En marge de la Journée internationale de l’alimentation, cette année commémorée par le ministère de l’Agriculture, en partenariat avec l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), dans la ville carrefour de Mamou, nous avons rencontré, à cet effet, Thierno Boubacar Kallo, président de la Chambre préfectorale d’agriculture de Mamou et président du Groupement des agriculteurs de Soumbalako, qui nous a expliqué le fonctionnement du secteur agricole en plein essor dans la région, mais qui rencontre encore des difficultés.
Dites-nous qui vous êtes et comment vous êtes-vous lancé dans l’agriculture ?
Je suis Thierno Boubacar Kallo, président d’une union qui a 75 groupements, dont 3.382 adhérents, 940 jeunes, 1.520 femmes et le reste, ce sont des adultes. Nous évoluons sur 322 hectares aménagés et plus de 2.000 non aménagés.
Personnellement, je suis né dans l’agriculture, d’un grand-père et d’un père agriculteurs, mais c’est depuis 1988 que nous avons commencé à nous organiser en groupements, avec 18 paysans ; ensuite de 1989 à 1990, nous sommes partis à 12 groupements ; en 1995, 15 groupements, et nous avons constitué pour un premier temps l’Union des groupements agricoles de Soumbalako, ce que nous avons plus tard changé en groupement d’intérêt économique (GIE) dénommé Groupement des agriculteurs de Soumbalako. Vous savez, l’agriculture crée de l’emploi, nous avons beaucoup de main d’œuvre, d’aucuns venant de Conakry et d’autres lieux pour y chercher du travail.
Comment fonctionne cette union, dont vous êtes le président ?
Pour le fonctionnement, nous avons 75 groupements et tous ces groupements ont leur président ; c’est l’ensemble de ces présidents qui se réunit pour former le bureau de l’Union, et chaque personne à sa main d’œuvre, sa parcelle. Mais moi personnellement, je peux employer par jour indirectement ou directement 20, 50 ou 70 ; par exemple l’année passée, j’ai fait 217 hectares de riz, et j’ai plus de 6.000 sacs. A des moments, tu peux trouver 80 femmes en train d’étuver le riz, pour la pomme de terre, il faut également beaucoup de main d’œuvre, au binage, au buttage, à l’irrigation, récolte, pour tout cela, il faut beaucoup de main d’œuvre.
Quels sont les avantages et les difficultés que vous rencontrez dans l’exercice de cette activité ?
Je vais d’abord commencer par les avantages que nous avons dans l’exercice de notre métier. Nous avons un président de la République qui aime l’agriculture et à cet effet, qui la soutient beaucoup depuis 2011 ; il aide les agriculteurs, notamment nous, à travers les intrants agricoles et équipements agricoles, des aménagements, des magasins de stockage de nos produits, des pistes, des infrastructures comme un bureau pour notre siège. Cette année, le président de la République nous a envoyé cent mille (100.000) tonnes d’engrais, qu’il a mis à la disposition de la Chambre nationale d’agriculture, pour la distribution ; la campagne va bientôt finir, mais dans chaque préfecture, nous avons encore des engrais dans les magasins. Il a aussi amené 3.000 tonnes de semences, de riz et de mais, encore à la Chambre des milliers de tonnes d’anacarde ; il amené au Fouta, ici, mille (1.000) kilos pour faire des pépinières de café arabica, on doit faire 1.500 hectares de café arabica au Fouta, parce qu’il a été constaté que le sol du Rwanda et du Fouta, c’est presque la même chose.
Par ailleurs, les problèmes que nous rencontrons souvent, c’est le fait que nous cultivons des produits périssables, comme la pomme de terre, la tomate, le piment, l’aubergine etc. Nous n’avons pas de chambres froides pour conserver nos produits, nous n’avons pas également d’unités de transformation pour nos produits. Mais il est prévu bientôt la signature d’un contrat avec les Marocains à travers les projets PME, pour exporter notre poivron au Maroc. Nous avons des difficultés pour le transport, mais pas dus à l’état des routes qui sont mauvaises mais praticables. Mais le gros du problème, c’est le manque de camions appropriés à l’Union, pour le transport de nos produits, qui ne peuvent pas aller dans un même camion, au risque d’en perdre beaucoup avant d’arriver à Conakry, mais aussi si nous avons des unités de conservation, ça peut aller.
Quels sont vos objectifs sur le long terme ?
Sur le long terme, nous avons pour objectif d’augmenter notre production, nos aménagements, parce que c’est à travers l’aménagement que nous pouvons augmenter notre production.
Quel appel lancez-vous aux personnes en faveur de l’agriculture ?
J’appelle tout le monde à s’intéresser et à s’impliquer dans l’agriculture, qui est le premier secteur de développement, raison pour laquelle le président lui-même soutient cette activité. Tu peux avoir d’autres fonctions, même étant ministre, mais si tu as des domaines, tu peux faire l’agriculture.
Abdou Lory Sylla à Mamou pour Guine7.com