Censure

FEGUIFOOT, Chérif Bah, massacre du 28 septembre : Les vérités d’Amadou Diouldé Diallo

Ancien journaliste de la RTG, Amadou Diouldé Diallo est le président de l’Association des journalistes sportifs de Guinée. Dans une interview accordée à votre semainier, il commente l’actualité sportive et politique de la Guinée. De la FEGUIFOOT, à l’audition de Tibou Kamara dans l’affaire du 28 septembre 2009, en passant par les propos de Chérif Bah de l’UFDG, Amadou Diouldé Diallo assène ses vérités. Interview.

Pouvez-vous nous faire le bilan de la visite de Mme la Secrétaire générale de la FIFA en Guinée ?

Amadou Diouldé Diallo : Elle a été invitée, elle est en vacance. Elle a été invitée par le président de la fédération guinéenne de football, Mamadou Antonio Souaré. Au cours de son séjour, elle été reçue en audience par le Chef de l’Etat. Elle est allée visiter les installations sportives d’Antonio Souaré de Yorokoguiya. Elle a visité le centre technique de Nongo et l’hôtel des équipes nationales également à Nongo. Elle a donné une conférence de presse. Elle est vraiment satisfaite du niveau d’exécution du travail de la fédération guinéenne de football.

La CAN 2023 nous a été attribuée de gré à gré

Etes-vous optimiste quant à la capacité de la Guinée de réussir l’organisation de la CAN 2023, à l’allure où vont les choses ?

Une compétition d’une telle envergure ou d’une même moindre envergure dépend de la volonté politique des gouvernants. La fédération guinéenne de football ne décide pas, c’est elle qui est affiliée  à la CAF et à la FIFA, mais pour qu’elle fasse acte de candidature il faut le quitus du gouvernement. La CAN 2023 nous a été attribuée de gré à gré. Elle ne faisait pas partie des CAN à attribuer à  Addis-Abeba. C’étaient les CAN 2019 et 2021 nous nous sommes portés candidats pour 2021, nous avons perdu cela face à la Côte d’Ivoire qui a été retenue. Mais la CAF en violant ces propres textes d’ailleurs mais en reconnaissance du palmarès footballistique de la Guinée,  la CAF a donc décidé de nous octroyer la CAN 2023. Si ceux qui nous ont octroyé même en violation des textes donc de gré à gré, ceux qui nous ont octroyé la CAN n’ont pas trouvé à réduire, ne nous ont pas encore retiré mais il n’y a pas de raison qu’on ne s’organise pas. Il y a un comité d’organisation qui a été mis en place. L’Etat a donné un siège à la cité chemin de fer. Maintenant, il y a un cahier lourd de charges qu’il faut honorer. Mais,  je pense que la Guinée, s’il y a volonté politique, j’insiste là-dessus, parce que c’est le gouvernement qui doit réaliser les infrastructures routières, hôtelières, sportives, et surtout s’il ya la volonté politique, il n’y a pas de raisons que la Guinée ne puisse pas organiser la CAN, parce qu’on est quand même un grand pays, un grand peuple riche en sol et en sous-sol.

A ce jour, on à l’impression que le COCAN traine les pieds des travaux. Partagez-vous cet avis ?

Non pas du tout ! Le COCAN ne traîne pas, je vous dis que le COCAN, le fait de le mettre en place, est déjà une volonté du gouvernement justement à honorer son engagement vis-à-vis de la Confédération africaine de football. Maintenant, il y a une volonté manifeste du gouvernement en tout cas à ce que je sache sinon on n’on aurait pas mis le COCAN en place. Donc il y a une volonté, on ne traîne pas les pieds, mais bien au contraire, on sait que c’est 2023 mais 2023 c’est demain. La Guinée ne sait pas désengagée. Elle est encore sur la ligne de départ  quant à l’organisation de la CAN 2023.

La FIFA exige qu’il y ait un audit des comptes de la fédération guinéenne de football pour l’exercice passé

On a entendu parler d’un scandale à la Feguiofoot avec plus d’1 milliard qu’aurait piqué l’ancien président Salifou Super V dans les caisses de l’institution. Qu’en est-il?

En fait, ce n’est pas dans les caisses de l’institution. L’historique, c’est quoi ? La Guinée s’est portée candidate à l’organisation de la CAN 2021. Donc cela supposait la réalisation d’un projet de  présentation comme quoi est-ce que la Guinée dispose de la capacité à accueillir la compétition. Donc la fédération guinéenne de football a adressé des correspondances aux sociétés et entreprises de la place afin qu’elles puissent l’épauler dans le financement et le montage du projet. De toutes les sociétés de la place, c’est MTN qui a favorablement réagi. MTN a donné donc 834 mille euro 800 à la fédération guinéenne de football.

Malheureusement, ces montants ne se retrouvent nulle part dans les livres comptables de la fédération. L’argent a été versé. Et le président de la fédération guinéenne de football Salifou Camara Super V a donc pris cet argent. Il n’a pas fait appel à l’expertise locale guinéenne.  Il a plutôt cherché à prendre un cabinet français qui a travaillé et qui a présenté le dossier de la CAN 2021, à Addis-Abeba. Maintenant il y a double ou triple emplois. Salifou Camara, au lieu de dire que c’est MTN qui a financé le montage du projet, il a plutôt dit c’est lui qui a préfinancé le montage et l’exécution du projet. Donc, il a demandé à être remboursé. Une première fois, il a donc introduit des fausses factures parce que vous savez la fédération guinéenne de football est un organe délégataire du ministère des Sport, c’est-à-dire que la fédération guinéenne de football ne peut pas décaisser un franc aux finances.

Elle adresse la lettre au ministère des Sports et c’est le ministère des Sports qui est l’ordonnateur délégué. C’est lui seul qui est habilité à engager une dépense au niveau du budget concernant les manifestations sportives.

Donc il a demandé à être remboursé. Il a été remboursé sans jamais faire état de 834 mille euros 800 que MTN a donné. La deuxième fois sachant qu’il ne peut plus revenir au niveau du ministère des Sports pour demander un remboursement en réalité fictif, il est allé trouver des complices au niveau de la présidence de la République. (…) Donc, c’est un double emploi puisqu’il n’a jamais préfinancé. C’est MTN Guinée qui a donné 134 mille 800euros pour le montage et l’exécution du projet. Maintenant, les poursuites judiciaires c’est-à-dire que parce qu’aujourd’hui la FIFA est là, mais la FIFA jusqu’à maintenant n’a pas donné un franc à la nouvelle fédération guinéenne de football.

La FIFA exige qu’il y ait un audit des comptes de la fédération guinéenne de football pour l’exercice passé. Et que maintenant sur la base de ces audits, que les conclusions déterminent qui a fait quoi. L’argent qui a été attribué à la Guinée, alloué à la fédération guinéenne de football par rapport à ce qui a été dépensé, quelle est la différence. S’il y a eu une différence, dans quelle direction où se trouve cette différence et quel usage on en a fait. Tant que cela n’est pas fait, la FIFA ne nous donnera pas un franc. Les audits sont terminés, les conclusions ont été remises au président de la fédération guinéenne de football, elles devront été rendues publiques, bientôt. Ce n’est que seulement après que la Guinée va entrer en possession de ce que la FIFA lui donne, tout comme elle donne à l’ensemble des fédérations nationales du monde.

Voila donc à l’heure actuelle, la fédération fonctionne sur un prêt de la société Groupe marketing communication (GBM) qui est l’une des sociétés d’Antonio Souarè mais pas Antonio Souarè en tant que président. C’est sa société. Donc, le comité exécutif de la fédération guinéenne de football a écrit à la société pour lui demander de supporter les charges de son fonctionnement, en attendant. Toutes ces charges en attendant que la FIFA nous libère justement l’argent qui lui est destiné.

Mais je dis bien GBM et le groupe business marketing dont Antonio Souaré est le PDG. Mais c’est de la fédération en tant que telle, en tant qu’une institution qui a adressé une lettre donc toutes les dépenses effectuées par GBM sont consignées et vont être remboursées à GBM lorsque l’argent de la FIFA va tomber dans ses caisses.

Certains observateurs pensent que la feguifoot n’a pas connu le changement escompté avec l’arrivée de M Antonio Souarè dont la gestion est jugée aussi amateuriste comme ses prédécesseurs. Partagez-vous cet avis?

Non je ne le partage pas parce que je suis au cœur de l’activité. Voyez d’abord le maquillage, le décor de la fédération guinéenne de football. Est-ce que c’était ce décor là? En plus, le président de la fédération fonctionne aujourd’hui comme c’est le cas à la CAF et à la FIFA. C’est-à-dire qu’il y a une administration qui fonctionne. Les membres du comité exécutif viennent des fonctionnaires issus d’autres départements. Ils ne viennent pas ici pour travailler mais que leur compte-rendu soit fait par l’administration qui fonctionne, ça c’est une nouveauté.

Aujourd’hui, vous savez le cabinet du président est composé d’un ensemble de conseillers qui sont là, qui le conseillent sur des questions du football. Vous avez donc d’autres qui travaillent mais les membres du comité exécutif ce sont eux qui sont souverains, c’est-à-dire tout le travail qui est fait leur est soumis pour approbation après pour exécution.

Mais, c’est l’administration générale qui fonctionne. Ce n’était pas comme ça avant. Vous ne verrez plus un membre du comité exécutif qui court ici pour ceci ou cela, non. Il attend que le compte-rendu lui soit fait, et puis en réunion ordinaire du comité exécutif de la fédération guinéenne de football. Tout le travail qui a été fait par les ouvriers c’est-à-dire par l’administration générale. Ce travail est soumis pour approbation ou pour rejet. Donc, cela facilite le travail.  Ça fait une meilleure traçabilité, une meilleure visibilité et ça aide les membres du comité exécutif qui n’ont plus à courir, à monter et descendre par rapport à telle activité par rapport à autre. Il y a des départements par exemple, le département général des medias dont je suis le responsable, qui travaille et fait partie de l’administration générale. Et après chaque membre de la fédération, chaque membre du comité exécutif et président d’une commission de travail, comme ça se passe à la CAF et à la FIFA. Quand vous arrivez au Caire, en Egypte, vous ne verrez pas Amad, le président de la CAF, vous ne verrez aucun membre du comité exécutif de la CAF. Quand vous arrivez au siège au Caire, c’est l’administration que vous trouvez en place. Vous avez le département des finances, le département des medias, le département des marketings, le département des compétitions ainsi de suite.

Les membres du comité exécutif ne viennent au Caire que pour les réunions, uniquement pour les réunions. Le président de la CAF a son bureau chez lui à Antananarivo. Issa Ayatou avait son bureau à Yaoundé. Mais au Caire, c’est l’administration. Aujourd’hui, c’est le schéma ici au niveau de la fédération guinéenne de football. Ce sont les ouvriers donc de l’administration générale qui travaillent. Les membres du comité exécutif ne viennent que pour les réunions et parce que c’est la réunion du comité exécutif qui est souveraine, ils ne viennent que pour la réunion pour valider ou rejeter le travail qui a été fait par l’administration générale. C’est une nouveauté.

Antonio SouarE est en train de réussir

Depuis l’arrivée  d’une nouvelle direction à la Féguifoot, quelles sont les tâches accomplies par l’équipe de Souaré?

Je vous ai  dit qu’aujourd’hui par exemple, il n’y a pas encore de décaissement de l’argent alloué par la FIFA en attendant les conclusions de l’audit. Mais toutes les compétitions, le Syli national est monté en grade. Il a gagné contre la Côte d’Ivoire. Toutes les compétitions nous les jouons. Il n’y a aucune rupture. Le championnat se joue, la coupe nationale se joue, le championnat toute catégorie toute ligue se jouent. Donc, il n’y a aucune rupture dans la promotion, dans le développement du football et la formation également se passe normalement. Chacun est responsable d’un domaine et il a obligation de résultat devant le président de la fédération et devant le comité exécutif de la fédération guinéenne de football.

En plus de cela, il y a une nouvelle fédération qui est à l’internationale aussi. Je m’en veux pour preuve que le séjour de la secrétaire générale de la FIFA ce n’est pas quand même rien. Quand c’est la secrétaire générale de la FIFA qui se déplace et qui accepte l’invitation du président de la fédération guinéenne de football, qui vient passer 72 heures dans un pays ce n’est pas quand même pour rien. Rencontrer le président de la fédération française de football, rencontrer tel ou tel  responsable ou dirigeant et tout ça, c’est la nouvelle fédération guinéenne de football sous l’impulsion de M. Antonio Souaré qui est en train de le réussir. Donc, en réalité, tout se passe normalement ici. Les résultats vont suivre. Mais, il n’y a plus en tout cas de l’amateurisme dont on parlait, parce que justement il y a des spécialistes qui travaillent. Les membres du comité exécutif sont là justement pour jeter un coup d’œil et donner la souveraineté qui s’impose au travail qui a été fait à la base.

C’est effectif ce que  Cherif Bah a dit, il a raison

L’actualité aussi, c’est la récente sortie de Cherif Bah faisant cas de la ségrégation dont serait victime les peulhs au sein de l’administration publique guinéenne. Quel est votre point de vue?

Je l’approuve à 100%  d’autant plus que moi-même je suis victime. Si je prends le cas de la RTG Ibrahima Ahmed Barry a était renvoyé au motif qu’il présentait le journal avec un bonnet Pouto. Ciré Dieng était le directeur de la télévision. Il a était renvoyé. Moi j’ai était renvoyé. C’est vrai, Marie Louise Sanoussy n’est pas peulh, elle a été renvoyée au motif que sa maman est membre de l’UFR, parce qu’à l’époque, le parti de Sidya était de l’opposition. On a dit que nous, nous constituons la cellule de l’UFDG à la RTG. Nous avons été renvoyés. Moi qui vous parle, j’ai été renvoyé. Je suis dans la rue depuis 5 ans bientôt sans salaire. Je suis peulh de père et de mère. C’est effectif ce que  Cherif Bah a dit, il a raison.

Aujourd’hui, si vous voulez demander au secrétariat général du gouvernement de faire les statistiques des nominations  par arrêtés, décisions et décrets dans ce pays, peut-être, rendez-vous-même au niveau de l’état-major des armées, rendez-vous à la gendarmerie, allez partout dans les services militaires et paramilitaires, allez dans l’administration et demandez à ce qu’on vous fasse les statistiques des nominations. Il y a même des départements ici ou des services où c’est le malinké qu’on parle carrément. Il y a rien d’autre, on ne parle que malinké. Il y a même un code qu’on a trouvé ici pour les peulhs dans l’administration pour ne pas qu’ils aient des marchés. (NFD) ce n’est pas nouvelle force démocratique de Guinée, c’est ce ‘’Nom Fait Défaut’’. C’est un code qu’ils se partagent pour éliminer les peulhs, je le dis et je l’assume. Je suis prêt à en débattre avec n’importe qui avec des statistiques à l’appui. On met sur le dossier NFD, celui qui le reçoit sait en fait que NFD cela veut dire, il ne faut pas faire passer le dossier parce qu’il appartient à un peulh. C’est ça la vérité. Les peulhs sont les victimes du pouvoir d’Alpha Condé. Il ne faut pas avoir peur de le dire. Si quelqu’un n’est pas d’accord, je l’invite au débat. Au débat à la radio, à la télévision, dans les journaux n’importe où. S’il veut, on fait le débat même en Français, en Soussou, en Poular ou en Malinké. Il n’a qu’à venir avec ces preuves pour prouver le contraire. L’affaire du manding djallon, ici c’était  contre qui? C’était contre les peulhs pour qu’ils s’entredéchirent au Foutah. Il a fallu sept mois de campagne menée par la coordination et moi-même avec des conférences ici et à l’étranger pour ne pas que le Foutah se déchire. Cherif Bah a raison. Peut-être même, il y a plus de 900. Suivez le journal télévisé de radio Guinée, voyez les sous-titres de ceux qui interviennent. Il ya combien de peulhs dedans? Posez-vous la question. Il y a une politique systématique d’exclusion et de discrimination des peulhs depuis qu’Alpha Condé est au pouvoir. Ça, celui qui n’est pas d’accord il n’a qu’à sortir les statistiques. Dites-leur s’ils ne sont pas d’accord, tous ceux qui parlent, qui disent non, on a atteint l’unité, moi j’ai demandé aux gens j’ai dit dites-moi quand Alpha Condé a dit que les peulhs étaient des tortues ici, est-ce que le gouvernement a fait un communiqué pour condamner? Quand Alpha Condé a dit à Kankan que les peulhs n’étaient pas de ce pays. Est-ce que le gouvernement a sorti un communiqué? Pourquoi maintenant le gouvernement sort un communiqué pour dire que nous condamnons les propos de Cherif Bah? Mais sortez les preuves, demandez au secrétariat général du gouvernement, je le répète de vous sortir les statistiques des nominations. Vous verrez ici par ordre de nomination la préséance est malinké, soussou, forestier et les peulhs cinquième roue de la charrette. Je le maintiens. Celui qui n’est pas d’accord, il n’a qu’à venir au débat avec moi.

(interrogations de Tibou) Il n’y a pas de drame. On a cherché à dramatiser, c’est inutile

Tibou Camara a été entendu dans le cadre du massacre du stade du 28 septembre. Pensez-vous que cela constitue une avancée dans ce dossier?

Personne n’est au-dessus de la loi mais chacun est supposé être innocent. Lorsque la justice de votre pays estime qu’elle doit vous entendre, vous devez répondre. C’est ce que Tibou a fait. Je ne sais pas pourquoi, on en a fait une affaire d’Etat dans ce pays. Même si c’est un paysan qui se trouve à Yomou qui n’était même pas là, qui ne connait rien, si la justice estime qu’il doit venir répondre, il doit répondre. Il n’y a pas de citoyen au-dessus de la loi. Donc, je ne vois pas pourquoi on en a fait un tintamarre ici, de règlement de compte, de débat d’attaque par médias interposés. Tibou est allé répondre. On lui a posé des questions, il a répondu en qualité de témoin. Si ça peut faire avancer le dossier, tant mieux. Figurez-vous que la loi autorise même les détenteurs de la force publique à interpeller un citoyen et même le mettre en garde à vue, pendant 48heures,  la loi autorise. Si aujourd’hui, l’Etat estime qu’il doute de moi par rapport à de telles situations qui mettent en danger l’Etat, la nation, je peux être interpellé en tant que citoyen. Je peux même être mis en garde à vue pendant 48 heures, en attendant que des preuves soient établies, c’est ça le problème. Il n’y a pas de drame. On a cherché à dramatiser, c’est inutile. Il a répondu aux questions du juge en qualité de témoin. Il a dit ce qu’il connaissait de l’affaire et puis, c’est fini. Où est le problème? Il n’y a pas. Maintenant si le juge estime qu’il n’est pas satisfait, il peut le rappeler pour d’autres témoignages comme il peut aller voir quelqu’un d’autre. D’autres ont été inculpés, selon leur degré de responsabilité. Mais jusqu’à la tenue du procès, ils bénéficient de la présomption d’innocence.

(La RTG) C’est l’outil de propagande et parfois des mensonges distillés par le gouvernement

La RTG a un nouveau directeur  général en la personne de M. Sakouba Savané. Quelle est votre réaction en tant que journaliste?

La RTG est à l’image de toutes les radios et télévisons d’Etat. C’est la RTG. C’est les instruments de propagande du pouvoir. Vous êtes là pour ça. D’ailleurs dans la plupart des médias publics, on ne nomme que des inconditionnels du régime, dans tous les pouvoirs publics. Au niveau de la presse par exemple, on ne nomme que des inconditionnels du régime parce que la radio et télévision d’Etat cessent d’être des radios, des médias au service exclusif de la population. Ces médias sont là au service unique et unique du pouvoir en place. Hier, c’était le PUP de Lansana Conté qui osait parler d’Alpha Condé à la télévision ou à la radio? Qui osait sortir son image? Mais aujourd’hui qui ose parler de Lansana Conté là-bas? Alpha Condé peut prendre tout le journal. Donc, Yamoussa est parti, Savané est venu, c’est bonnet blanc et blanc bonnet. La mission est toujours la même. C’est l’outil de propagande et parfois des mensonges distillés par le gouvernement.

C’est son principal support et ça, ce n’est pas propre à la Guinée seulement. C’est propre pratiquement à la plupart des pays africains. Surtout ceux qui sont soumis à une dictature comme notre pays, c’est-à-dire c’est le culte de la personnalité, il n’y a que le président. (…) Le journal télévisé, le journal parlé, les deux là qui sont les éléments de souveraineté passent, pour même une phrase ou une virgule manquante, ou le président on n’entend pas bien sa voix, cela peut te coûter ton poste. Donc, la RTG a cessé d’être, pas avec Alpha Condé mais de tout temps. Elle est aux services exclusifs du pouvoir en place.

Je me réjouis du fait que vous cherchez l’information, mais ce pays,  je n’ai jamais connu ce que je connais aujourd’hui en Guinée. Cette division, cette opposition,  ces rancunes, cette méchanceté, je n’ai jamais presque pas connu ça ici. Peut-être, il y en avait mais depuis qu’Alpha Condé est au pouvoir, ça a pris une dimension inquiétante. Or, partout, toute les révolutions, toutes les contestations ont eu pour fermant l’injustice. C’est pour ça, il faut essayer, il ne faut jamais croire que le peuple silencieux ne peut pas se révolter. Vous allez être surpris parce qu’il y a accumulation et l’accumulation c’est une fermentation,  ce sont des paramètres que vous ne maîtrisez jamais. Il y a trop d’injustices, il y a trop d’exclusions, il y a trop de discriminations, il y a trop de corruptions. Je refuse aujourd’hui de dire, c’est l’ensemble des malinkés, non. C’est un clan et d’ailleurs ce qui est plus grave dans le pouvoir d’Alpha Condé, c’est plus des étrangers qui bénéficient des avantages du pays notamment des Burkinabè et des Maliens, que des Guinéens eux-mêmes. Ebomaf, c’est quoi? C’est Burkinabé. Batchily qui a presque tous les marchés en Guinée, il est quoi? Il est Malien. Prenez les délégations parfois d’Alpha à l’étranger, il semblerait que la plupart de gens qui sont membres de cette délégation, ce ne sont pas des Guinéens. Même en allant à l’Union Africaine en tant que président de cette organisation, j’ai dit, il paraît qu’il y a plus d’étrangers que des Guinéens dedans. Donc, on est en train de nous mélanger ici pour des intérêts de ceux-ci ou par une identité de peulh, de malinké et de soussou de ceci ou cela mais en attendant, c’est un clan bien rodé qui bénéficie des avantages de ce pays. Et dans ce clan, il y a plus d’étrangers que des Guinéens.

Entretien réalisé par Amadou Tidiane Diallo (Le Démocrate)

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