Sur le budget électoral de 337 milliards de francs guinéens, concocté par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), pour la tenue des élections locales à venir, l’Etat guinéen se serait engagé à débourser seulement 100 milliards, soit moins du tiers du montant. Pour combler le gap financier, l’institution chargée d’organiser les élections entend se tourner vers des partenaires étrangers, sauf que ceux-ci auraient encore en mémoire le fait que le pouvoir avait déclaré n’avoir pas besoin de concours extérieur pour financer la présidentielle de 2015.
Après l’éviction de Bakary Fofana de la présidence de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), et son remplacement par Me Salif Kébé, l’institution est dorénavant confrontée à un défi de taille, qui est celui de la mobilisation des fonds devant servir au financement du scrutin local, dont la date pourrait être fixée dans les meilleurs délais.
Pour financer ces élections locales, la Ceni table sur un budget de 337 milliards de francs guinéens. Un chiffre confirmé par son président Me Salif Kébé, lors de son passage chez nos confrères de la radio espace, dans l’émission les grandes gueules du lundi dernier.
Mais ce que le président de la Ceni n’a pas dévoilé lors de cet entretien qui se voulait à bâtons rompus, ce sont les difficultés auxquelles son institution serait confrontée dans la mobilisation des ressources financières destinées à l’organisation du scrutin.
En effet, selon des sources proches de la Ceni, l’Etat guinéen n’aurait prévu de débourser que 100 milliards, sur les 337 milliards de francs guinéens, représentants le budget électoral. Le reste du montant, la Ceni a été invitée semble-t-il, à faire la manche auprès des partenaires étrangers. Quand on parle de partenaires étrangers, dans un sens relatif au financement des élections, on fait référence bien évidemment à l’Union européenne, au Japon et aux États-Unis.
Ces partenaires qui n’ont pas pour habitude de lésiner sur les moyens quand il s’agissait de nous assister dans le financement de nos élections, n’ont cependant pas l’air de répondre favorablement à cette nouvelle sollicitation émanant de la Ceni. C’est du moins ce qui ressort de nos enquêtes.
C’est comme si nos « amis » se disaient comment se fait-il que la Guinée soit capable de financer la présidentielle par des ressources mobilisées à l’interne, et qu’elle soit amenée à tendre la main, quand il s’agit des élections locales. Cela renvoie à ces propos du président Condé qu’il ressasse à la veille de chaque élection : « nous n’accepterons plus que quelqu’un nous dicte la façon d’organiser nos élections. C’est pourquoi d’ailleurs, nous finançons nous-mêmes nos élections, parce que si lorsque vous recevez un financement de l’extérieur, il y a des contraintes auxquelles il faut impérativement faire face. »
Mais pour maints observateurs, tout ça ne serait que pure rodomontade. Puisque la Guinée finit toujours par recourir à l’appui extérieur pour la tenue de ses différents scrutins.
Pour ces élections locales, à l’allure où vont les choses, l’Etat guinéen a intérêt à piocher dans sa trésorerie pour combler le gap de 200 milliards de francs guinéens, que les partenaires n’ont pas l’air de vouloir offrir, afin que les élections puissent se tenir à bonne date.
Car l’opposition commence à pogner les nerfs, et serait sur le point de battre le pavé, avec la ferme conviction que le président Alpha Condé n’aurait pas la volonté d’organiser les élections locales pour cette année. D’où ce prétexte fallacieux de ne pas être à mesure de mobiliser 337 milliards, près de l’équivalent du budget annuel de la présidence de la République.
Aliou Sow (Le Démocrate)