science exacte, il faut rester beaucoup dans l’esprit que dans la lettre, comme on dit, il faut lier la lettre, le texte au contexte. C’est ce qu’on a toujours demandé ; qu’on lie le texte au contexte, mais pas le contraire. Maintenant mais ils préfèrent le texte, finalement nous n’avons pas tout réglé. À la dernière réunion, nous avons dit que nous avons une liste qu’on allait déjà se voir, ce qui ne veut pas être débattu en public non plus. Il faut négocier les montants de ces indemnisations. Bon sang de Dieu ! Pendant qu’on se proposait de se retrouver s’ils sont dans la rue, moi je leur dirai bonne chance dans la rue après on en parlera.
Depuis la création du front pour l’alternance démocratique (FAD) puisque vous dites que c’est le front anti Dalein par trois leaders de l’opposition républicaine aujourd’hui ils sont au nombre de cinq partis, les opposants ne se font plus de cadeau. Votre lecture de cette situation aujourd’hui dans l’opposition guinéenne?
C’est les conséquences de certaines démarches de la classe politique, qui sont devenues beaucoup plus démagogues, que le fait de la politique pour arranger les affaires de la cité.
Je dois avouer, je dois encore saisir cette opportunité, j’étais encore désolé, j’étais encore déçu de la déclaration de M. Cellou Dalein Diallo, je pense à Démoudoula, c’est ce qui lui arrive souvent, il croit que les Guinéens ont la mémoire très courte.
Ce n’est pas le premier déguerpissement, il était dans le gouvernement quand on a déguerpi Kaporo rail. A cette occasion il a dit que c’était normal que l’Etat mette fin à des constructions anarchiques, surtout à Démoudoula, quand ça menace les sources d’eau, quand c’est des rivières qui doivent disparaître.
On ne peut pas aller dans le réalisme parce que tout simplement il faut tout dénoncer parce que tant qu’on n’est pas soit même au pouvoir, tout ce qui se passe est mauvais, ce n’est qu’une conséquence, nous ne sommes pas, nous ne poursuivons pas des idéaux, nous poursuivons des intérêts souvent très égoïstes.
Parce que les rôles ont changé, en ce moment c’était le gouvernement Conté aujourd’hui c’est l’opposition…
Oui, en ce moment ils étaient au gouvernement, heureusement nous savons encore ce qui s’est passé même si on ne veut s’arroger que le côté positif, il veut assumer que le côté positif du bilan. Oui, j’ai fait des ponts mais le reste du passif du régime du général Lansana Conté, non ! Ça c’est le général, moi je ne prends que le côté positif, c’est ça la responsabilité, c’est ça le manque de probité intellectuelle et morale. Et je regrette la classe politique, si nous avions des objectifs précis, la population nous aurait mieux acceptés, aujourd’hui la population est complètement désaffectée, par le comportement de la classe politique. On a un langage quand on a le miel dans la bouche, un autre langage quand on le perd dans la bouche. C’est ça la réalité. De toutes les façons, mon opinion sur ce qui se passe à l’intérieur de l’opposition, ce n’est pas du tout mon problème…
La première réunion du FAD, les membres de ce front ont demandé la dissolution de la CENI. Qu’est-ce que vous en pensez?
Il y a des actions à prendre au niveau de la CENI.
Quelles sont ces actions?
Premièrement, la première question qu’on se pose : est-ce que la CENI est à même d’accomplir sa mission? C’est le gros point d’interrogation. Dès qu’on a la réponse à cette question, on peut entreprendre des actions, encore une fois est-ce que la classe politique se mettrait réellement autour de la table pour établir une loi, pour faire une institution pérenne qui va servir non seulement les prochaines élections mais qui va servir la prochaine génération?
Pourquoi il y a des CENI ailleurs qui ont survécu même au régime, le cas du Burkina. Pourquoi il y a des CENI ailleurs au Ghana qui ont survécu à plusieurs présidents? Pourquoi depuis toujours le ministère de l’Administration de l’intérieur au Sénégal organise la supervision du CENA, ça marche ? Il y a l’alternance, pourquoi chez nous ça ne peut pas marcher? Parce qu’au-delà des textes, on a un problème de culture politique extrêmement grave. Et ça je le tiens du ministre Gassama quand il était encore dans la société civile, qui disait que : ‘’ rien que par ton patronyme tu es forcé d’appartenir à un camp. Aussi longtemps qu’on a cette culture les textes ont beau être beaux, bons, aillant toutes les qualités, leur application posera toujours des problèmes’’.
Comment changer cette situation?
En respectant la loi, en ne demandant pas toujours les consensus, c’est ça aujourd’hui notre opposition. Nos minorités à l’assemblée qui ne peuvent pas obtenir des lois à l’assemblée préfèrent aller dans la rue pour créer des crises, aller à des dialogues pour lesquels on met du n’importe quoi et qui, tout de suite dès qu’on commence à les appliquer se heurtent à leur applicabilité.
La manifestation en Guinée elle est quand même constitutionnelle…
La manifestation est légale partout dans toutes les démocraties, c’est constitutionnel mais en France, il y a 365 manifestations par an, c’est-à-dire tous les jours en France. Aux États-Unis, il y a moins, mais voyez les conséquences sur les pays. Il faut avoir un motif, des motifs justes pour exister. Il faut se mettre dans le contexte guinéen, c’est très facile de créer la marche des mécontents. Cellou Dalein est président demain, après-demain, il est mécontent dès qu’il forme un gouvernement, il y a des mécontents, ce n’est pas par une baguette magique qu’on peut rendre tous les Guinéens riches du jour au lendemain ou de les sortir de la pauvreté du jour au lendemain. Si tu veux mettre des pauvres ou des mécontents dans la rue, mais tu en as beaucoup mais le problème, c’est qu’il croit que tous ces mécontents sont ses militants.
Il croit que tous ces mécontents croient en lui comme si on ne l’avait pas vu à l’œuvre avant. Et l’objectif c’est de déstabiliser, c’est d’aller plus vite, c’est ce que je lui dis quand il se réveille le matin, il se regarde dans le miroir, il compte le nombre de jours qui le sépare de la présidence, comme s’il avait une garantie de Dieu. Et c’est ce qui motive aujourd’hui tout son comportement.
Une synthèse d’Alpha Amadou Diallo