À l’occasion de la Journée internationale des victimes de disparition forcée, célébrée récemment, l’AVIPA a organisé une cérémonie de commémoration des disparus du 28 septembre 2009, à son siège à Soloprimo. Une occasion mise à profit pour rappeler à l’opinion la disparition des corps de 89 victimes tués ce jour, et dont les familles ne peuvent toujours pas faire le deuil.
Le vice-président de cette association a exprimé toute sa compassion aux victimes de ces disparitions forcées. YERO Djoulde Diallo dira à cet effet, ‘’qu’en cette Journée internationale des disparitions forcées, AVIPA souhaite rendre hommage aux victimes disparues des terribles événements du 28 septembre 2009 mais également, à travers elles, aux milliers de personnes victimes de disparition forcée au cours des décennies passées en Guinée ».
Avant de préciser que « la Journée internationale des victimes de disparitions forcées est un Événement international, célébré chaque année le 30 août pour attirer l’attention sur le sort des personnes portées disparues dans le monde par l’action d’agents du gouvernement qui refusent de révéler le sort réservé à ces personnes et l’endroit où elles se trouvent ».
Parlant des crimes commis, M. Diallo a dénoncé la non collaboration de l’État, afin que lumière soit faite à leur sujet.
« Depuis plus de 60 ans, rappelle-t-il, le peuple guinéen a souffert de violences perpétrées par les dictatures qui se sont succédé à la tête du pays. Les crimes commis au Camp Boiro de Sékou Touré, les épisodes de répression sous Lansana Conté et le massacre du 28 septembre au stade du même nom sous la junte militaire de Moussa Dadis Camara, ces violences ont entraîné la disparition de milliers de Guinéens dont les familles attendent toujours de savoir ce qu’ils sont devenus et de pouvoir retrouver leurs corps. Des fosses communes regroupant parfois les corps des victimes des différents épisodes de répression sont éparpillés sur notre territoire. Et le gouvernement n’a toujours pas fait lumière sur leur localisation, et l’impunité favorise encore les auteurs de ces disparitions forcées ».
De l’histoire contemporaine guinéenne, les dernières en date sont les victimes du 28 septembre 2009 où 157 personnes ont été tuées, plus d’une centaine de femmes violées, et une centaine de personnes portées disparues, rappelle le vice-président de l’AVIPA.
Près de huit ans après les faits, leurs familles sont toujours à la recherche de leurs corps. A quelques semaines de la date anniversaire, les familles rappellent « le gouvernement guinéen qu’il a un devoir de se pencher sur le sort de ces personnes et sur les circonstances de disparition que les familles des victimes ignorent toujours le sort de leurs proches et elles continuent d’exiger vérité, justice et réparation. Nous demandons à nouveau à l’État guinéen de faire toute la lumière sur ces disparitions et de localiser les fosses communes, afin de permettre aux familles des disparus de faire le deuil de leurs proches. Ensemble demandons aujourd’hui où sont nos disparus ».
Pour sa part, Mamadou Malal Diallo, le président de l’OGDH a interpelé le gouvernement à s’impliquer davantage pour la découverte de vérité. « En Guinée depuis le premier régime, des citoyens ont disparus, nous ne savons pas et leurs parents ne savent pas où ils sont. Ceci est extrêmement grave, et ça doit nous interpeller tous mais surtout le gouvernement. Le gouvernement doit nous aider à identifier ces disparus, à nous dire où ils sont et est-ce qu’ils vivent? Est-ce qu’ils sont décédés? S’ils sont décédés, où on les a ensevelis pour que les familles puissent faire leurs deuils. Nous souhaitons qu’en Guinée que justice puisse se faire non seulement à l’égard des disparus mais aussi à l’égard de toutes les victimes », a-t-il souligné.
De son côté, Mamadou Bailo Bah, le porte-parole des victimes regrette que « le 28 septembre 2009 au stade de Conakry plus de 89 civils tués par les forces armés guinéennes n’ont pas été retrouvés par leurs familles pour être dignement enterrés, conformément aux principes religieux et culturels de la Guinée ».
« Face a une telle situation, il est inconcevable pour nous les enfants, les veuves des disparus de parler de progrès majeurs dans l’enquête sur le massacre du 28 septembre 2009 sans qu’il n’ y ait un transport judiciaire dans les morgues, les hôpitaux pour interroger les personnelles de la santé qui étaient sur les lieux le jour du retrait des corps, l’audition de la hiérarchie militaire par les juges pour connaitre la situation des camions et véhicules de l’armée guinéenne qui auraient effectué des mouvements dans les rues de Conakry le 28 septembre 2009 et les jours suivants », martèle-t-il.
Aïssatou Bah (L’Indépendant)