Elles sont nombreuses, ces séries étrangères qui inondent le quotidien des femmes de Guinée, qui ne perdent pas une minute de leur rendez-vous avec les nombreuses chaines qui les diffusent. Une situation qui prend de plus en plus d’ampleur dans notre société, et sur laquelle nous avons voulu faire la lumière.
Qu’elles soient jeunes ou vieilles, toutes les femmes sont concernées par ce phénomène qui grandit de jour en jour, dans notre pays, et qui pour elles passe avant toutes choses.
Teresa, El Diablo, Kushi, Le Journal de Jenifa…, toutes ces séries, qu’elles soient mexicaines, nigérianes ou même angolaises, passent à longueur de journée sur les chaines 100% télénovelas, telles que Novelas TV, Novela F1, Nollywood TV…, pour émerveiller et éblouir les femmes, à travers leurs histoires passionnantes.
C’est le cas de Maimouna Sylla, fidèle téléspectatrice de Novelas TV, qui trouve du plaisir en regardant ses séries préférées : « Je regarde ces séries parce que ce sont des histoires passionnantes, dramatiques et sentimentales, qui nous transportent loin, nous font évader dans d’autres univers et nous débarrassent de nos soucis. En un mot, c’est super de regarder ces séries ! »
Cependant, cette situation inquiète les hommes qui ne trouvent plus de place devant les postes téléviseurs. C’est notamment le cas de Idrissa Camara, qui nous explique que : « Ces séries nous rendent la vie difficile, surtout à l’heure du journal ; c’est tout un problème de vouloir regarder, c’est un combat quotidien et quand il y a les matches de football, il faut sortir regarder dans les bars-cafés. Franchement, elles monopolisent tout. »
Regarder ces télénovelas n’a-t-il pas un impact sur la vie des femmes, et surtout sur celles qui sont en foyer ?
A cette question, certaines pensent d’une manière très positive, comme nous l’explique Touré Mamaissata : « Moi, je trouve que les séries novelas, c’est trop femme, trop long ; et puis ça tourne autour de la même chose. Par contre, les séries africaines, comme « Le Journal de Jenifa », reflètent le quotidien de la femme africaine. En un mot, c’est notre culture à nous tous ».
Compte tenu du fait que ces séries ne reflètent ni notre culture ni nos traditions, pourquoi ces télénovelas dominent sur nos programmes de télévision et tiennent notre public en liesse toute la journée ? Pourquoi n’arrive-t-on pas à produire des séries guinéennes pour nos téléspectateurs, comme le Nigeria ou l’Angola, dont les productions sont de plus en plus appréciées par notre public ? Une question que la directrice de l’ONACIG (Office national de cinématographie, de vidéographie et de photographie de Guinée), Mariama Camara, a essayé de nous expliquer. Selon elle, « les gens regardent ces séries, pas parce qu’on ne produit pas, mais ils aiment beaucoup plus ces histoires, et c’est diffusé à tout moment. Les séries que nous produisons, même nos chaines refusent de payer les droits de diffusion et les acteurs aussi manquent de financement et sont obligés d’arrêter la production. Et puis, ils sont peu soutenus en matière de financement, malgré qu’on ait une école des arts qui forme ces acteurs ».
Malgré l’effort de ces producteurs locaux, les Guinéennes, elles, continuent toujours à apprécier les séries Novelas ou Nollywood.
Fatoumata Kaba pour guinee7.com