Depuis le 7 Septembre, le Centre culturel franco-guinéen (CCFG) abrite l’exposition des œuvres de Sékou Oumar Thiam, artiste plasticien guinéen qui s’est résolument inscrit dans le créneau très osé de l’art contemporain. En effet, ce genre est très peu abordé par les artistes guinéens ; le public en lui-même n’est pas encore très porté sur cette forme d’expression et les lieux d’exposition manquent à Conakry. Dire donc que c’est courageux de la part de ce jeune artiste d’aller dans cette voie n’est qu’un constat partagé par les quelques rares amateurs et critiques d’art locaux.
Le travail de Thiam est empreint d’une très grande minutie, aussi bien dans le choix des matériaux (bois, fer, papier mâché, colle, argile, calcaire, matériaux de récupération…) que par les techniques employées et les coloris. Très pieux et profondément marqué par sa foi musulmane, le jeune plasticien ne trahit pas l’héritage de ses ancêtres Toucouleurs de Dinguiraye. Même s’il reconnait que sa famille ne souhaitait pas qu’il emprunte la voie de l’art (sculpture, tissage, céramique…), le disciple d’El Hadj Oumar Tall travaille sur des thèmes toujours liés au sacré et au religieux. Pour sa défense, il dit que la religion autorise « tout ce qui va dans le sens de Dieu », c’est pourquoi il parle de Dieu dans ses œuvres. A entendre les titres de celles-ci, on comprend à quel point Thiam tient à relier l’art et le sacré. Ces créations sont toutes en hauteur, très filiformes, comme pour accéder à ce qui est au-dessus, ce qui est sacré et qui est invisible. Aussi, l’artiste parle d’un « art monumental ». Monumental comme l’est cet esprit transcendantal qui le meut et l’inspire. Des œuvres comme « Le Savoir Divin », « La Puissance de la Conscience » ou « Les Miracles de la Patience » montrent combien le travail de Thiam est méticuleux, minutieux, précis. Les patchworks (assemblages) rappellent les ndiaxass ou baye fall des tenues africaines, par la profusion des couleurs et les mélanges de fils et de tissus ; les sculptures faites de tissages représentent parfois un homme en forme de fauteuil, comme s’il était assis, offrant un mixage entre l’usuel et le décoratif, parfois c’est un crâne humain d’un tel réalisme qu’on le croirait directement sorti d’un caveau. Expression de la force de l’esprit ou du cerveau… Thiam explore divers domaines de la création et il allie le gigantesque à la miniature.
A noter que l’artiste Sékou Oumar Thiam est un fruit de l’Institut Supérieur des Arts (ISAG) de Dubréka et que depuis deux ans, il est en résidence de création au Petit Musée, où il a eu à créer la plupart des œuvres qu’il présente actuellement. Depuis sa création, en 1998, c’est l’un des rares sinon l’unique lieu de Conakry où l’art contemporain s’exprime.
Lors du vernissage de l’exposition, le directeur du CCFG, Nicolas Doyard, s’est dit très impressionné par le travail de Thiam et se félicite que son centre accueille un artiste qui évolue dans l’art contemporain. L’exposition se tient du 7 au 29 Septembre.
Daouda Tamsir Niane