Des pluies torrentielles accompagnĂ©es de coulĂ©es de boue et de glissements de terrain ont surpris en pleine nuit les habitants de la capitale de la Sierra Leone, Freetown, faisant au moins 312 morts et 2.000 sans-abris selon un bilan qui risque encore de s’alourdir.
Ces inondations, qui font d’ores et dĂ©jĂ partie des plus meurtriĂšres en Afrique au cours des 20 derniĂšres annĂ©es, sont survenues vers 4 heures du matin, selon des tĂ©moins.
Un journaliste de l’AFP prĂ©sent sur les lieux de la catastrophe aprĂšs le lever du jour a vu des corps de victimes portĂ©s Ă bout de bras par des habitants et des maisons submergĂ©es par des coulĂ©es de boue dans deux quartiers de la ville, oĂč des rues se sont transformĂ©es en riviĂšres en crue.
Tout au long de la journĂ©e, le bilan n’a fait que s’alourdir: d’abord 18 morts, selon la Croix Rouge locale, puis 180, selon une source hospitaliĂšre. Dans l’aprĂšs-midi, il est montĂ© Ă 312 morts, selon un nouveau dĂ©compte de la Crois Rouge.
Mais il pourrait ĂȘtre encore plus Ă©levĂ© au final, a expliquĂ© un porte-parole de la Croix Rouge, Patrick Massaquoi, alors que les services de secours Ă©taient toujours dans les quartiers oĂč des maisons ont Ă©tĂ© emportĂ©es par des glissements de terrain.
Corps entremĂȘlĂ©s
A la morgue de l’hĂŽpital Connaught, l’espace manquait pour accueillir tous les corps, dont ceux de nombreux enfants, a expliquĂ© Ă l’AFP un employĂ© de l’hĂŽpital, Mohamed Sinneh.
D’autres corps Ă©taient emmenĂ©s vers des morgues privĂ©es, a-t-il ajoutĂ©.
Des images impressionnantes diffusĂ©es par des mĂ©dias locaux montraient des habitants traversant des rues avec de l’eau jusqu’Ă la taille et des corps Ă©tendus sur des sols dĂ©trempĂ©s.
De violents torrents d’eau rougie par la boue dĂ©valaient des collines entre des petites maisons aux toits en tĂŽle ondulĂ©e.
Une ONG locale, Society 4 Climate Change Communication (S4CCC-SL), a publiĂ© sur Twitter des photos de cadavres, dont une montrant cinq corps entremĂȘlĂ©s et maculĂ©s de terre, dont celui d’au moins deux femmes et d’une petite fille.
Une partie de la colline surplombant le quartier de Regent s’est effondrĂ©e sur des habitations, ont aussi rapportĂ© les mĂ©dias locaux.
Six mois de pluie par an
Fatmata Sessay, qui vit au sommet d’une colline dans le quartier de Juba, a expliquĂ© qu’elle-mĂȘme, son mari et leurs trois enfants avaient Ă©tĂ© rĂ©veillĂ©s vers 04H30 du matin par de fortes prĂ©cipitations s’abattant sur leur maison en terre, qui a ensuite Ă©tĂ© inondĂ©e.
La famille a rĂ©ussi Ă s’Ă©chapper en montant sur le toit. « Nous avons tout perdu, nous n’avons plus d’endroit pour dormir », a-t-elle expliquĂ© Ă l’AFP.
« Plus de 2.000 personnes sont sans abri », a estimĂ© une responsable des services de secours, Candy Rogers, alors que la Sierra Leone est l’un des pays les plus pauvres d’Afrique avec environ 60% de sa population vivant sous le seuil de pauvretĂ© selon les Nations unies.
Il pleut six mois par an et les inondations constituent un danger rĂ©current Ă Freetown, ville surpeuplĂ©e d’environ 1,2 million d’habitants oĂč des habitations prĂ©caires sont rĂ©guliĂšrement emportĂ©es par des pluies torrentielles.
En septembre 2015, des inondations avaient fait 10 morts et quelque 9.000 sans-abris dans la capitale de ce pays anglophone d’Afrique de l’Ouest.
Le ministre de la SantĂ© avait Ă l’Ă©poque mis en garde contre les risques accrus de maladies liĂ©es Ă l’eau, comme le cholĂ©ra.
Avec la GuinĂ©e et le Liberia, la Sierra Leone fait partie des pays d’Afrique de l’Ouest qui ont Ă©tĂ© les plus affectĂ©s par une Ă©pidĂ©mie d’Ebola entre 2013 et 2016 qui a fait plus de 11.300 morts et contaminĂ©e prĂšs de 29.000 personnes.
D’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, l’Afrique est rĂ©guliĂšrement confrontĂ©e Ă des inondations meurtriĂšres: plus de 6.000 morts entre octobre 1997 et janvier 1998 dans l’Est du continent (Somalie, Ethiopie, Kenya, Tanzanie, Ouganda), 764 morts et 125 disparus en AlgĂ©rie en novembre 2001 ou encore au moins 377 morts pendant la saison des pluies 2010 en Afrique de l’Ouest.
Avec AFP