Votre nouvelle attaque publique contre ma personne me met à nouveau dans l’obligation de répliquer afin de rétablir la vérité. Vous êtes chef d’un parti politique, vous incarnez les aspirations de plusieurs citoyens, donc vous devez remuer sept fois la langue avant de parler.
Dans les sociétés africaines nobles, le chef est le symbole des plus belles traditions. Il en est l’âme. Il incarne les plus hautes valeurs de ses sujets. La parole du chef est sacrée, parce qu’elle traduit les sentiments et la fierté de son peuple. Cette parole englobe les engagements que le peuple est censé honorer.
C’est pour cette raison que dans l’Afrique profonde le chef est tenu de parler peu. Quand il est contraint de le faire, il utilise de préférence une bouche d’emprunt. Car un vrai chef ne doit jamais se rendre coupable de menteries.
Pour aucun intérêt personnel ou politique il ne doit manipuler les faits. Car il encourrait le désaveu public s’il l’on venait à le confondre. Et c’est ce que je vais faire ici.
la légèreté avec laquelle vous examinez la réalité m’a déçu
Je n’ai pas été surpris cette fois par votre récidive. Vos explications sur les prétendues raisons techniques des pénuries d’électricité à Conakry n’ont aucune base objective. Elles ne sont ni techniques ni justes. Elles sont comme d’habitude des attaques personnelles et ne proposent aucune solution à des problèmes qui ont été générés il y a plusieurs décennies, en raison des dysfonctionnements d’une administration que vous avez largement contribué à vicier.
Par contre, la légèreté avec laquelle vous examinez la réalité m’a déçu. Vous montrez peu de scrupules à dénaturer les faits. Cette tendance augure mal de la situation qui serait celle de la Guinée si le sort accordait une faveur hasardeuse à vos ambitions.
Je me permets de reprendre quelques-unes de vos affirmations que vous qualifiez de techniques et d’y répondre par des données fiables.
De deux choses l’une : ou vous êtes de mauvaise foi, ou vous ne savez pas de quoi vous parlez
- Vous affirmez que « le marché de fourniture d’énergie a été donné à des amis qui revendent le courant très cher, à 3.000 GNF le kWh ».
Actuellement, M. Dalein, ma centrale thermique de Coronthie, la Guinéenne d’Energie (GDE), revend son énergie à la Guinée à 2.534 GNF le kWh. Or, le « Système d’Echange d’Energie Ouest-Africain » estime que le coût de production moyen de l’énergie thermique utilisant l’essence est de 5.430 GNF le kWh dans notre sous-région. Par ailleurs, une publication-référence des Nations Unies recense les coûts d’énergie en Afrique. Elle les situe entre 7.602 GNF le kWh au Tchad et 543 GNF le kWh en Afrique du Sud, avec une moyenne avoisinant 2.520 GNF le kWh. Dans ces conditions, produire de l’énergie en Guinée à 2.534 GNF le kWh, comme le fait la GDE, est bien rester dans la moyenne et une preuve de bonne foi.
- Vous reconnaissez que « le consommateur guinéen ne paie pas les factures d’électricité», pour la plupart
Dans la majorité des pays africains l’électricité est fortement subventionnée. La Guinée n’a rien de spécial en cela. Mais si quelqu’un doit en être blâmé, la pudeur exigerait que vous apparaissiez en première ligne, pour avoir prêté main forte à ce mécanisme du temps où vous dirigiez l’élaboration de la politique énergétique du pays.
- « Le prix du KWh produit par Kaleta est 940 GNF le kWh parce qu’il y a eu surfacturation, sinon il aurait été produit à 500 GNF le kWh. »
De deux choses l’une : ou vous êtes de mauvaise foi, ou vous ne savez pas de quoi vous parlez. Dans le second cas, vous auriez dû prendre la précaution de vous informer. Le même « Système d’Echange d’Energie Electrique Ouest-Africain » publie des données indiquant que le coût moyen de l’énergie hydroélectrique dans notre sous-région est d’environ 1.629 GNF le kWh pour les grands barrages et 905 GNF le kWh pour les micro-barrages.
Je suis donc au regret de vous signaler que vos soi-disant explications techniques ne sont pas fondées sur des données correctes.
- « L’EDG n’a pas participé aux négociations, le Ministre de l’Energie non plus. »
Cette affirmation est absolument fausse. J’ai personnellement participé à une pléthore de négociations avec :
Les services juridiques du Ministère
- Les services techniques du Ministère
- Le Secrétaire Général du Ministère
- Le Ministre lui-même
- Le Directeur Général d’EDG et son staff technique.
J’ai également participé à plusieurs sessions avec le staff des Ministères de l’Energie, des Finances et d’EDG.
Je trouve absolument irresponsable de votre part de tenter d’instrumentaliser une situation sociale aussi sensible pour favoriser votre agenda politique qui d’ailleurs s’effrite lamentablement avec le temps, en raison de la mauvaise foi qui vous a toujours animé. En plus, vous ne semblez pas faire preuve d’une imagination bien fertile, ne vous ayant jamais entendu proposer des solutions concrètes à quelque problème que ce soit, des solutions qui seraient dignes d’un chef de parti ayant occupé pendant des décennies des postes décisionnels stratégiques dans le pays. Le contenu de vos déclarations se limite toujours irrémédiablement à des critiques personnelles.
L’essentiel de vos attaques est d’accuser à tort le Président Alpha Condé d’avoir attribué des marchés de gré à gré. Pourtant, vous n’avez toujours pas apporté des explications aux Guinéens sur les appels d’offres que vous avez lancés pour accaparer des biens publics, incluant la résidence officielle du Premier Ministre que vous avez unilatéralement retirée du patrimoine bâti public, pour ne s’en tenir qu’à cela.
Puisque vous vous efforcez à peindre une image peu flatteuse de mes activités, je prends la liberté d’enfreindre la modestie qui sied à un gentleman pour vous parler de certains des projets que j’élabore en Guinée, depuis un an et demi que j’y ai élu domicile.
Vous voyez, moi j’investis et je distribue en Guinée ma fortune personnelle
- Au courant de ce mois de janvier, mon partenaire national et moi-même allons devenir les premiers Guinéens à exporter de la bauxite de notre pays, après soixante années d’indépendance. Nous avons réussi à gérer toutes nos opérations sur fonds propres et en employant exclusivement des techniciens, géologues, logisticiens et gestionnaires guinéens ; une fierté qui n’a pas de prix pour moi.
- D’ici juin 2018, j’ai l’intention de terminer (sur fonds propres) la construction d’une unité de transformation de mangues, d’ananas et d’anacardes dans la préfecture de Kindia. Cette usine sera en mesure d’acheter et traiter plus de 6.000 tonnes de fruits par an, créant ainsi de la valeur ajoutée, plusieurs centaines d’emplois et des opportunités pour des centaines de femmes associées en groupements agricoles de trouver sur place un débouché à leurs laborieuses récoltes.
- J’épaule en ce moment une initiative, purement privée, qui ambitionne de construire dans la zone de Koloma un complexe immobilier d’une quinzaine d’immeubles de douze étages chacun, soit 195 niveaux en tout si on inclut les rez-de-chaussée. Ces bâtiments vont abriter aussi bien des services publics que des entreprises privées. La réalisation du projet créera un grand nombre d’emplois et contribuera à décongestionner considérablement le centre-ville.
- D’ici à septembre 2018, je compte, avec un groupe de jeunes guinéens dynamiques, monter une unité de production de tuiles et de dalles renforcées fabriquées à partir des déchets plastiques qui polluent la ville de Conakry. Cette unité donnera le départ au développement durable et à une industrie verte en Guinée.
- Je suis associé à un nombre d’initiatives caritatives qui ont offert des conteneurs entiers d’équipements médicaux à nombre de centres médicaux, y compris l’hôpital national Ignace Deen, donné des provisions alimentaires pour une année entière à un orphelinat de Boffa, construit un bâtiment pour abriter des orphelins à Coyah et installé gracieusement des panneaux solaires dans des mosquées et autres endroits publics dans plusieurs préfectures de la Guinée.
Vous voyez, moi j’investis et je distribue en Guinée ma fortune personnelle que j’ai patiemment bâtie à la sueur de mon front aux Etats-Unis, où les fraudeurs ont leur place en prison et non dans la haute société.
M. Dalein, notre pays a besoin de l’implication sérieuse de tous ses citoyens. Ceux qui, comme vous, incarnent les aspirations d’une partie du peuple de Guinée ont une plus lourde responsabilité. Celle-ci commence par le courage de dire la vérité et de travailler dans la vérité. Cette responsabilité est amplifiée chez vous du fait de votre statut et de surcroît par l’acceptation enthousiaste d’une allocation financière considérable du contribuable pour jouer votre rôle.
M. Dalein, je souhaite que beaucoup de Guinéens s’impliquent honnêtement dans la résolution des nombreux problèmes de notre pays, tout en poursuivant légitimement leurs intérêts personnels. Je souhaite tout aussi ardemment que ceux qui choisissent d’être oisifs ne constituent pas un frein aux ardeurs des autres. Pour ma part, comme je vous l’ai dit dans ma précédente lettre ouverte, je n’ai nullement l’intention de me laisser intimider, surtout pas par vous.
Respectueusement,
Mori Diané