Le président de l’Alliance des acteurs de la mouvance présidentielle (AMP), regroupant une cinquantaine de partis politiques, est l’un des rares leaders politiques à apprécier la tenue des élections locales. Le Dr Saliou Bella Diallo condamne par ailleurs les violences postélectorales. Dans cet entretien accordé à notre rédaction, le porte-parole de la mouvance présidentielle appelle les Guinéens à privilégier la paix.
Nous sommes en période post-électorale. Des violences sont signalées un peu partout. Quelle lecture faites-vous de ces violences ?
Dr Saliou Bella Diallo: En tant que président de l’Alliance des acteurs de la mouvance présidentielle (AMP), qui regroupe plus de 5 dizaines de partis politiques, organisés en alliance politique, qui devient l’alliance politique la plus importante du pays, nous condamnons fermement ces actes et nous souhaitons que de tels actes ne se répètent plus. Nous demandons à ce que nous prenions toutes les dispositions pour pouvoir vraiment empêcher que cela ne se répète et être à tout moment à la préventive. En tant que médecin, formateur, je souhaite toujours que nous soyons à la préventive puisque prévenir vaut mieux que guérir. La Guinée a en son sein un peuple, qui est vraiment humble et qui ne mérite pas ces violences. Ce peuple s’aime réellement, vit paisiblement et s’entend correctement. Il suffit d’aller dans n’importe quelle ville de la Guinée pour savoir que tous les Guinéens s’épanouissent de façon uniforme et équitable avec quiétude, collaboration et l’entente la plus poussée, la plus souhaitée. Je suis mieux placé pour le dire. Tous les weekends, je suis dans les préfectures. La population évolue sans aucun problème.
Les vrais acteurs de violence, de mésentente et de désordre, c’est d’abord le nous politique. Et ensuite, c’est réellement certaines catégories de citadins qu’il faut savoir encadrer et pour lesquels, il faut trouver les solutions à certains problèmes. Donc, en réalité, il faut regretter ces actes et les condamner. Mais aussi l’ensemble des acteurs politiques, administrateurs, société civile, syndicats et tous les autres, nous devons nous retrouver pour faire face à ces violences pour qu’il n’y ait jamais ça.
Il faut que tous les paramètres d’une bonne organisation d’un pays puissent fonctionner ensemble parallèlement au même niveau. Il ne faut pas qu’il y ait disproportion. Le peuple, le pays, l’Etat doivent être au même niveau d’évolution de façon parallèle au même niveau pour qu’il n’y ait pas un déséquilibre quelconque pouvant entrainer un dysfonctionnement et entrainer des violences qui peuvent perturber la quiétude sociale et la paix et menacer l’unité nationale qui est le garant du développement de notre pays et de notre cher pays. Dieu a loué à la Guinée tout de par sa beauté physique, de par sa richesse économique et par la qualité de son peuple. Un petit pays moins de 400 km², moins de 20 millions d’habitants et qui regorge des richesses importantes, inépuisables. Si elles sont gérées sérieusement, la Guinée devient de facto, la Suisse d’Afrique et pour laquelle les gens vont se battre de la façon la plus ardue plus que tout autre pays pour avoir le visa. Et aujourd’hui, le Pr. Alpha Condé travaille dans ce sens. Il a eu plus de 50 milliards de dollars pour la Guinée. Il n’attend que la fin de ces élections pour commencer à pourvoir tous les secteurs de développement des moyens financiers suffisants pour démarrer le vrai développement du pays.
Que pensez-vous de la sortie du ministre Gassama Diaby ?
Elle était indispensable et salutaire. Elle était attendue. Je viens de vous dire, il faut que le peuple, le pays et l’Etat soient au même niveau et à chaque moment chaque composante doit être prête à prendre ses responsabilités si quelque chose commence à se manifester sur l’une ou l’autre composante. Donc, l’Etat a constaté qu’il y a quelque chose qui ne va pas au niveau du pays. Donc, il faut prendre ses responsabilités. Et l’Etat doit être à tout moment prêt à le faire et si c’est la population, c’est la même chose et si c’est le peule, la même chose aussi. Donc, je profite de cette occasion pour féliciter mon ‘’sanakou’’ avec lequel je me congratule souvent pour le remercier et féliciter, surtout lui demander de persévérer sur cette percée. Puisque, c’est vital, c’est indispensable, c’est salutaire mais aussi nécessaire.
Des acteurs politiques crient à la fraude, même certains alliés du RPG le dénoncent également. Du côté de l’AMP, quel regard faites-vous de ces élections ?
D’abord, la Guinée a atteint un niveau de maturité politique sans précédent en un temps record. Il faut se réconforter. Et je suis mieux placé pour le dire. J’ai vécu à Conakry depuis des années. Je connais comment depuis les années 90, la démocratie a démarré en Guinée. J’ai été membre fondateur du PRP. Après le PRP, c’était l’UPR dont j’étais le rapporteur de la commission qui a créé l’UPR. Il y a eu les doyens qui ont été mes maitres, le doyen Bâ Mamadou, M. Siradjou Diallo, M. Jean Marie Doré paix à leurs âmes, que Dieu les accorde le paradis et le Pr. Alpha Condé. Et après eux, il y a eu les partis créés par les Marcel Cross, les Pascal Tolno, les Elhadj Guissene et tous ceux qui s’en suivent. Au cours de la deuxième République, j’étais candidat à la députation de Labé, le président d’alors le Gl Lansana Conté aurait dit qu’il prenait toutes les uninominales et finalement, c’est ce qui s’était matérialisé. C’est moi le candidat de l’UPR qui ai gagné les élections à l’époque à Labé, mais on m’a fait échouer pour le candidat du PUP puisque le pouvoir ne tenait pas compte du résultat des urnes.
Donc aujourd’hui, j’ai vécu le pré-électoral à travers tout le pays, je connais ce qui s’est passé. Donc, c’est vraiment une avancée notable. Nous avons atteint une vitesse de croisière. Et je disais toujours aux journalistes attention les élections locales sont les plus compliquées, mais aussi ce sont les plus couteuses. Quand vous pensez qu’une sous-préfecture c’est banal, vous vous trompez. Par exemple, dans toutes les sous-préfectures du Foutah, on a fait des carnavals pour mobiliser les populations. De la même façon, on fait la campagne à Conakry, ça se fait de la même façon partout à travers le pays avec la civilisation, la finesse la plus absolue. Donc, ça c’est un gain, c’est à l’actif du Pr. Alpha Condé et il faut le féliciter. Il ne faut pas que nous nous mettions à ressortir seulement les pages noires. Il faut que nous soyons en mesure de présenter la réalité du pays. La réalité du pays, ce que la Guinée avance et le milieu rural est en avance sur le milieu urbain. Donc c’est une grande victoire.
Les élections se sont passées normalement. Les anomalies ont commencé au moment où on faisait le décompte au niveau de certaines CACV. C’est en ce moment qu’il y a eu malheureusement des violences et là fort heureusement dans plusieurs régions administratives, il n’y a pas eu de violences.
Concrètement vous voulez dire qu’au niveau de l’AMP, vous n’avez pas constaté de fraudes ?
Vous devez comprendre que nous avons évolué réellement. Pour qui connait les élections sous la deuxième République, doit se féliciter de ce scrutin du 4 février. Le processus a beaucoup évolué en Guinée. Aujourd’hui, quelque chose se passe dans un bureau de vote à Panziazou en moins d’une heure tout le pays est au courant. Actuellement, chaque parti peut détenir ces PV et peut les exhiber au monde entier pour prouver la véracité d’une affirmation. Donc quand vous parlez de fraude, moi je me réserve. Je ne vais pas m’étendre sur ça. Puisque nous connaissons la loi. Nous connaissons en cas d’irrégularités ce qu’il faut faire. Nous ne devons pas être animés par la passion pour que nous ne soyons pas instinctifs pour pouvoir allumer le feu dans ce pays. J’appelle à la sérénité, la personnalité et à la perspicacité de chacun pour que nous puissions être nous-mêmes à tout moment. Ce qui va nous permettre d’éviter le dérapage.
Vous avez effectué une tournée au Foutah lors de la campagne. A en croire les résultats publiés par la CENI, la mouvance est peu représentée dans cette région. Qu’est ce qui explique cela ?
Nous devons nous réunir pour tirer les leçons. Nous nous sommes optimisme. Nous devons nous battre. Au niveau de la région du Foutah, il y a une évolution réelle de la mouvance par une courbe croissante. Ce qu’on a enregistré au début de cette troisième République était totalement minime. Nous sommes en train de gagner du terrain. Et là, nous allons nous y mettre pour pouvoir accroitre ces gains. Nous allons évoluer dans ce sens pour pouvoir assurer une amélioration de la tendance de façon continue afin que nous soyons à l’aise régulièrement et de façon permanente et pourquoi pas être un jour majoritaire. Tout est relatif dans la vie. De la même façon que l’opposition est très faible en Haute Guinée et se débrouillerai un peu en Forêt et en Basse Guinée, donc nous aussi nous sommes relativement faibles en Moyenne Guinée, ainsi est faite la vie. C’est ça la démocratie. Il faut que nous respections l’autre, l’autre nous respecte, que nous laissions jouer le jeu démocratique. Si nous voulons être forts en Moyenne Guinée, c’est par la voie démocratique que nous devons agir pour pouvoir se renforcer. La démocratie est couteuse. Il faut que nous puissions la maitriser si non l’occident risque d’utiliser cette démocratie pour nous néo-coloniser pour nous néo-exploiter. Parce qu’en réalité plus de 70% du budget d’une élection profite à l’occident. Donc, si on n’est pas intelligent, nous sommes en train de développer l’occident à travers l’organisation des élections dans les pays en voie de développement. Il faut que nous voyions comment espacer au maximum les élections, les faire mais les espacer et les combiner pour que nous puissions minimiser les dépenses. Puis que ces mêmes ressources pourraient être plus utiles aux activités de développement de nos pays respectifs qui ont tant besoin de développement. Le peuple aspire au bien-être, il faut que nous répondions à ces exigences vitales et impérieuses au lieu de nous mettre aussi à tout moment d’étaler des activités électorales, alors que nous pouvions les combiner et même les espacer en augmentant le nombre d’années de mandat pour que nous puissions nous occuper du développement qui est la partie la plus sérieuse et nécessaire pour nos pays en voie de développement.
Comment l’Occident bénéficie-t-elle de 70% du budget alloué à l’élection ?
Prenez tout ce qu’on utilise en matériel électoral ou autres pendant les élections. Tout est confectionné par l’Occident.
Entretien réalisé par Sadjo Diallo (L’Indépendant)