Censure

Élections communales : tout ça pour ça…

Ce dimanche 4 Février 2018 a marqué le retour des guinéens aux urnes à l’occasion des élections communales et communautaires, deux ans après la Présidentielle. Une élection de proximité qui devrait permettre à nos populations de légitimer et responsabiliser davantage leurs conseillers municipaux, 13 ans après la tenue d’une élection similaire dans notre pays.

Avant d’aller en profondeur, je pense qu’il est de bon aloi de se féliciter du bon état d’esprit qui a prévalu au sein des partis politiques de même que chez les participants indépendants durant toute la phase de campagne. Ainsi, pendant deux semaines, aucun véritable incident majeur n’a été signalé, à quelques exceptions près. Cela est à saluer et dénote, une nouvelle fois, de l’ancrage d’une certaine maturité politique de nos concitoyens.

Toutefois, il convient de s’interroger sur le peu d’intérêt démontré -visiblement- le jour du vote sur une grande partie du territoire national, selon un constat quasi-unanime. Comment expliquer le peu de mobilisation de nos compatriotes pour le choix de leurs administrateurs locaux ?

Vous avez dit élection de proximité ?

A mon sens, le premier enseignement de cette élection est que les directoires de campagne se sont trompés de stratégie électorale. C’est une lapalissade que de dire qu’une élection communale est différente d’une élection présidentielle qui elle-même n’a rien de commun avec des législatives, et devrait donc de fait être menée conséquemment.

Malheureusement, au cours de cette campagne électorale, force a été de constater un mélange de genres. Surfant sur les méthodes utilisées en 2015, avec en figure de proue les premiers responsables politiques nationaux, les grands partis ont déployé de grands moyens, tous aussi bruyants et vides de sens, les uns que les autres. Carnavals, grande mobilisation le long des principales artères de nos villes et stades pour qu’au final, tous s’évaporent le jour J. En exagérant à peine.

Peu de communication autour des candidats et de leurs programmes

Cette assertion est facilement vérifiable : qui parmi vous, chers lecteurs, peut citer au moins 5 candidats en compétition dans sa commune et 1 mesure phare qu’ils comptent déployer une fois élus ? Quelques-uns y arriveraient probablement mais la majorité d’entre vous échouera. Et moi aussi d’ailleurs.

Pourtant, il s’agit là d’un point essentiel et d’une spécificité de cette élection qui a purement et simplement été occultée voire sacrifiée. Parfois volontairement.

S’il est toujours souhaitable d’avoir l’appui des premiers responsables nationaux d’un parti, les candidats auraient pu (dû ?) s’émanciper davantage et « affronter » d’abord eux-mêmes les populations dont elles sollicitent le suffrage. Sinon comment et pourquoi voter pour quelqu’un qui prétend connaître mes difficultés mais dont je ne connais rien, ou presque ? Devrais-je lui faire confiance ? Pourquoi serait-ce le leader d’un parti X qui réside, par exemple, à Dixinn qui viendrait parler de la gestion de la commune rurale de Tougué dont il ne sait rien ou presque ? Autant de questions qui ont sans doute traversées l’esprit de plusieurs milliers voire millions d’abstentionnistes ce dimanche et qui devraient faire l’objet d’une analyse poussée dans les différents QG de nos partis politiques.

En attendant, dans quelques heures, nous aurons des maires légitimes à la tête de nos communes et notre pays aura, une fois encore, franchi un nouveau palier dans sa marche vers la consolidation de sa démocratie. Au final, c’est ce que l’Histoire retiendra certainement et cela n’a pas de prix…

Prochain rendez-vous électoral : les législatives dans quelques mois avec, on l’espère, plus d’engouement et la même atmosphère apaisée !

Soul

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