Censure

Amadou Damaro Camara : ‘‘L’impunité est inacceptable, c’est une réalité’’

Le président du groupe parlementaire du RPG arc en ciel, Amadou Damaro Camara, a, dans un entretien accordé à l’émission lynx opinion, le 23 août dernier, dénoncé l’impunité notamment de la part du président Alpha Condé. Il estime que le Chef de l’Etat ne sanctionne pas les fautifs. Damara a ensuite expliqué l’état des lieux de certaines infrastructures construites par le gouvernement à Conakry et à  l’intérieur du pays comme étant un bilan positif. L’honorable Damaro Camara n’a pas manqué de reconnaître aussi que Kaléta n’était pas la solution dans le cadre de l’électrification de la Guinée mais un début de solution. Interview.     

M. Camara, malgré Kaléta, le gouvernement continue a subventionné fortement l’électricité pourquoi ?

Oui ! Kaléta ne couvre pas le besoin en électricité de Conakry et des villes environnantes. Kaléta produit une partie de ses besoins en cette période hivernale. Il y a suffisamment d’eau dans le barrage. On produit un certain nombre de mégawatt mais pendant la période de sécheresse avant Souapiti, Kaléta n’est pas supposé développer ces 240 ou 250 MW en entièreté. Quand il n’y a pas suffisamment d’eau, il faut de la suppléance en thermique pour que Conakry, Kindia, Fria, Mamou, Forécaria et autre aient du courant continu. C’est ça la réalité. Kaléta n’était pas la solution définitive, mais un début de solutions

Souapiti sera la solution définitive ?

Une grande partie en tout cas pour cette zone et on aura besoin de Foumi et d’autres barrages pour couvrir toute la République.

Donc ce que vous expliquez donc c’est un petit peu équilibrer entre les déficits et les dérapages?

C’est ça la loi. Quand on fait une loi de finance ça veut dire la représentation nationale autorise certain nombre de dépenses et à recueillir un certain nombre de recettes. Quand il y a changement, on revient à la représentation pour dire voici les besoins  d’ajustement, autorisez nous à faire cet ajustement. En français facile, c’est ça une loi de finance.

Donc pour le moment, seule EDG nous met en déficit. Quand on prend la route de Conakry – Mamou, on est en train de colmater les brèches partout à Conakry ; que ce soit à Kipé,  à Matoto. Est-ce que cela ne rentre pas en ligne de compte dans le déficit? Est-ce que le gouvernement n’a pas fait de dépense qui n’étaient pas prévues ?

N’oubliez jamais que ce n’est pas parce qu’on a une volonté politique, on a la volonté de se développer que cette volonté est suivie des moyens pour se développer. N’oubliez jamais que nous sommes un pays pauvre parmi les pays les plus pauvres du monde. D’ailleurs nous avons des besoins qui ne sont pas de désirs mais des besoins.

Pauvre par notre gestion mais la nature nous a doté immensément des ressources?            

Non ! De toutes les façons, la Guinée n’est pas devenue pauvre pendant ces six (6) dernières années. Elle a été toujours pauvre. Donc, elle est un pays pauvre. Tous les pays de la sous région sont des pauvres. Tous les pays africains sont des pays pauvres à l’exception peut être de l’Afrique du Sud qui commence à être un pays émergent malgré tout  il y a la pauvreté. Ceci dit, nous avons besoin de l’aide publique et extérieure ou privée quelle que soit la forme, il faut que les gros investissements viennent de l’extérieur. Pour que ces investissements viennent, on a besoin de la stabilité politique et les politiciens s’enfichent de ça. Ils ont leurs objectifs.

Tout bord compris ?

Absolument ! Tout bord compris. Deuxièmement,  nous ne recevons pas cette aide là quand nous le voulons. Nous la recevons quand les donateurs ou les donneurs le veulent. Et souvent,  ça ne tient pas compte de nos problèmes saisonniers. Souvent, les processus de passations des marchés peuvent aller de février en juin. Quand les décaissements sont autorisés, nous sommes déjà dans la saison hivernale. Voici un peu les problèmes auxquels nous sommes confrontés et le gouvernement essaye tant bien que mal de faire ce qu’il peut. Je ne suis pas en train de dire que tout ce que le gouvernement fait est parfait. Gouverner, c’est la prévision. Est-ce que tout est prévu ? Je dirais non ! Mais il y a la volonté de changer les conditions de vie des populations. Ce serait l’objectif de tout gouvernement quel qu’il soit.

Est-ce qu’il y a là un budget de souveraineté, lorsque le président de la république offre 100 mille dollars à un pays victime de catastrophes naturelles? est-ce que  tout ça c’est prévu par la loi de finance ?

Mais Absolument ! Parce qu’il y a un ministère de l’administration du territoire, il y a une direction nationale des catastrophes internes ou externes. Ce qui est certains, on a repêché 9 corps sur les plages de Conakry ça veut dire que : ce qui se passe en Sierra Léone, nous touche directement. Donc qu’on offre 100 mille dollars,  c’est combien ? Un milliard de Fg. Donc un milliard de francs guinéens offerts en solidarité à un pays voisin, c’est normal.

Non, on n’est pas en train de dire que ce n’est pas normal, on veut savoir si cela est prévu ?

Absolument ! Il y a une direction nationale des catastrophes, il y a le budget de souveraineté du Chef de l’Etat. Il peut prendre sur ce budget pour donner au nom de la Guinée. Tous les budgets sont approuvés par l’assemblée nationale, c’est clair.

M. Camara vous avez dit que le parti (RPG) envoie près de 200 personnes à l’intérieur du pays pour faire quoi ?

Pour aller expliquer aux structures de l’intérieur, le nouveau statut du parti dans le règlement intérieur pour qu’ils s’en approprient, expliquer ça aux militants en prélude du congrès qui se prépare.

Fondamentalement, qu’est ce qui a changé par rapport aux anciens textes ?

Le parti va avoir un président et des vice-présidents. Ce qui n’était pas le cas. Le comité centrale passe à 400 contre précédemment une centaine. Vous savez, on a été un parti de masse. On est en train de mieux le structurer. Il y aura un bureau politique de 72 membres et un comité exécutif de 15 membres et désormais les députés, quel que soit le nombre, seront des membres de droit du comité central.

Le président du groupe parlementaire, quel qu’il soit dans le futur, sera aussi un membre de droit du bureau politique. Ce qui fait une certaine jonction dans le parti et sa représentation nationale au niveau de l’assemblée nationale. Voici quelques fondamentaux qui ont changé. Ce serait aussi l’adaptation à la structure administrative. On aura maintenant des cellules de bases, des sous sections, des sections et des fédérations au niveau des préfectures et des bureaux régionaux. Voilà un peu, un nouveau redécoupage territorial pour pouvoir cerner mieux.

Et le fameux congrès, c’est pour quand ?

C’est bientôt, au retour des missionnaires, quand on aura fini la synthèse. Cette commission va proposer une certaine date pour le congrès.

Alors, qu’est-ce qui vous amène à apporter ces modifications? Est-ce que vous avez tirez des leçons des autres partis ? Est-ce que vous craignez que le RPG ne soit comme le PDG ou le PUP ?

La politique est dynamique hein ! Pour avancer il faut avoir la conscience du passé, connaitre le présent et avoir des visions pour l’avenir. Nous avons tiré toutes les leçons. Premièrement, du parti d’opposition  devenu parti du gouvernement. Cela est un motif de changement.  Il y a eu des adhésions massives et des fusions des structures dans le parti. Nous essayons de baser les principes du parti parce qu’on donne des exemples du PDG et du PUP qui ont disparu à la disparition de leur leader mais l’Adema continue d’exister.

Au Mali, le parti socialiste continue d’exister. Au Sénégal le parti PDS continue d’exister. Il faut que les responsables du parti soient effectivement l’émanation du choix des militants à la base et que les lignes du parti ne soient pas juste pour de futures élections. Que ce soit basé sur une plate-forme défendable avec ou sans le fondateur du parti. C’est un ensemble des leçons que nous avons tiré et nous avons eu le présent esprit de restructurer le parti en fonction de ça. Nous serons là pour les 100 prochaines années.

Est-ce que c’est à l’issue de ce congrès que vous aurez le successeur potentiel du Pr Alpha Condé ?

Le successeur du professeur n’est pas le débat. , nous allons structurer. C’est pourquoi, il y a un président, il y aura un vice président, un deuxième vice président et même un troisième vice président dans la mesure ou quand on s’est dit,  quand l’un n’est pas disponible que l’autre soit là. Donc ça veut dire que le parti est en train de réfléchir pas pour succéder à Alpha Condé mais pour succéder un président. C’est pourquoi, on a un premier vice-président et deuxième. C’est ça la structure de tout parti moderne et qui se veut pérenne.

Récemment, le parti a communiqué en disant qu’il ne peut pas combattre un bébé qui n’est pas né, faisant ainsi allusion au fameux troisième mandat.  Pour, vous l’hypothèse est exclu à l’issue de votre congrès vous aurez un successeur ?

Peut-être que je ne suis pas dans le secret de Dieu mais le président de la république ne m’a jamais parlé d’un troisième mandat. Je n’ai vu personne encore avec laquelle il aurait parlé de troisième mandat.

Mais il n’a pas sanctionné ceux qui l’ont dit ?

Est-ce que Alpha Condé a sanctionné quelqu’un. On l’insulte tous les jours pour qu’il sanctionne. Celui qui dit un troisième mandat alors qu’il ne sanctionne même pas celui qui l’insulte. Il ne sanctionne pas, c’est ce que je lui reproche d’ailleurs. On l’insulte tous les jours, les députés l’insultent, les citoyens l’insultent, l’opposition l’insulte au-delà de l’acceptable.

Vous auriez voulu qu’il jette les opposants en prison ?

Oui ! S’ils sont hors la loi. Non seulement les oppositions, n’importe quel citoyen hors la loi,  doit être sanctionné quel qu’il soit ; qu’il soit de la mouvance, de l’opposition ou qu’il soit un citoyen simple. Regardez par exemple ceux qui cassaient les véhicules ici, attendez qu’on en arrête une dizaine, demain tu vas voir un parti de l’opposition dire que ce sont ses militants. Ils ne leur diront jamais d’arrêter ce qu’ils sont en train de faire jusqu’à ce qu’on les arrête. On a toujours assisté à cela, moi à sa place, je les aurais matés sérieusement.

L’impunité est inacceptable. C’est une réalité dans notre pays pour imposer l’autorité de l’Etat ça y va de ceux qui détournent les deniers publics jusqu’au taxi maître qui se refuse de se mettre entre les deux lignes d’une route tracée et qui se permet de tourner en pleine rue pour créer un embouteillage, ça va à tous les niveaux. La sanction doit être à tous les niveaux et des ministres doivent prendre leurs responsabilités.

Regardez par exemple, le cas d’un Elie Kamono prétendu militant d’une certaine cause. Si on le laisse manifester, qu’on le laisse manifester de toutes les façons, il n’avait que 7 à 8 personnes derrière lui mais si on l’interdit de manifester et qu’il manifeste, on  l’arrête, on doit aller jusqu’au bout mais je n’accepte pas qu’on l’arrête le matin et qu’on le libère le soir. Le ministre de la sécurité doit pouvoir  dire : je le fais arrêter parce qu’il viole la loi. Le ministre de la justice doit pouvoir dire, je le poursuivrai comme quelqu’un qui a violé la loi. C’est ça le respect de l’autorité de l’Etat.

M. Camara le président Alpha Condé a battu campagne sur le slogan changeons la Guinée. Sept ans après, lorsque vous jetez un regard rétrospectif par rapport à la Guinée d’hier, quels sont les changements fondamentaux que vous voyez vous ?

Prenez sous-préfecture par sous-préfecture, prenez préfecture par préfecture qu’est ce qui y avait là en 2010, qu’est ce qui est là aujourd’hui, en terme d’infrastructures en terme de tout, en nombre d’écoles, en nombre de forages, en nombre de routes, en nombre de lampadaires, en terme d’électrifications, juste prenez quelque chose. Apparemment, vous ne voyez rien, on dit rien n’a été fait pour tant ça été fait. En tout cas dans beaucoup de parties de la Guinée, il n’y avait pas de commissariat, il n’y avait plus de gendarmerie, il y avait plus de mairies plus de résidence, plus de bureau de préfet. Aujourd’hui, toutes les préfectures en ont, toutes les régions en ont.

Les guéguerres entre  Kassory Fofana de (GPT) et Sidya Touré de l’UFR.

Ce sont des grands partis, ce sont des hautes personnalités qui dirigent ces partis. Comme on le dit chez nous, c’est difficile d’avoir deux coqs dans la même basse cour. Pour le moment, pour nous, Alpha Condé est le seul coq dans la basse cour.

Est-ce que le président ne devait pas intervenir ?

Je ne suis pas à sa place. Je ne lui donne pas des ordres et je ne lui fais même pas des recommandations dans ce genre de choses. Quand il s’agit de la politique, je préfère suivre Alpha Condé.

Ça vous arrange ?

Non je dis en politique, je préfère suivre Alpha Condé. Je peux le contester hose mais en politique, je suis très discipliné  derrière lui. Je sais qu’il sait faire mieux que moi et bien que quiconque d’ailleurs.

Une synthèse d’Alpha Amadou Diallo  

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