En faveur d’un contexte politique international inspiré du discours de la Baule en 1990, la Guinée à l’instar des autres pays africains, reconnaitra à ses citoyens le droit de constituer des partis politiques ou d’y appartenir. C’est l’ère de la pluralité politique !
Progressivement, les premières formations politiques virent le jour – le Parti de l’Unité et du Progrès, le Rassemblement du Peuple de Guinée, l’Union pour le Progrès de la Guinée etc. Depuis, l’espace public est dominé par les politiques, de plus en plus de guinéens s’intéressent à la chose politique comme le révèlent les études sur la participation politique et militante. En exemple, une enquête en 2015 de l’association guinéenne de sciences politiques indique un engagement au sein des formations politiques de l’ordre de 42 % dans les communes urbaines.
Au gré donc des intérêts et des enjeux dynamiques exigeant des politiques une meilleure visibilité au sein de l’opinion publique, des postures assez énigmatiques ou tout au moins pas ordinaires ont été celles d’hommes politiques face au pouvoir de Sèkhoutoureya. Dans la sphère publique, deux entités doivent se distinguer comme préconise Montesquieu dans « l’esprit des lois, 1758 », le pouvoir et le contre pouvoir. Le dernier dont le rôle sera d’interpeller le premier dans sa tentation naturelle d’abuser de la puissance publique. Cela appartient à la logique de la contradiction positive. L’opposition est alors par principe cette entité qui ne participe pas à la démarche politique d’un gouvernement. Sauf que dans le contexte politique guinéen, le distinguo est d’une relativité telle, qu’elle contraste fondamentalement avec toutes les théories sur la question.
Que dire de ces opposants transhumants qui se fabriquent par la suite de leur renvoie du gouvernement alors qu’ils sont par origine du système ?
On devrait plutôt les nommer par dissidents politiques de fait. Ils ont la bonne science et l’art de charmer, le seul dessein de revenir dans les grâces du pouvoir n’a de cesse. A coté de ceux-là, jouxte cette autre catégorie d’opposants moindrement représentatifs en termes de poids politique, des partis satellites, aucunement pas très durs. Ces deux premières ne sont pas très agressives vis-à-vis du pouvoir. Ils sont l’opposition modérée en quête de strapontins. On les appelle l’opposition du pouvoir ! Un type d’acteurs de la société civile très habiles et fourbes s’adonnent au même stratagème , ils sont en fait des politiciens que récuse Jürgen Habermas dont le seul objectif est de se servir de la légitimité et de l’aura que leur offre la société civile pour draguer le pouvoir et accéder à des postes dans le gouvernement.
A l’opposé, existe l’opposition du changement : le seul objectif est la conquête et l’exercice du pouvoir, ils sont pas du tout tendres avec la majorité au pouvoir, ne font pas de concessions. Elle brille par ses invectives et diatribes. Le discours et le programme politique se résument par le mot changement. Celle-ci aussi est aidée dans sa lutte par une frange de soient disant acteurs sociaux : c’est la société civile de l’opposition !
Dans toutes les deux figures, le social ne peut en rien contre le politique parce que investi par la politique, et les enjeux politiques se résument malheureusement par la compétition entre ceux qui sont au pouvoir et ceux qui veulent y être au grand dame des populations qui se meurent tous les jours. Quelle connerie !
Par Kabinet Fofana, politologue