Ce jeudi 25 janvier 2018, du pont 8 novembre au camp Boiro, les rescapés du régime Sékou Touré, veuves, fils, filles, petits-fils, petites filles, arrières petits-enfants et innombrables victimes collatérales, parents, amis, sympathisants, et défenseurs des droits humains, tous habillés en rouge, ont marché pour rappeler les exactions de l’époque.
Durant le parcours, les marcheurs scandaient : « Plus jamais le Camp Boiro !» « Nous réclamons justice et la réhabilitation de nos martyrs !» « A bas Sékou Touré et son PDG ! » ou encore « Plus jamais des pendaisons en Guinée !»
Selon les organisateurs, la commémoration de la date du 25 Janvier 1971 est aujourd’hui devenue un rituel solennel qu’ils espèrent être « le point de départ pour le devoir de mémoire de notre pays. Hélas plombé par le silence ; le silence coupable et son funeste cortège de non-dits volontairement, malheureusement entretenus ».
« Bien pire, des insultes, des déclarations mensongères, des tentatives hebdomadaires de falsification de l’histoire par le mensonge portant gravement atteinte à la dignité de nos illustres disparus et de leurs familles, continuent d’être proférées par certains thuriféraires non reconvertis du régime du sinistre Sékou Touré », regrette Lamine Kamara, écrivain, rescapé du Camp Boiro.
Pour lui, « les raisons de cette barbarie, de ces barbaries, bien qu’inavouée(s), ne reposaient que sur une seule vision, celle basée sur l’élimination systématique de la vie politique et économique de Guinéens, de groupes, d’associations, de partis politiques tendant vers le triptyque du savoir, du pouvoir et de l’avoir. En effet, le régime des bourreaux d’antan sous la 1ère République, pendant le ¼ de siècle de règne absolu sans partage a éliminé systématiquement et de façon programmée, quasiment tous les fils de ce pays dès l’instant qu’il était avéré que tel était intellectuel, était crédible pour prétendre ou mériter d’exercer le pouvoir ou était tout simplement nanti, riche à la sueur de son front ».
Pour rappel, le 25 janvier 1971, plus de 80 Guinéens, hauts cadres, simples fonctionnaires, hommes d’affaires et militaires ont été pendus par le régime de Sékou Touré, accusent les parents des victimes et des ONG.
Les défenseurs du régime de Sékou Touré (1958 à 1984) rectifient et parlent plutôt de 8 pendus : « Huit personnes dont la culpabilité avait été établie pour avoir contribué en bonne intelligence avec l’ennemi, à assassiner plus de 360 Guinéens (dont des femmes et des enfants), lors de l’agression de la Guinée par le Portugal, le 22 novembre 1970 ».
Bhoye Barry pour guinee7.com