Censure

Elhadj Malal Diallo, vice-président de l’OGDH : ‘‘On banalise la mort des citoyens en Guinée’’

Elhadj Malal Diallo, vice-président de l’Organisation guinéenne des Droits de l’Homme (OGDH) a, dans une interview accordée à notre reporter, abordée des questions touchant la vie nationale. Notamment les violents incidents survenus récemment dans la préfecture de Boké.

Bonjour Elhadj Malal Diallo, quelle lecture faites-vous  des manifestations qui ont paralysé récemment la ville de Boké?

Elhadj Malal Diallo: Nous suivons ça de près. Nous avons notre section à Boké qui nous rend compte par téléphone, mais on n’a pas encore eu de rapport écrit. C’est dommage que chaque fois que les citoyens guinéens veulent jouir de leur droit, qu’on se mette à violer leur droit. On nous parle actuellement de deux morts répertoriés, mais il semblerait qu’il y a eu un peu plus de morts, que ce qu’on annonce. Mais nous attendons le rapport écrit de notre section pour nous prononcer.

Il y a eu deux morts, et cela vient s’ajouter à la longue liste des victimes depuis l’avènement de la troisième république. Est-ce que cela n’est pas inquiétant pour notre pays qui se veut respectueux des droits de l’homme?

C’est très inquiétant, parce que nous prétendons être un État de droit. Donc dans un État de droit, les citoyens ont des droits, et chaque fois que les citoyens de ce pays veulent jouir des droits qui leur sont reconnus, qu’ils soient victimes de violation de ces mêmes
droits, surtout le droit à la vie. On est en train de banaliser la mort des citoyens. Ça  c’est extrêmement grave. Donc nous lançons un appel aux forces de l’ordre, pour qu’elles jouent leur rôle républicain, leur rôle de maintien d’ordre, sans violer les droits des citoyens.

L’opposition menace de reprendre les manifestations de rues et a d’ailleurs suspendu sa participation au  comité de suivi de cet accord. Quel est votre point de vue?

Nous parlons de droit, l’opposition est dans ses droits de vouloir manifester. Mais nous, notre inquiétude, c’est les conséquences de ces manifestations. C’est toujours au finish un décompte macabre de violation des droits de l’homme, des pillages et tout ce qui s’en
suit. Normalement, ces manifestations doivent se faire de manière pacifique. Pour se terminer, et que chacun rentre chez soi, sans égratignure. Malheureusement, nous, chaque fois qu’on parle de manifestation, nous avons la peur au ventre, parce que nous sommes
presque sûrs, qu’il y aura toujours des conséquences dramatiques, surtout nous craignons les pertes en vie humaines, les blessés et les pillages. Mais nous avons constaté que ces derniers temps, il y a eu des manifestations qui se sont bien terminées. Il n’y a pas eu de
casse, ni de blessé, et ni un cas de mort. Pourquoi pas cette fois-ci encore. Si les dispositions idoines sont prises, je crois qu’il n’y aura pas de problème. Ils vont manifester, et ils vont rentrer chez eux. Il ne se passera rien de grave. Malheureusement, nous, en tant que défenseurs des droits de l’homme, on a des craintes.

Pour terminer, quel message avez-vous  à lancer au peuple de Guinée?

La République de Guinée se veut un État de droit. Nous sommes dans une démocratie, et les citoyens ont des droits, il faut qu’ils jouissent pleinement de leur droit et que personne ne les empêche de jouir de ces droits. Nous en appelons à tout le monde, à ceux qui nous
gouvernent, aux forces de défense et de sécurité, pour que chacun joue le rôle qui lui est dévolu dans une démocratie, dans une vraie démocratie, pour que les citoyens se sentent en sécurité dans ce pays.

Entretien réalisé par Moussa Thiam

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