Censure

Trafic d’êtres humains : ‘‘Même si tous les Guinéens sont dedans, ils vont tous se retrouver en prison’’, avertit Tiégboro

Mory Mara et Abdoulaye Bangoura, deux présumés trafiquants, ayant leur complice Daniel Béavogui au Ghana, ont été, ce jeudi 28 septembre, présenté à la presse par le Secrétariat général à la présidence, chargé des Services spéciaux, de la lutte contre la drogue, le crime organisé et l’Office de répression des délits économiques et financiers (ORDEF).

Pour cette septième prise, le colonel Moussa Tiegboro Camara a, pour sa part,  appelé les populations à agir contre ce fléau et réitéré sa détermination à l’éradiquer : «  J’ai un sentiment de désolation, de peur, puisque je ne peux pas comprendre pourquoi on peut se retrouver en face du même problème, malgré tout ce qui a été fait comme médiation, et nous sommes aujourd’hui au septième démantèlement. Je demande une fois de plus au peuple de Guinée de nous aider à faire face à ce fléau, dont la Guinée est victime. Malheureusement, nous sommes sur une liste noire par la faute de Guinéens qui, chaque jour, se battent pour ternir l’image de ce pays. Sur les sept réseaux arrêtés, quatre sont guinéens, trois léonais. Il faut qu’on se réveille ; la Guinée est prise en otage. Je vous assure que, conformément à l’esprit de changement du Professeur Alpha condé, nous irons jusqu’au bout ; cela va prendre fin dans ce pays, même si c’est tous les Guinéens qui sont dedans, tous les Guinéens vont se retrouver en prison et seront jugés conformément à la loi pénale guinéenne. »

Expliquant, les circonstances des arrestations et les faits, le commissaire Aboubacar Sylla explique : « Dans le cadre de la lutte contre ce phénomène de trafique humains, qui est récurrent dans notre pays, nous avions lancé des numéros, et c’est par la dénonciation des citoyens que nous avons eu à interpeller deux personnes ; le premier Mory Mara, il a 29 ans et est électricien-auto de formation, et vit chez un monsieur qui s’appelle Daniel Koma Béavogui, qui  serait le cerveau d’un grand réseau de trafic d’êtres humains évoluant dans la sous-région. Il a une spécialité, qui est celle d’opérer avec les faux documents, en montant de faux projets sur internet, pour attirer les expatriés en Guinée. Dans les enquêtes, Mory Mara auditionné, nous a  dénoncé un certain Abdoulaye Bangoura, qui se dit être artiste de profession, il est âgé de 28 ans et habite à Gbessia. Dans cette affaire, Abdoulaye Bangoura est un rabatteur. Le dénommé Daniel Béavogui, actuellement hors du pays, est resté au Ghana, en contact avec ses clients, qu’il arnaque sur internet et les rabat soit vers Abdoulaye ou Mory ; ceux-ci récupèrent le passeport, comme il est au Ghana, ceux-ci vont à la gare voiture de Bamako poster les passeports là-bas. Il monte des faux dossiers à travers ces manœuvres ; il va à l’ambassade, se fait passer pour le consul de la Guinée au Ghana, et pour cela il a un cachet, une carte et d’autres documents lui permettant d’agir ainsi, ne connaissant pas la situation, il part à l’ambassade, il se présente, acquiert des visas qu’il appose dans les passeports.  Ensuite, les passeports reviennent en Guinée par le même chemin, Mory récupère les passeports, les donne aux gens et récupère l’argent, qu’il envoie à Daniel via le système de transfert d’argent. Daniel et ses associés ont réussi à envoyer en Guinée ici quatre Népalais, partis de l’ambassade de l’Inde. Ils créent de fausses entreprises, comme celle de Turcom, qui serait basée à Tanènè-Marché, à travers laquelle il a envoyé une demande d’invitation à ses victimes, qui sont venues au nombre de quatre, mais au moment de l’interpellation, nous n’avions trouvé que deux expatriés. Au lieu de les envoyer à l’hôtel, il les a logés dans une maison à Lambanyi et envoyé Mory s’occuper de leur manger. Ils y sont il y a quatre mois, donc pratiquement séquestrés, et d’après eux il leur aurait soutiré 26.000 dollars. Ceux qui ont dénoncé ont deux de leurs filles bloquées en Iran, et dans ce cas, c’est Abdoulaye qui voulait voyager, mais n’avait pas assez d’argent, alors Daniel lui a dit d’envoyer d’autres personnes, et ce dernier a envoyé des gens ; il s’agissait de deux hommes qui ont tous transité par l’Iran, mais les deux filles ont été interceptées par un monsieur, qui leur a pris leurs passeports et les promenait nuitamment dans les maisons closes. Trouvant cette situation mauvaise, elles ont fui pendant la journée et se sont refugiées à l’ambassade de la Guinée en Iran, où elles sont bloquées avec des visas expirés. C’est pour vous dire qu’on parlait avant du Koweït, mais l’Iran est certainement devenu pour ces réseaux, un lieu de prostitution. Ces filles avec lesquelles nous avons échangé, nous ont donné ces explications. »

Les deux présumés trafiquants, Abdoulaye et Mory, ont complètement nié les faits dont ont les accusent et aussi nier de savoir que leur présumé complice se livrait à ce genre de pratiques.

C’est à cet effet que Mory Mara a affirmé : « Je ne connais rien de cette histoire ; je viens de Siguiri, quand je suis descendu à Conakry, je n’avais ni à manger ni où dormir et faisais le travail de Daniel Beavogui, au garage, qui va m’inviter. Une fois que je lui ai expliqué ma situation, il m’a proposé de venir m’occuper de ses amis népalais que sont  dans sa maison à Lambanyi ; donc je faisais leurs petits travaux, pour la nourriture. Un jour, il m’a dit qu’il y a quelqu’un qui va venir me donner des passeports en visas, la personne m’a appelé de la gare voiture, j’ai récupéré les visas et il m’a dit qu’une autre personne devait venir prendre les passeports et me donner de l’argent, et que je devais le lui transférer. Comme il m’héberge, me donne à manger, il faut que j’assure quelques petites commissions pour lui, et j’ai donné les passeports à cette personne et reçu l’argent que j’ai transféré à Daniel. »

Abdou Lory Sylla pour Guinee7.com

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