Le 5 septembre dernier, la Guinée signait un important protocole économique de plus de 20 milliards de dollars à Xiamen en Chine, une première dans l’histoire des relations entre les deux pays. Depuis, les commentaires vont bon train dans le pays. En cause, ce gigantesque projet d’investissement dans les infrastructures contre l’octroi à la chine de titres miniers dans le pays.
S’il faut saluer cette prouesse diplomatico-économique des autorités guinéennes, il faut maintenant penser à l’utilisation de ces fonds dans des projets bancables qui impacteront le quotidien du citoyen guinéen, qui a eu l’habitude d’entendre par le passé le gouvernement annoncé de tel montant.
Le président de la république lors de sa visite d’Etat en octobre dernier dans l’empire du milieu, avait déclaré vouloir nouer un partenariat stratégique avec la chine. «En contrepartie des matières, la chine va financer des infrastructures: routes, aéroports, ports, chemins de fer, énergie et agriculture » disait-il. Il faut dire que la signature de cet accord n’est que la suite logique des choses, quand on sait qu’Alpha Condé accorde une attention particulière aux partenariats avec les pays du BRICS et souhaite bâtir une nouvelle doctrine économique avec la chine, Mines= investissement.
Face à cette nouvelle donne, la Guinée doit se montrer capable de proposer à ses partenaires des projets bancables et sérieux, et surtout à rendre son administration moins lourde et à faire preuve d’efficacité dans l’exécution des programmes annoncés dans le cadre des accords.
Des précédents qui ne rendent pas forcement optimiste…
Ce gros coup de maître ne reste pas sans rappeler d’autres accords similaires signés par le gouvernement guinéen avec des partenaires étrangers. c’est notamment le cas des 5 milliards de dollars annoncés en novembre 2013 avec la société Mubadala pour la construction d’une raffinerie d’aluminium dont la matérialisation en action concrète tarde toujours à venir, et surtout les fameux 20 milliards d’investissement de Rio Tinto qui ont d’ailleurs fait l’objet de ratification par le parlement guinéen en 2014, annoncé comme une première sur le continent mais dont la suite, nous la connaissons. L’optimisme doit donc être limité.
Cet accord parait comme une belle victoire pour la guinée vue les besoins du pays en terme d’infrastructures; et la possibilité de voir engendrer des partenariats public-privés dans le cadre de ces investissement doit être une aubaine pour accroitre la compétivité de nos entreprises locales qui constitueront un levier majeur pour permettre le développement de notre économie à moyen et long terme. Ce qui implique, que ces entreprises guinéennes s’inscrivent aussi dans une dynamique positive dans la réalisation des marchés qui leur sont octroyés.
Quelle exigence en contrepartie des mines cédées ?
Si le deal avec les chinois a l’avantage d’être rapide, il faut surtout être regardant sur certains aspects. c’est le cas notamment des conditions d’exécution des projets, le respect des normes environnementales, les conditions de travail de la main d’œuvre locale. Les entreprises chinoises ont malheureusement la triste réputation d’exploiter leurs employés. Ce dernier aspect surtout est un point sur lequel il ne faut pas céder, quand on sait le nombre d’emplois que ces projets sont censés générer dans le pays.
Une culture de résultat..
Les infrastructures sont financées sur la base d’études préalables de faisabilité ainsi que des impacts économique et social qu’elles peuvent avoir sur le pays, ce qui veut dire que le plus dûr ayant été franchi, ce qui reste n’en demeure pas moindre. L’action doit être privilégiée à l’enthousiasme au niveau des départements qui seront concernés par les projets.
Le gouvernement est attendu au tournant avec cette nouvelle. Il ne faudrait pas que la signature de cet accord soit de simples effets d’annonce. Et le président de la république doit désormais instaurer la culture du résultat au sein de son administration, c’est-à-dire que tout ministre qui se montrerait incapable de monter des projets bancables dont les sources de financement sont disponibles et qui se montre surtout incapable de mettre en œuvre un projet, doit sauter.
Le temps presse, les guinéens ne veulent voir que du concret, pas de dollars.
Par Naïny BERETE, étudiant à l’université de Nantes