Conakry, le 14 Août 2017 – Monsieur Jean Dangleterre, Chef de mission du Programme d’Appui à la Réforme du Secteur de Sécurité au sein de COGINTA en Guinée, est l’invité de la rubrique International de ce numéro de Le Bulletin du Gouvernement. Au cours de cette interview, il a expliqué les objectifs de ce programme, et donné quelques prévisions pour cette année 2017, pour la contribution à l’organisation et à l’amélioration du fonctionnement du secteur de la sécurité et de la protection Civile. Entretien.
Monsieur Dangleterre, bonjour et merci de nous accorder cet entretien. En guise d’introduction, pouvez-vous nous (re)préciser ce que vise la mission du programme d’appui à la réforme du secteur de sécurité?
Ce programme supporté par COGINTA, a pour objectif d’accompagner la réforme institutionnelle du secteur de la sécurité, de la protection civile, et de la police nationale, afin de nouer des liens de confiance entre la police et la population, pour créer un partenariat qui contribue également à instaurer la sécurité. COGINTA est impliqué dans plusieurs domaines du département de la sécurité ; il existe un comité national de pilotage au niveau de l’organisation de la coordination de la réforme, chargé d’évaluer en permanence la mise en œuvre des activités menées dans le cadre de la réforme, et qui sont codifiées dans un document intitulé Stratégie Nationale d’Actions Prioritaires.
Une activité au niveau du ministère de la sécurité, est axée sur la gestion des ressources humaines. Il y’a une volonté qui avait été exprimée lors de la formulation des projets, pour que les différents ministères du secteur de la sécurité soient en charge de la gestion du recrutement et de la gestion de carrière de leur personnel. On a donc défini une politique générale de gestion des ressources humaines, validée par le premier ministre et enfin, il existe une grosse opération qui concerne un audit, réalisé au ministère de la sécurité et de la protection civile, qui est une première, et qui a pour but de produire un document synthèse des préconisations qui sont formulées par les différents auditeurs, pour permettre au ministère de la sécurité de répondre à ses missions en se restructurant et en redéfinissant son mode de fonctionnement.
Quelles sont vos prévisions pour cette année 2017 ?
Dans le domaine de la GRH, on va opérationnaliser cette direction des ressources humaines, pour qu’elle soit effectivement en mesure de contribuer.
Nous avons déjà mis en place depuis quelques mois, des services opérationnels de qualité, concernant la direction nationale de la police judiciaire, avec une direction d’appui permettant de mieux collecter et exploiter les informations judiciaires, mais aussi de mettre en œuvre les informations recueillies avec une brigade de recherche et d’intervention formée pour la cause.
Nous travaillons sur un tableau de bord de la sécurité publique. Il s’agit d’un document qui va permettre de faire un état des lieux en permanence sur la situation et les activités des différents services de police, et l’évolution de la délinquance. Les informations collectées sur le terrain sont remontées par les services de polices, et centralisées dans une base de données. Ce qui permet d’adapter l’organisation de la police en fonction des besoins exprimés par la population.
Nous travaillons aussi sur l’inspection générale des services de sécurité, qui vise à amener les policiers à travailler en respectant la déontologie et l’ensemble des textes.
L’ouverture d’une école de police était aussi une priorité pour nous, pour aider l’école nationale de la police à assurer sa mission. L’appui consistait à aider la direction générale à pouvoir mieux gérer l’administration de l’école, et également aider à mieux aborder le coté pédagogie, en formant des formateurs et en produisant des mallettes pédagogiques, permettant à l’ensemble des formateurs de pouvoir assurer leurs cours.
Une autre action est aussi en train d’être menée par COZALTA, qui concerne la gouvernance locale de la sécurité.
Comment est coordonné ce travail dans sa mise en œuvre avec certains partenaires comme le gouvernement ?
Il y’a une bonne volonté au niveau de la coordination du travail chez tous les partenaires. C’est celle de toujours partager ce que l’on fait, pour que nos actions soient complémentaires.
Il y’a des réunions permanentes entre les partenaires techniques et financiers avec les bénéficiaires que sont les départements, pour faire le point sur les actions envisagées au niveau de chacun de projets. Ceci, pour vérifier que les actions en cours répondent parfaitement aux attentes des bénéficiaires.
Dans la mise en place d’une unité d’élites devant intervenir en cas de prise d’otages ou d’actions terroristes, à quoi se résument vos réactions?
Une division d’appui au personnel est en place au niveau de la DPJ depuis septembre 2016. Une sélection à travers tout le pays, avait d’abord été faite et ensuite, des actions de formations spécifiques ont été faites, pour les aspects évoqués d’interventions sur les prises d’otages, et les surveillances prévues avec les moyens d’interventions terroristes. Ces formations sont d’ailleurs continues et bientôt, nous évoluerons vers des formations appelées ‘’réactions aux tueurs de masses dans le cadre des actions terroristes’’.
Peut-on dire que la police guinéenne est suffisamment outillée pour répondre aux besoins des populations ?
Non ! Par contre il y’a des progrès permanents ces derniers temps.
La grande difficulté au niveau de la police guinéenne, est le déficit de formation, qu’il faut absolument rattraper par l’ouverture de cette école qui est opérationnelle depuis septembre 2016.
Quelle est votre vision pour le projet de mise en place d’une police de proximité?
Le but de la police de proximité est de changer complètement les méthodes pour donner un aspect beaucoup plus pratique à la réaction de la police qui sera sur le terrain sous forme de patrouilles dans les quartiers, en bons rapports avec les habitants, pour instaurer ce lien de confiance susceptible de désamorcer des conflits ou problèmes éventuels qui pourraient survenir dans les quartiers. C’est une façon de travailler nouvelle, qui demande un investissement beaucoup plus important des policiers, dans la couverture du territoire, permettant aux citoyens de retrouver le sentiment de sécurité, du fait de la présence constante des policiers.
La Cellule de Communication du Gouvernement