Censure

Togo : Le complot ou le double langage des organisations internationales contre le peuple (Par Dr. Mehenou Amouzou)

Le Togo est un petit pays d’Afrique occidentale situé entre la république du Bénin et le Ghana. Sa capitale est Lomé et sa population s’élève à 7,5 millions d’habitants pour une superficie de 56 600km². Le Togo était une colonie Allemande qui a été placée sous l’administration de le France par la Société des Nation, qui deviendra plus tard l’ONU, lorsqu’Allemagne perdit la seconde guerre mondiale.

Sous l’administration coloniale Française bien que n’étant pas une colonie Française, le peuple togolais est soumis aux travaux forcés pour ne pas parler d’esclavage. Des impôts forcés sont exigés par la France et les produits agricoles et les autres ressources sont automatiquement exportées vers la France sans aucun égard pour la survie nationale. Tous les pays francophones africains dont fait partie le Togo ont lourdement supporté la France lors des deux grandes guerres mondiales en produisant des hommes pour les combats afin de délivrer le Français de l’Allemagne mais aussi, en la nourrissant.

La décolonisation de l’Afrique prononcée par l’ancien président Général De Gaule à Brazzaville en 1944 laissait croire au peuple de l’Afrique Noire qu’une fois la deuxième guerre mondiale terminée ils seraient libres et pourront organiser le développement de leur pays selon leurs besoins. En réalité, ces belles paroles ne sont devenues que “le marche pied”, des promesses vides. L’ancien président du Togo, feu Sylvanus Olympio ne désirant plus que son pays reste sous la tutelle de la France a préféré faire du Togo un état indépendant, malgré la proposition du Général De Gaule. Il a donc refusé de signer avec ce dernier le pacte de continuation de la colonisation. En tant que nouveau président togolais, il ne voulait pas que son pays soit saccagé comme l’a été la Guinée du Feu Sékou Touré en 1958. Suite à cette décision, le général De Gaule a évalué les avantages que la France a apporté aux togolais et a demandé de rembourser la dette coloniale. Cette dette s’évaluait en 1963 à 40% du budget du nouveau pays indépendant.

Comme nous l’avions mentionné plus haut dans cet article, le Togo n’a pas été colonisé par la France mais par l’Allemagne. Le Togo n’a pas non plus demandé ou choisit d’être sous l’administration Française. Donc pourquoi demander au Togo de payer de dette coloniale? La facture de cette dette devrait s’adresser à l’ONU qui avait placé le Togo sous tutelle française sans le consentement des togolais. Aux temps de l’administration coloniale française, ces pays payaient des impôts. Dans le cas où ces populations ne payaient pas, l’administration coloniale les arrêtait et les jetait en prison. Il y avait les travaux forcés. Les indigènes n’étaient pas payés quand le café et le cacao, en plus d’autres ressources naturelles sont exportés vers la France! Comment peut-on imposer à une jeune nation de payer 40% de son budget en 1963 pour cause de « dette coloniale »? Quelle était l’intention si ce n’est de déstabiliser le pays? De plus, le feu Président Sylvanus Olympio avait pris la décision de se débarrasser du Franc CFA, de créer sa monnaie et de mieux contrôler le destin de son pays. Ce qui en découle est que le 13 janvier 1963, le président fraîchement élu démocratiquement et espoir de son peuple a été assassiné par les soit disant démi-soldes.

L’ONU et l’assassinat du président du Togo Sylvanus Olympio

L’assassinat de Sylvanus Olympio a été un coup très sévère pour l’Afrique, le monde et le Togo, car ces pays aspiraient tous à être indépendants un jour, ce qui est contre la volonté du colonisateur de ne pas perdre le contrôle. Quelle est la suite donnée, quelles sont les représailles sur ces personnes responsables de la mort du président Olympio ? La réponse est rien du tout. Par contre certaines puissances occidentales ont conseillé à l’ancien président togolais, le Général Gnassingbé Eyadéma qui s’était déclaré auteur du coup d’état qui a tué le président Olympio de ne pas prendre le pouvoir immédiatement. Par crainte que la réaction du monde politique soit très sévère, ils lui ont conseillé d’attendre quelques années avant de devenir président, ce qui est fait en 1967.

L’amour que l’ancien président avait pour son peuple est qualifié par l’ONU et certains de ses membres occidentaux comme étant à tendance socialiste, voire communiste. Ce n’était pour eux qu’une pure distraction que d’assassiner un président élu qui aimait et rêvait de faire de son pays l’or de l’humanité.

Les raison données pour l’assassinat de Sylvanus Olympio

Dans tous les manuscrits, c’était écrit que l’ancien président Olympio pratiquait la dictature et ne voulait pas réintégrer les anciens combattants de la France dans l’armée.

Essayons d’éclairer les raisons avancées et analysons les tous ensemble afin d’en vérifier la véracité. Pendant la présidence du feu président Olympio, le Togo était un petit pays ne disposant pas d’armée. Il n’y avait que la police et la gendarmerie pour maintenir l’ordre et la sécurité. Les 40% d’impôts que la France exigeait constituaient une chape de plomb sur le budget de cette jeune nation. Le président Olympio ne voulant pas que son pays soit bombardé comme l’a été la Guinée Conakry en 1958 s’y pliait de mauvaise grâce.

Comment et de quel droit la France pouvait demander 40% du budget national et exiger en même temps l’intégration des anciens soldats démobilisés ? Le gouvernement togolais d’autrefois ne pouvait jamais accepter ces conditions. C’était donc une fausse campagne diffamatoire à l’égard du gouvernement de Mr Olympio. Ce n’étaient que des affabulations dilatoires et son arrêt de mort était déjà signé. Notre but ici n’est aucunement de prendre la défense du feu président Olympio et de son gouvernement. Nous savons pertinemment que dans tous les gouvernements du monde, il y a des erreurs de politique et surtout si c’est une neuve nation qu’on cherche à déstabiliser par tout moyen de l’extérieur.

Notons que nombreuses nations qui continuent à chercher une autonomie vis à vis de l’extérieur ont fini par un coup d’état ou un assassinat. Nous pouvons en citer le Togo avec Sylvanus Olympio, la Mali avec Modibo Keita, le Bénin avec Mathieu Kerekou, La Côte d’Ivoire avec Laurent Gbagbo, le Burkina-Faso avec Thomas Sankhara, le Tchad avec François Tombalbaye, la RCA avec Ange Félix Patasse, le Congo avec Pascal Lissouba, la RDC avec Patrice Lumumba, etc.. Si le coup d’état n’était pas fait avec l’accord des occidentaux, la soit disant communauté internationale exige des sanctions et même exclut de la communauté régionale. C’était le cas de Mr Dadis Camara de la Guinée Conakry que la communauté internationale n’a pas vu venir et qui va être difficile à manipuler.

Il y a des privilèges auxquels certaines entreprises européennes et étrangères n’ont pas accès qui sont acquis pour la France dans le monde africain francophone. Pouvons-nous voir une entreprise togolaise ou malienne rêver de prendre le marché de construction de chemin de fer en France ? Ça serait du jamais vu et on crierait à l’atteinte de « l’identité nationale ».

Lors de la dernière élection en Gambie, il y a eu un désaccord entre les deux candidats. L’un désire que les voix soient recomptées tandis que l’autre s’y est fermement opposé prétextant qu’il a été reconnu par la CEDEAO, l’ancien président français François Hollande et l’ancien premier Ministre de l’Angleterre, Monsieur Cameron. Ensuite, le nouveau président Gambien a été invité au sommet de la Francophonie au Mali où l’ancien président français François Hollande était présent. Tous les états membres de la CEDEAO avaient décidé à l’unanimité que l’ancien président Yaya Jammeh devrait quitter le pouvoir. Et la raison réelle de ce rejet est simple. Cette raison, bien sûr n’est pas le nombre d’années qu’il a passé au pouvoir mais plutôt le pétrole qui a été découvert sur la côte gambienne et que les occidentaux convoitaient férocement. Les propositions qu’ils firent étaient jugées vraiment insultantes pour le peuple gambien par l’ancien président Mr Yayah Jammey qui les a rejetés. Ils avaient proposé 10% pour la Gambie. Devant le rejet du président, ils l’ont augmenté à 15% ce à quoi, il réitère son refus et fixe la part de la Gambie à 50%. Son départ a été immédiat par tous les moyens décidés par les occidentaux et « les présidents français des pays de la CEDEAO ». Le Sénégal avait mis son armée en marche pour aller déloger le président Gambien qui ne faisant que défendre l’intérêt national.

La CEDEAO et l’Union Africaine sont-elles devenues de coquilles vides ?

Elles sont supposées veiller à la paix, la stabilité, la coopération et le développement entre les états membres, la prospérité du continent pour que les jeunes africains ne périssent plus dans la mer méditerranéenne à la recherche du bien-être. Monsieur Kaddafi est assassiné parce que ces chefs d’états africains ont reçu l’ordre émanant de certains pays occidentaux, comme le France, de voter la révolution Onusienne qui a pour finalité d’assassiner Mohammar Kaddafi. Ces chefs d’états africains devraient réfléchir aux conséquences d’un tel acte très grave et déstabilisateur avant les élections. L’ancien dirigeant libyen, bien que certaines personnes le traitent de dictateur, est énormément apprécié par d’autres. Il finançait tous les pays africains, y compris la CEDEAO et l’Union Africaine. La contribution libyenne au budget de l’Union Africaine représentait 50%.

Nous allons prendre le cas de la Côte d’Ivoire avant que la guerre n’éclate officiellement en 2010. L’administration ivoirienne avait commandé des médicaments et des produits d’urgence pour les malades hospitalisés et des centres de santé. La commande de ces produits a été faite et payée. Mais par la suite, l’administration ivoirienne a constaté un retard dans la livraison, que l’on prévoyait être d’une semaine ou deux mais finalement, l’administration française annonça que l’embargo inclus les médicaments. Ceci est fait dans l’intention que le peuple ne se soulève contre son gouvernement. L’administration française a reçu la commande et le payement mais n’a pas livré la commande comme cela a été convenu. Mais pourquoi le gouvernement français aurait-il refusé de livrer ces produits pharmaceutiques ? Ce ne sont pas des armes que la Côte d’Ivoire achetait pourtant! Qu’ont fait les ivoiriens morts par manque de soins, à l’époque, pour mériter un tel sort ? Ne sont-ils pas des humains eux ?

Le peuple togolais debout, en quête de sa souveraineté

Le Togo, depuis Août 2017, vit un moment d’holocauste. L’armée togolaise est entrée en guerre totale (guerre économique, guerre politique et guerre militaire) contre sa propre population lors d’une manifestation avec plus 300.000 à 400.000 personnes dans la rue. La population était présente sur toute l’étendue du territoire, à mains nues et se voit réprimer dans le sang ! Les femmes, les jeunes hommes, les enfants les plus jeunes d’à peine 10 ans, tous tombaient sous les balles meurtrières des militaires qui sont censés défendre l’intégralité du pays et non s’attaquer et tuer le peuple. Les miliciens rentraient dans les habitations en défonçant les portes et découpaient les gens chez eux à la machette avec l’intention de tuer des femmes sans défense. La terreur a pris ses droits sur le pays.

Le Togo, bien que ce soit un petit pays, reste stratégique pour s’informer de près ou de loin des activités régionales même au niveau continental. Quelques dirigeants bénéficient de cet avantage, malheureusement au détriment de la population. Comment un gouvernement peut-il lancer ses militaires contre sa population? Ces militaires poursuivent des gens jusque dans leur habitations, vont dans les chambres, battent les femmes en leur demandant où se trouvent leur maris et pourquoi ils ne sont pas mariés. Voilà le comportement de la majorité des militaires qui sont payés par les contribuables togolais. On peut penser qu’au Togo, certains militaires se contentent de soutenir un groupe d’individus au lieu de garantir la sécurité de l’intégralité du territoire en protégeant les personnes physiques et les biens. Le comportement de l’armée togolaise ressemble à celui d’une milice.

Le Togo a besoin de réformes en profondeur. Le Togo est un bien public et tout togolais a des droits sur la gestion de son pays. Or le peuple souffre, les hôpitaux et les centre de santé sont devenus des mouroirs. Le chômage des togolais est un crime. Ceux qui ont des Licences et des maîtrises conduisent des taxi-motos avec leurs diplômes. A quoi sert l’exploitation des ressources naturelles du pays ? Comment se fait la distribution des ressources ? Comment se fait-il que le Togo soit plus pauvre que dans les années 70 alors que de nouvelles ressources sont découvertes après les années 70, 80, 90 et 2000 ? Les villes des régions où le gouvernement produisait du phosphate ne sont devenues que des villes et des régions mortes. Le gouvernement n’y a pas construit d’écoles, de collèges. L’accès à l’eau potable et aux centres de santé et des hôpitaux reste pénible et l’existence des centres d’animations pour les enfants y est tout simplement illusoire. Le gouvernement a pris les terrains aux familles pour en extraire le phosphate sans dédommager les propriétaires ni même construire le minimum de base pour la survie de la population. Après avoir extrait du phosphate dans certaines localités de gigantesques trous miniers que le gouvernement est sensé fermer sont restés ouverts sans aucune protection autour. Aujourd’hui, ces trous constituent des risques pour les localités. Le phosphate qui constitue le poumon de l’économie ne bénéficie qu’à à peine 0,1% de la population qui se partage touts les richesses du pays. Et cela va de soit, c’est au détriment de la population togolaise.

C’est vraiment de l’injustice totale. Le soulèvement de la population est un constat de plusieurs mal gouvernance, d’échecs, de corruptions massives, d’abus sociaux, de détournements de deniers publics, de gaspillages, etc. Le peuple togolais a décidé de prendre son destin en mains. Pour une fois, il refuse d’écouter les politiciens et exige d’être écouté. Un groupe propose le référendum, mais à qui cela est-il réellement destiné ? Les missions de la CEDEAO, de l’Union Africains et de l’ONU en Afrique occidentale semblent déjà un parti pris contre le peuple togolais.

Si la situation dégénère, ces trois institutions seront tenues responsables. Ils ne vont pas nous faire croire qu’ils travaillent pour la communauté internationale, alors qu’en réalité, ils travaillent pour l’intérêt des occidentaux. Et pour ces intérêts là, tout est permis, même s’il fallait brûler des enfants. Quand le problème de la Gambie était survenu, la CEDEAO, le Sénégal en tête, menaçait la Gambie d’intervenir parce que la France parlait à travers le Sénégal. Pour le cas du Togo, c’est un silence de mort. Personne n’en parle. C’est comme si rien ne se passait en fait. La souffrance des togolais est tout simplement ignorée. C’est la preuve que la CEDEAO est incapable de formuler sa propre opinion et nous osons parler d’émergence en 2020 ! Ce n’est qu’une illusion !

A notre avis, la CEDEAO et l’Union Africaine ont une bonne volonté mais l’envie de s’éterniser au pouvoir et les besoins financiers les ont rendues dépendantes de l’occident qui fournit un montant important de leur budget de fonctionnement. Cela veut dire que sans l’occident, ces institutions n’existeront que de nom. Quant à l’occident, il a intérêt à les financer afin de pouvoir leur dicter ou imposer leur agenda à suivre. Le soulèvement populaire du Togo est unique car aucun parti de l’opposition ne pourrait revendiquer le contrôle de la situation. Il s’agit tout simplement du peuple togolais debout, en quête de sa souveraineté.

La bataille médiatique que l’opposition est entrain de mener en organisant des marches est bonne. Il est conseille que l’opposition constitue un comité sélectif de délégation pour chercher à rencontrer officiellement les ambassadeurs des pays suivants : la Russie, la Chine, le Brésil et l’Allemagne afin de documenter et de présenter la situation du Togo depuis Août 2017. Les togolais doivent contourner la CEDEAO et l’Union Africaine compte tenu de ce qui est mentionné plus haut. En sollicitant l’implication des pays suscités, les institutions régionales seront forcées d’être objectives face à la situation du Togo.

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