Le pouvoir d’Alpha Condé est de plus en plus confronté à des convulsions sociopolitiques qui se multiplient aussi bien dans la capitale, que dans les préfectures intérieures. C’est comme si l’on assistait là à un effet boule de neige, des événements qui avaient paralysé la région minière de Boké, il n’y a pas encore longtemps. Le Rpg arc-en-ciel lui, voit, de la manipulation derrière ces révoltes populaires qui, aux yeux du parti au pouvoir n’ont pas leur raison d’être, étant donné que la Guinée d’Alpha Condé est comme un pays de cocagne.
A Beyla, préfecture de la région forestière qui a été le théâtre d’une manifestation populaire, le 19 octobre dernier, il régnait un calme précaire, au moment où nous allions sous presse. Une mission dépêchée par le gouvernement serait arrivée dans la ville, après un détour par N’Zérékoré, en vue de jouer les bons offices. Pour dénouer la crise qui affecte la cité.
Car il faut bien le rappeler, ces manifestations qui avaient pour but de revendiquer l’accès à des services sociaux de base, notamment l’eau, l’électricité et des routes praticables, avaient dégénéré en affrontement entre les agents des forces de sécurité et les manifestants. Donnant lieu à des interpellations dans les rangs des populations civiles.
Les personnes interpellées se trouvaient encore dans la prison civile de N’Zérékoré, province dont relève Beyla, ce lundi, selon des sources judiciaires.
Pour certains observateurs, les populations de Beyla n’avaient fait qu’emboiter le pas à celles de la ville voisine de Kérouané, située à moins de 100 kilomètres, vers le nord, en partance vers Kankan. A Kérouané, on se souvient, la plateforme revendicative portait aussi sur l’accès aux services sociaux de base, avec un accent porté sur le désenclavement de la préfecture, par la construction des routes.
Au Rpg arc-en-ciel, on a du mal à digérer que ces deux préfectures qui sont traditionnellement des fiefs du parti au pouvoir, se mettent en ébullition. C’est ainsi que lors de son meeting hebdomadaire du samedi dernier, N’Faly Raoul Camara, membre du bureau politique du parti a dénoncé une « manipulation politique », en faisant référence à ces convulsions sociales.
Dans un argumentaire cousu de fil blanc, N’Faly Raoul Camara, affirme que les manifestants n’étaient pas des militants du Rpg. Contredisant ainsi ceux qui ont revendiqué leur appartenance au parti d’Alpha Condé, lors des marches pacifiques. Et qui dans la foulée, faisaient cas de leur déception, à cause de l’indifférence des pouvoirs publics, face au sort de leurs préfectures qui végètent dans la misère la plus totale.
En accusant une fois de plus des adversaires politiques de tirer les ficelles dans les agitations enregistrées dans des villes comme Kérouané, le porte-parole de circonstance du Rpg, était tout simplement en train de battre la breloque.
Sinon comment comprendre que des revendications aussi légitimes que celle de ces populations soient assimilées à de la « manipulation politique », dans le simple but de déstabiliser le Rpg, en prélude aux élections communales, prévues pour le 4 février 2018. C’est là une véritable fuite en avant de la part de la majorité présidentielle, engoncée dans ses contradictions.
Mais de tels propos ne sont guère étonnants de la part d’un responsable du parti au pouvoir, où exciter les procès en sorcellerie, fait partie de la norme. D’ailleurs, ce qui est marrant dans tout ça, c’est que la plupart de ceux qui se succèdent devant le pupitre, lors des assemblées générales du Rpg, viennent avec l’intention de cacher les turpitudes de la gouvernance du professeur Alpha Condé. En ayant recours à l’art qui consiste à rejeter la faute sur les autres, notamment les opposants.
En tout état de cause, à l’allure où vont les choses, maints observateurs craignent un remake du scénario des convulsions sociales de janvier et février 2007.
Des événements qui avaient mis à mal le pouvoir de Lansana Conté, dont la maladie, l’avait éloigné des affaires de l’Etat, au profit d’un entourage constitués de prébendiers.
C’est le fait de vivre une situation de déshérence qui avait incité les populations à la révolte. Dix ans après, et malgré l’avènement d’un président « démocratiquement » élu, la Guinée est toujours confrontée à ses vieux démons, que sont la mauvaise gouvernance économique et politique.
Comme pour dire que le ver est encore dans le fruit.
Mamady Kéita (Le Démocrate)