Censure

Garafiri, Kaléta et Souapity : Le déballage de Papa Koly

Le président du pari GRUP, Elhadj Papa Koly Kourouma, a dans un entretien a accordé à lynx.fm expliqué les difficultés rencontrées par Kaléta dans la fourniture de l’électricité. Il donne également les raisons de cette crise énergétique et donne les perspectives.

Que pensez-vous du bilan du Pr Alpha Condé en 2017?

Vous savez, quand on tire un bilan d’un mandat ou des mandats, c’est qu’on devait faire et qu’est qu’on a fait ?  J’ai l’impression qu’on s’apaisante souvent sur ce qu’on a fait en oubliant ce qu’on devait faire. Moi, si je comprends la possibilité qu’il a eu pour faire quelque chose, ce qu’il a réalisé par rapport à ce qu’il n’a pas réalisé. Je pense que le bilan est négatif. Parce qu’il pouvait faire mieux, il a eu les moyens et le temps pour faire mieux. Malheureusement, le tâtonnement, le manque de vision font qu’aujourd’hui il n’y a pas de fait. Tout ce qui a été fait est enterré, et affecté par le fait qu’il y a l’insécurité, la corruption. Tout ceci porte ombrage à l’action du Président de la république. Donc, ce n’est pas visible. C’est pourquoi moi, je dis, le bilan est négatif.

 Ce qui est positif ?

Vous avez des avancées significatives même si je dis qu’il y a un ombrage qui est porté sur la visibilité de ses actions, il y en a suffisamment. Quand on prend sur le plan économique, c’est vrai que moi, je ne suis pas trop PPTE (pays pauvre très endetté) mais il n’a pas su gagné le pari de PPTE. Nous avons aussi des avancées par rapport à la mobilisation des ressources même quand cela n’est qu’un accent, parce que la mobilisation d’une ressource, les effets d’annonces ne sont pas les mobilisations. Si je vous donne un exemple tout à l’heure en 2011- 2012, nous avons organisé une table ronde des bailleurs de fonds sur le secteur de l’énergie. On a eu beaucoup de promesses mais jusqu’à ce qu’on quitte, on avait rien mobilisé. Donc ça veut rien dire. C’est juste des effets d’annonce. Est-ce qu’on va continuer à se baser sur ces effets d’annonces ?

Basons-nous sur le concret. Nous avons des ressources qu’on peut exploiter sans qu’on n’ait besoin d’attendre ces effets d’annonces. Il faut du concret. Donc, pour moi, ces effets d’annonces, 2 milliards par ci, 22 millions ou 3 milliards par là. Pour moi, c’est du bluff, jusqu’à ce qu’on voit le concret. Sinon, ça ne sert à rien que le père de famille vienne dire demain j’aurai 10 tonnes de riz, après demain, quelqu’un va me donner 50 sacs de riz. Non ! C’est ce qu’on voit dans la marmite qui est du concret. En attendant que la marmite bout.

Alors comme, vous parlez de l’énergie, il y a des coupures d’électricité et des manifestations. Alors que vous étiez ministre de l’Energie et que  la communication sur la fiabilité de Kaléta faisait rage, vous avez déclaré que ce barrage ne réglerait pas le problème d’électricité en Guinée. Qu’en savez-vous ?

Oui,  je l’ai dit ! Quand je l’ai dit, il y a eu des démagogues qui sont allés sur les médias pour pouvoir critiquer et traiter Papa Koly de tous les noms d’oiseaux. Aujourd’hui, la réalité est là. Je connaissais mieux ce barrage, ce n’est pas une flatterie, ou m’arroger de n’importe quoi mais c’est mon domaine ça, Kaléta. Les études techniques ont montré que Kaléta est un barrage saisonnier. Tous les barrages sont d’ailleurs saisonniers mais la seule différence au Kaléta et qui n’a pas de barrage de retenue à cause du relief. Donc, on ne pouvait pas construire un barrage qui permettait de stocker de l’eau. Donc, on n’a pas la possibilité de stocker l’eau. La puissance garantie pour Kaléta était environ de 60 MW alors que la puissance installée est de 240 MW. Il y a une déférence, la puissance installée est de 240MW mais la puissance garantie est 60MW. Ça veut dire qu’à l’étiage avec le cas de la pluviométrie, la plus sévère, on ne peut garantir que 60 MW, ça veut dire qu’à la saison sèche, cette puissance de 240MW ne peut plus produire la capacité souhaitée (….)

On parle de 33 MW. Comment expliquez-vous cet état de fait ?

Il n’était pas prévu, le changement climatique. Ça joue beaucoup dedans. Je viendrai sur ça dans les explications techniques. Donc, le fait que dans ce barrage-là, la retenue n’existe pas.  Ça ne servait à rien d’avoir 240 MW. Après 6 mois, on chute à 60 MW. Il fallait être donc proactifs. Et je crois que la proactivité, nous l’avons eue. Il y avait une solution, il y a encore une solution. La solution était la construction du barrage de retenue de Souapiti qui est suffisamment grand. Et les eaux stockées dans ce barrage auraient permis de moduler le barrage de Kaléta pour avoir 240 MW toute l’année.

C’est ainsi quand on a lancé les travaux, quand on s’est battus, on a obtenu le financement. Quand le Président de la république a mis 125 millions de dollars pour faire avancer les travaux. Nous, nous sommes dit qu’il fallait aller négocier la construction de barrage de Souapiti pour que les deux soient construits concomitamment. C’est ce que nous avons fait. Nous nous sommes rendus en Chine, on a discuté avec les responsables de CEW qui avaient la charge de la construction du barrage de Kaléta, en disant qu’ils ont plus intérêt que n’importe qui : d’abord de nous aider à finaliser les études de ce barrage et de deux, accepter d’entreprendre les travaux pour qu’au moment où on va finir Kaléta que ce barrage soit fini et qu’on ait effectivement 240 MW. Ces démarches ont abouti. Les responsables de CEW nous ont écoutés mais ils ont posé un problème de finance. Nous sommes parvenus à les convaincre en disant que le problème de finance ne se pose pas.  C’est nous qui leur avions fait une proposition de financement qui aboutit aujourd’hui en allant (…) du mal.

Je pense que si on allait dire à Energy banque, à la date d’aujourd’hui, il aurait fait un financement pour un barrage avec un plan de remboursement et si on avait l’avantage de rembourser plus rapidement que ce plan. Si on multipliait ce plan par deux qu’est-ce que ça vous dirait monsieur le ministre des finances? Il me dit: mais on ‘’apprécierait bien.’’

Je dis alors pourquoi n’allez-vous pas nous aider à financer la réalisation du barrage de retenue de Souapiti ? Pour porter ça à 240MW toute l’année au lieu qu’à un moment qu’on soit en arrêt et qu’on passe à 60 MW et qu’au plan de remboursement qu’on diminue ce que nous avons percé. Il a dit oui ! C’est une bonne idée ! Donc nous avons joué sur cette levée qui a été accepté. La CEW convaincue a demandé qu’on fasse un mémorandum d’entente. Lors donc du lancement des travaux de Kaléta, nous avons invité le responsable de CEW qui a fait le déplacement qui est venu avec ce mémorandum pour que les partis signent. Et puisque dans ce mémorandum, il devait y avoir un engagement de l’Etat, le ministre des Finances devait signer ce mémorandum.

Alors, j’avoue la veille du lancement des travaux de Kaléta, nous avons été rendre visite à M. le Président de la République avec ce responsable qui a confirmé la position de CEW de réaliser ce barrage. Quand nous sommes allés avec ce mémorandum d’entente chez le ministre des Finances qui nous a laissés dans son salon pour prendre sa voiture et voyager. Heureusement, le Président de la république lui a demandé de se retourner et de venir qu’on regarde ce document. Quand il est venu, (…) il a dit que le document ne peut être signé ce jour-là. Le Directeur de CEW a accepté de partir et d’attendre à ce qu’on finisse les corrections, qu’on mette le mémorandum dans la forme que la Guinée veut et puis on va signer.

Jusqu’à ce que je quitte, on était en 2011, on n’a pas réussi à signer ce mémorandum d’entente. Donc le barrage a continué. Quand moi je quittais, on était à 85% de la réalisation de ce barrage mais le mémorandum n’a pas été signé. Donc, le barrage a été lancé en pompe, ils ont continué à faire installer les thermiques pour qu’à l’étiage, pour que les thermiques produisent la part qu’on a perdue.

Qu’est-ce qu’il faut pour surmonter ce problème de Kaléta M. Kourouma ?

On a l’impression que Kaléta ne marche pas. C’est faux ! Kaléta marche très bien. Le barrage se porte bien parce qu’on a fait en toute connaissance de cause. On savait qu’à l’étiage, la puissance installée allait chuter jusqu’à 60 MW c’est-à-dire la puissance produite. Donc, on savait.

C’était à nous de prendre des dispositions pour qu’au moins, il nous donne 60MW ou 63MW, comme ça on sera à mesure d’apporter la puissance additive permettant de supplier à la puissance perdue pendant l’étiage.

Donc, ce qui était judicieux, c’était de faire en sorte que Kaléta et Souapiti soient des barrages qui sont conçus au même moment ?

En fait, il y a une mauvaise modulation d’investissement. La première étude de Kaléta était de 120 MW, quand on a décidé de réaliser Garafiri, les études ont porté cette puissance à 240MW à cause de la retenue de Kaléta. Donc, les autres revenus de Kaléta revenaient dans le lit de Konkouré et venait bonifier le barrage de Kaléta. Donc, c’est le couple Kaléta-Garafiri qu’on devait réaliser. Mais très malheureusement, on a réalisé Garafiri et nous avons réalisé Kaléta plusieurs années après. En fait, le barrage de retenue permettant à Kaléta de fonctionner pendant la saison des pluies à 240 MW est à Garafiri.

C’est pourquoi, à l’époque, vous avez entendu que le Garafiri était un mauvais investissement, ça n’a pas marché. Non ! Ce n’est pas parce que ça n’a pas marché, c’était le rapport coup de réalisation et puissance installée qui n’est que de 75MW. Quand on fait ce rapport, le barrage de retenue, la puissance installée, on trouvera que c’était du gâchis. Ce n’était pas du gâchis. Ce barrage de retenue était fait pour garafiri pour que Kaléta produit au moins pendant six mois 240MW. Ce qui faisait 240MW + 75MW pendant l’hivernage. Après l’hivernage, l’autre la chute à 60MW.

Maintenant le Barrage de Souapity, plus on se rapproche, plus l’apport est important. Donc, le barrage de Souapiti doit permettre de retenir une certaine quantité d’eau suffisant permettant d’installer une puissance de près de 540 MW toute l’année.

Pour Souapiti seulement ?

Oui  540MW ! Mais quel sera l’avantage ? cette quantité d’eau stockée au niveau de Souapiti qui est même modulée pour Garafiri va permettre de moduler Kaléta. Et Kaléta me dira cette fois-ci tant que Souapiti tourne 540 MW, autant que Souapity a dû retenir d’eau toute l’année, toute saison, moi, je vais fonctionner 240MW. Mais malheureusement voilà. C’est le manque de proactivité, je pense qu’ils ont en train de le faire.

Et Souapiti, c’est pour combien de temps 2020 ?

Ça dépend de ce qu’ils veulent faire. Est-ce qu’ils font juste le barrage de retenu et ils attendent, pour le moment donner les 240 MW 24H/24 pour 12 mois sur 12 mois ? Ou bien, ils vont faire le barrage de retenue et l’usine ? S’ils font barrage et usine, Dieu merci ! On aura donc 540 MW + 240MW + Garafiri et tout ce qu’ils ont comme suppliant.

En ce moment, on pourra vendre de l’électricité comme on aime souvent à le dire ?

Oui, il aime à le dire. On pourra vendre mais on ne peut vendre que quand on n’a déjà résolu le problème guinéen. Parce que la Guinée ne se résume pas seulement à Conakry, à Dubréka, à Mamou. Les autres préfectures sont encore dans le noir. On ne peut pas penser que toute suite on va faire et on va vendre non ! Quelqu’un disait que : ’’ l’énergie, C’est l’arme de développement’’ même ce matin, on se moquait, on disait que l’énergie change même notre comportement religieux, car le jour où il n’y a pas de courant, personne ne vient à la mosquée. Sinon d’ailleurs, on risque d’être Kidnappé, comme ce qui se passe actuellement.

La retenue de Souapiti et cette réserve de 240MW de Kaléta, est-ce que toute la Guinée peut être électrifiée 24h/24 ?

Ça sera relatif. On sait qu’on sera en 2020. Quand le barrage là va fonctionner, on fera la somme des puissances installées et on va dire aujourd’hui quelle est la demande des préfectures. Mais aujourd’hui, on ne peut pas exprimer avec exactitude la demande des préfectures parce qu’il y a pas encore de branchement. Toutes les préfectures n’ont pas encore exprimé leur puissance, leurs demandes. Aujourd’hui, on n’a pas réellement d’indicateurs pour pouvoir exprimer ses besoins. Or, ces besoins-là vont croissant.

Aujourd’hui sous la demande dans les préfectures, qui est peut être 6 MW mais quand on va installer le courant, les besoins réels va s’exprimer et à partir de ce moment, on saura avec la demande est-ce qu’on va supporter cette demande. C’est la question. C’est pourquoi, l’Etat doit continuer à s’investir dans les moyens de productions pour pouvoir répondre au plan directeur de l’énergie. Ça doit être le rôle de l’Etat que de se mettre d’acheter le carburant, se mettre à être fournisseurs de carburants pour EDG, c’est du Pupo. Ça ne marchera pas. Il faut que l’Etat sorte de cet amateurisme qu’on mette un mécanisme perenne de fourniture de carburant à EDG qui ne soit pas adossé à l’Etat, donner les moyens à EDG pour pouvoir le faire.

Ces moyens-là, c’est quoi ? C’est d’abord dire la vérité de prix On ne peut pas concevoir, qu’on ait mené des études qui favorisent la flexibilité de l’index tarifaire en fonction des facteurs de productions et qu’on mette dans les tiroirs et mette les pieds dessus. Tant que c’est comme ça, la société ne sera pas performante, elle ne pourra pas fournir.

Mais est-ce que vous êtes d’accord avec le ministre que c’est parce que aussi les Guinéens ne payent pas les factures d’électricité qu’on a cette situation ?

Ça c’est un facteur mais ce n’est pas l’essentiel. D’abord, quelle est la quantité en facture ? Ça c’est un, à combien, c’est facturé ?

Aujourd’hui le coup de la production, c’est 3 900, ça baissé. A notre temps, c’était 5 mille parce qu’on n’avait plus de thermique. Aujourd’hui, on demande de vendre le prix moyen à 900, à notre temps c’était à 700. On n’a pas accepté parce qu’on a peur que les gens se soulèvent mais ça n’empêche pas les gens de se soulever. Si on n’apporte pas cette différence-là, les 3000 là, c’est juste pour équilibrer le coup si on équilibre on n’a pas de production alors qu’on a des charges d’entretien, de maintenances, des équipements, des infrastructures, ça ne suffit pas. L’Etat doit continuer à investir.

On doit être en avant par rapport au plan directeur mais aujourd’hui, on est complètement en retard. Quand j’entends qu’on a investi plus de 1000 milliards, c’est insignifiant si on veut rattraper les impératifs du plan directeur, c’est insignifiant, ça ne veut absolument rien dire. Or aussi longtemps que nous sommes en train de courir après le plan directeur on ne bouge pas. La demande nous rattrape toujours. On doit faire en sorte que les installations soient supérieures à la demande. C’est la demande qui doit nous rattraper mais chez nous, c’est le contraire.   C’est qui nous rattrapons la demande. Voilà donc situation réelle.

Une synthèse d’Alpha Amadou Diallo   (L’Indépendant)

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