Promouvoir l’agroalimentaire comme solution au chômage des jeunes
DES MOINES, États-Unis d’Amérique, 18 octobre 2017/ — La Banque africaine de développement (BAD) a appelé à un soutien mondial pour les jeunes agriculteurs et “agripreneurs” africains, soulignant que l’agro-industrie est la solution à l’emploi des jeunes sur le continent.
En collaboration avec l’Initiative for Global Development, l’Association des professionnels agricoles africains de la diaspora (AAAPD), l’université du Michigan, l’université de l’Iowa et l’Institut international d’agriculture tropicale (IITA), la BAD a réuni les parties prenantes pour discuter des moyens d’accroître les opportunités économiques pour les jeunes d’Afrique tout le long de la chaîne de valeur agricole – depuis la ferme de l’agriculteur jusqu’à l’assiette du consommateur en passant par les labos scientifiques.
Une session Intitulée « Rendre l’agriculture “cool” : investir dans les futurs agriculteurs et agripreneurs africains » s’est tenue en marge du Dialogue de Borlaug à Des Moines, dans l’Iowa, en présence de jeunes entrepreneurs venus d’Afrique de représentants du secteur privé, de décideurs et de leaders d’opinion.
L’Afrique compte la population la plus jeune au monde, avec 60 % de jeunes de moins de 35 ans. 420 millions sont âgés de 15 à 35 ans, et ce segment de la population devrait doubler pour atteindre 840 millions d’ici à 2040.
Dans le cadre de son programme ENABLE Youth (Empowering Novel Agri-Business-Leded Employment) et en collaboration avec l’IITA, la Banque africaine de développement œuvre en faveur des jeunes agriculteurs.
« Les futurs milliardaires de l’Afrique ne viendront pas du pétrole, du gaz ou des industries extractives. Avec ENABLE Youth, il s’agit d’investir aujourd’hui dans les petites entreprises agro-alimentaires pour qu’elles deviennent de grandes entreprises demain », a déclaré le président de la BAD, Akinwumi Adesina.
« En encourageant les jeunes à chaque étape de la chaîne de valeur agroalimentaire, nous leur permettons de créer des entreprises agro-alimentaires viables et rentables, des emplois et de meilleurs revenus pour eux-mêmes et pour leurs communautés.
Et le président de la BAD d’expliquer à quel point faire émerger une nouvelle génération d’agripreneurs jeunes, énergiques et talentueux – qui inciteront à adopter de nouvelles technologies tout au long de la chaîne de valeur, augmenteront la productivité et répondront à la demande alimentaire croissante – est une priorité des plus urgentes.
Des études récentes le montrent : à mesure que les économies africaines se transforment, les possibilités d’emploi et d’entrepreneuriat pour les jeunes dans les chaînes de valeur à fort potentiel se font plus nombreuses, notamment dans l’horticulture, les produits laitiers, oléagineux, l’aviculture et l’aquaculture.
En outre, d’énormes opportunités existent pour attirer les jeunes africains dans les secteurs des services et de la logistique, dans des activités clés non-agricoles comme le transport, l’emballage, les technologies de l’information et de la communication et les infrastructures légères – qui ajoutent de la valeur ajoutée à la productivité et l’efficacité des exploitations agricoles.
L’idée est de connecter les fermes aux marchés, en particulier aux marchés urbains et régionaux prometteurs : c’est là que l’Afrique doit brancher cette population de jeunes en pleine expansion, a argué Adesina.
Le président de la Banque a souligné l’importance des efforts à fournir pour offrir aux jeunes Africains de nouvelles opportunités d’affaires, des compétences modernes et pratiques, l’accès aux nouvelles technologies, à la terre, aux équipements et aux financements qui leur permettraient de passer d’une agriculture de subsistance à un emploi mieux rémunéré – au sein ou hors de l’exploitation agricole.
« Voici comment nous avons l’intention de rendre l’agriculture cool ! », a-t-il lancé en présentant le programme ENABLE Youth. Dans le cadre de ce programme, la BAD et ses partenaires appuient les jeunes à chaque étape de la chaîne de valeur agroalimentaire, avec des projets de formation pour 10 000 entrepreneurs agricoles dans chacun des pays africains retenus, et la perspective de créer 300 000 entreprises et 1,5 million d’emplois au cours des cinq prochaines années.
L’Afrique compte déjà de brillants exemples de jeunes agripreneurs talentueux. Neuf d’entre eux assistaient d’ailleurs à la conférence du président Adesina, lequel a cité trois exemples – parmi des milliers – de jeunes agripreneurs aux fascinantes, qui le remplissent tout à la fois d’espoir et d’un sentiment d’urgence.
« Nous devons véritablement utiliser cette diaspora africaine comme le font les pays asiatiques, en misant sur leur expertise pour accélérer le programme de développement de l’Afrique et permettre à tous les Africains d’y participer, qu’ils soient basés sur le continent africain ou à l’étranger », a plaidé Adesina.
Renchérissant sur l’idée que l’agro-industrie est la solution au chômage des jeunes en Afrique, Jennifer Blanke, vice-présidente de la BAD chargée de l’Agriculture et du Développement humain et social, a appelé à donner aux jeunes entrepreneurs un accès aux financements, en ré-harmonisant les incitations pour les banques commerciales et autres institutions financières afin de réduire les risques de crédit.
« Il y a plus de quinze filières d’emplois tout au long de la chaîne de valeur agricole – depuis la ferme jusqu’à l’assiette », a-t-elle argué.
Noel Mulinganya, jeune agripreneur et dirigeant des Agripreneurs de Kalambo, un groupe de 20 diplômés de 25 à 35 ans aux profils universitaires variés engagés dans des entreprises agroalimentaires collectives, est revenu sur le besoin de financement pour les jeunes agriculteurs africains : « Notre rêves, à moi et mes collègues, est de bâtir des affaires, a-t-il dit. Nous voudrions que ce programme soit une plateforme pour partager nos connaissances et nos expériences, afin de toucher et de mobiliser autant de jeunes que possible dans l’agro-industrie. »
Lilian Uwintwali, dont la société fournit des plateformes TIC qui desservent plus de 10 000 agriculteurs au Rwanda, reliant ainsi les agriculteurs aux marchés, aux banques, aux compagnies d’assurance et aux services de vulgarisation, a abondé dans le même sens : « J’aspire à décrocher des partenariats et des opportunités d’investissement ici, aux États-Unis, et je pense que les discussions à la conférence vont me permettre de structurer un meilleur business plan pour mon projet, m-lima, au Rwanda. » L’agriculture peut générer des revenus pour la jeunesse africaine, a-t-elle expliqué.
« Je parle d’expérience, parce que c’est [grâce à l’agriculture] que je gagne ma vie depuis cinq ans ! », a lancé la jeune patronne de m-lima.
À propos du Groupe de la Banque africaine de développement
Le Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) est la première institution de financement du développement en Afrique. Elle comprend trois entités distinctes : la Banque africaine de développement (BAD), le Fonds africain de développement (FAD) et le Fonds spécial du Nigeria (FSN). Présente sur le terrain dans 37 pays africains et dotée d’un bureau extérieur au Japon, la BAD contribue au développement économique et au progrès social de ses 54 États membres régionaux.
SOURCE: African Development Bank Group (AfDB)