En Guinée, la vente des articles divers communément appelés « Au revoir Paris » va crescendo. A Conakry, les nombreux magasins qui longent l’autoroute Fidel Castro, dans lesquels sont vendus ces articles, sont très souvent envahis par les citoyens qui viennent s’offrir des objets de seconde main.
Dans les rayons ou à la devanture de ces magasins, on trouve le plus souvent des matelas, des écrans plasma, des congélateurs, des canapés, des chaines musicales, voire même des objets pour enfants. Importés par ceux de la diaspora, vivant notamment en France, en Allemagne ou en Belgique, ces articles sont généralement vendus à des prix accessibles à tous.
D’après un des revendeurs, Mamadi Kaba, qui lui aussi dispose d’un magasin à Madina : « C’est un business qui rapporte gros, mais qui nécessite beaucoup d’efforts. » Précisant aussi qu’ils ne sont pas tous des importateurs de colis, il affirme que « la plupart des gens qui revendent ces objets divers ne les importent pas tous de l’Europe. Moi qui parle par exemple, j’ai mon fournisseur à Cosa (un quartier dans Ratoma, ndrl) qui me ravitaille une fois que ses marchandises arrivent ici. Vous voyez beaucoup de magasins remplis, peu de personnes importent, par manque de moyens ».
Pour pouvoir introduire en Guinée un conteneur de 20 ou de 40 pieds, il faut avoir les reins solides. Notre interlocuteur, qui apparemment n’a pas un chiffre d’affaires consistant, révèle un moyen par lequel certains se débrouillent : « Moi, parfois quand j’achète des voitures ‘’Bruxelles’’ (par exemple minibus, ndlr), j’en profite pour mettre beaucoup de choses à l’intérieur. Comme ça, je ne payerai que le transport de la voiture, mais pas les choses que je mettrai dedans. ».
Abdoulaye Keita, vendeur dans un magasin à Yimbayah-Tannerie, qui n’a pas l’entière gestion financière de ses actions commerciales, nous explique le fonctionnement du business familial qu’il gère : « Je travaille avec mon frère qui vit en France. Ainsi, quand il a un conteneur plein, il l’embarque pour Conakry, tout en m’informant à l’avance. Après les ventes, il a un compte bancaire ici dans lequel je verse son argent qu’il récupère à partir de la France. Ensuite, il charge un autre conteneur, et ainsi de suite. C’est comme ça que nous travaillons ».
Cette activité commerciale est en plein essor et on peut dire que les ‘’Au revoir la France’’ ont encore de beaux jours devant eux en Guinée, pour le bonheur des revenus les plus modestes et surtout de ces businessmen d’un nouveau type.
Le revers de la médaille, cependant. ‘‘Il y a parfois des frigos, des téléviseurs, et d’autres objets électro-ménagers qui ne fonctionnent pas une fois ici. Nous sommes obligés de les bazarder aux techniciens qui les bricolent’’, témoigne Aly, vendeur dans la commune de Matoto.
Ce que confirme maitre Youla, électronicien : ‘‘vous savez, l’affaire de ces matériels importés de l’Europe, est une question de chance. Parfois nous gagnons beaucoup. Parfois nous sommes obligés de jeter.’’
Rendre à la nature ces objets cause sans doute un problème écologique. Et pas seulement. ‘‘J’ai acheté un matelas importé au revoir Paris. Mais plein de punaises. Il m’a fallu des jours pour me débarrasser de ces punaises’’, témoigne Yarie, enseignante.
Nous n’avons pas pu avoir les statistiques de la douane- elles nous ont été refusées par le chargé de communication- pour mieux mesurer l’ampleur de l’importation de ces ‘‘produits divers’’. Mais y a qu’à pratiquer les rues de Conakry pour voir d’innombrables magasins ouverts pour écouler toutes sortes d’articles dont certains inutilisables en Guinée. De véritables poubelles.
Ismaël Sylla pour Guinee7.com