Censure

Dr Ousmane Kaba amer après le fiasco de son parti aux élections : ‘‘Aujourd’hui, les gens se permettent de faire du n’importe quoi’’

Le président du PADES, le Dr Ousmane KABA, était l’invité de la radio Espace Fm la semaine dernière. Dans cet entretien, ils ont évoqué plusieurs sujets dont celui des élections locales du 4 février 2018.  Il a dénoncé l’implication de l’administration publique dans le processus de ces dites élections.

Quel regard portez-vous sur ce scrutin de 04 février ?

Aujourd’hui, les gens se permettent de faire du n’importe quoi. C’est la raison pour laquelle nous avons fait un communiqué pour dire franchement que trop  c’est trop ! Nous, nous rejetons ces résultats des élections parce que ces résultats ne reflètent pas du tout la volonté du peuple de Guinée.

 Qu’est-ce qui vous motive à dire cela Dr Ousmane et quelles sont les preuves ? 

Je suis encore à Kankan. Je suis dans mon village à Karfamorya dans la périphérie de Kankan. Nous avons constaté certaines choses.

Premièrement, nous avons vu des bureaux de votes fictifs, des votes massifs sur la base des cartes d’électeurs non distribuées par les chefs de quartiers, des milliers et des milliers de procurations délivrées par les CESPI et les CEPI, même dans un petit village où il y a 3 à 4 bureaux de votes. Vous avez des milliers de procurations. J’en ai là sur ma table devant moi. Des procurations qui ont été arrachées par les populations, aux responsables. C’est extraordinaire !

Alors, nous avons également des bureaux fictifs qui ont été découverts. (…) Troisièmement, nous avons, les représentants des partis politiques qui ont été exclus de la centralisation. Je dis bien exclus. Ce qui est un non-sens. A Kouroussa, c’est ce qui s’est passé. J’ai appelé le président de la CENI, M. Kébé pour dire que je ne comprends pas comment est-ce que les représentants des partis politiques peuvent être exclus de la salle de la centralisation ? Il m’a dit que ça n’a aucun sens. Je dis donc appelez à Kouroussa, mais jusqu’à la fin, personne n’a été admis dans les salles de centralisations. C’est extraordinaire !

Alors, nous avons des choses comme ça, sans compter l’implication abusive des préfets, des sous-préfets, des menaces sur tous  les présidents des bureaux de votes. Les cadres sont venus s’impliquer pour garder leur place. Que des cadres viennent chez eux, c’est tout à fait normal. Mais qu’ils se promènent dans les bureaux de votes pour intimer des ordres, c’est extraordinaire ! Alors, ce que moi j’ai vu, c’est que les résultats n’ont absolument plus rien avoir avec la volonté des citoyens.

On a vu que le RPG arrive loin devant les autres formations politiques qui ont compéti à Kankan. Est-ce que vous pouvez évaluer le niveau de participation du PADES au sein de ce résultat ?

Ecoutez ! Moi, je ne sais même pas parce qu’on m’a dit qu’on a eu qu’un seul conseiller. Et ce sont des partis qui ne pouvaient même sortir pendant leurs jours de compagnes, ces partis étaient obligés d’attendre le PADES tellement, on est présent dans cette ville. Avec plus de 50 bureaux de base qui n’a absolument aucun sens. Et d’ailleurs, la CENI dès qu’ils ont diffusé ça, tout le monde a disparu, parce qu’ils ne veulent pas répondre aux questions. Je vous dis qu’on les a pris sur le fait. On a tous les documents, on a des multitudes des preuves avec des personnes connues, des photographies, des bureaux fictifs, tout. Vous savez en politique, moi, j’ai toujours pensé qu’il faut un peu de décence, bien sûr que ce n’est pas la morale, mais on ne peut rien faire sans la morale. C’est-à-dire des gens se comportaient comme si on était sur une autre planète. Nous, on ne peut pas cautionner ça.

Finalement, qu’allez-vous faire ?

Les partis politiques d’après la loi n’ont que de recours. Vous avez le recours judiciaire et le recours des manifestations. Ce sont les deux voies qui sont ouvertes à tous les partis politiques. Et je crois qu’il faut privilégier ces voies-là, pas avec la violence qui n’arrange personne. Nous, nous sommes des hommes politiques, nous devons avoir la responsabilité de la paix dans notre pays. Il faut également ajouter que cette paix peut être définitive si les autorités qui ont la charge de la gestion publique, observent aussi un peu de justice et de décence sinon ça amène de violences dans tout le pays.

S’il y a trop d’injustices dans le pays et que les populations ne sont pas écoutées, malheureusement, nous avons des éruptions de violences. C’est ce qui fait qu’aujourd’hui, en Guinée, le feu est allumé un peu partout. Je pense que le parti au pouvoir doit faire attention et ne pas se permettre de faire n’importe quoi, parce qu’on a simplement le pouvoir de son côté.

Est-ce que dans vos recours au vu de tous que vous dénoncez comme anomalie, vous demanderez l’annulation du vote à Kankan ?  

Mais, c’est ce que nous avons demandé. Moi, je pense que sincèrement qu’on devrait annuler l’ensemble de vote sur la Guinée, pas seulement à Kankan. On doit reprendre ces élections-là. Quelqu’un m’a dit lorsque j’ai parlé aux journalistes, il dit mais ça coûte cher. J’ai dit mais bien sûr, c’est cher de reprendre une élection mais c’est encore plus cher d’avoir un pays déséquilibré, un pays instable avec tout ce que tu as comme coût économique pour ce pays. Où, on a besoin de paix pour faire venir des investisseurs, pour que nous-mêmes nous puissions investir dans notre pays, il faut la paix.

Une synthèse d’Alpha Amadou Diallo                     

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