Suite à la rencontre du président de la République et du syndicaliste Aboubacar Soumah, certains acteurs sociopolitiques ont confié leurs impressions à notre reporter. Tous, apprécient la démarche, même s’ils déplorent le retard mis dans la résolution de cette crise.
Dr Lansana Faya Millimouno, président du BL
« C’est un pas dans la bonne direction »
« C’est un pas dans la bonne direction parce qu’on a besoin de voir cette grève derrière nous, voir les enfants reprendre le chemin de l’école. Si jusque-là, le gouvernement n’a pas voulu le rencontrer au nom d’un argument d’illégitimité et qu’on se rende compte maintenant que Aboubacar Soumah est devenu légitime, nous pensons que c’est un pas dans la bonne direction. Il reste à souhaiter que la rencontre puisse produire ce que souhaite le peuple de Guinée, c’est à dire la résolution du problème pour que les enfants reprennent le chemin de l’école.
La rencontre est tard, il faut le reconnaître. Mais mieux vaut tard que jamais. Parce que nous voyons que chacun campant sur sa position s’il n’y a pas de rencontre pour essayer de résoudre le problème les enfants ne verront pas le chemin de l’école parce qu’il n’y aura pas d’enseignant à l’école. Donc nous allons continuer à déplorer des morts. Nos enfants se déplacent dans les écoles ne trouvent pas les enseignants. Sur le chemin de retour il y a des accrochages avec les forces de l’ordre qui n’hésitent pas de tirer sur eux ».
Gabriel Haba, du CNOSCG
« Nous demandons au président, d’avoir le dos large »
« Cette rencontre était tant attendue par les Guinéens, puisque cette page de grève a donné l’impression que la Guinée allait tomber dans une année blanche. Quelquefois les juristes disent un arrangement qui vise la paix vaut mieux qu’un beau procès. Ça veut dire que s’il faut avoir des concessions pour que la paix règne, il faut le faire. Nous avons vu qu’à un moment donné, le président a été très catégorique de ne pas rencontrer Soumah vu qu’il n’est pas légal, il ne requiert pas toutes les qualités qu’il faut aux yeux de la loi. Mais au regard des faits, Soumah est entendu par sa base. Il est suivi, il a réussi à paralyser le pays, il faut le rencontrer et discuter avec lui, chercher à harmoniser tous les points des deux groupes syndicaux, pour que ça aille dans le pays. Pour cette rencontre nous demandons au président, d’avoir le dos large. Donc l’Etat ne peut pas aller à dent de fer contre une personne ou une structure que lui-même est censé protéger. Et Aboubacar Soumah et le président de la République, chacun doit penser à l’instauration de la paix dans notre pays. Aujourd’hui la Guinée est située parmi les pays de l’Afrique de l’Ouest comme l’un des pays les plus instables par les crises récurrent. Cette identification de notre pays ne doit pas continuer sinon ça pourrait nous être très dangereux dans l’avenir si on ne trouve pas solution. C’est un appel à l’ensemble des acteurs pour que chacun puisse accepter d’abandonner une partie de sa rigueur, de son autorité en faveur d’un climat de paix. Aujourd’hui c’est l’avenir de nos enfants qui est en jeu. On a déploré tout ce qu’il y a eu comme balivernes sur le terrain les cas de perte en vie humaine et matériel. L’essentiel, ce qu’il doit y avoir entente entre les acteurs pour que les élèves recommencent les cours ».
Mohamed Lamine Kaba, président du parti FIDEL
« Le président de la République n’est pas serein »
« C’est vraiment aberrant lorsqu’on sait que le président Alpha a été le premier à attaquer cette structure syndicale, et aujourd’hui il tend la main à celle-ci, ça veut dire tout simplement, qu’il n’est pas serein dans les analyses de l’actualité sociale de ce pays. Parce que ce qui est clair, les syndicalistes ne font que réclamer leur droit. Alors au lieu de chercher à les rencontrer et parler avec eux, on a vu des injures de la part du gouvernement. Je veux parler des ministres K² et de Damantang Albert Camara qui a traité cette grève de sauvage et le président s’est mis dans la pourchasse contre cette structure syndicale. Et ce qu’il a fait aujourd’hui, je pense qu’il devait le faire il y a longtemps. C’est l’Etat guinéen qui a perdu parce que chaque jour que Dieu fait, les élèves perdent les leçons qu’ils devaient recevoir dans un délai bien précis dans le chronogramme scolaire. L’Etat aussi a perdu assez de fond en ce sens je crois que c’est regrettable. Nous souhaitons que cet appel du président ne soit pas une autre menace, mais que cela aboutisse à la résolution de cette crise qui n’a fait que durée ».
Propos recueillis par Sadjo Diallo (L’Indépendant)