En présence de plusieurs enseignants, chercheurs, hommes politiques, écrivains et étudiants, à la Maison des écrivains de Taouyah (Ratoma), Ibrahima Sanoh a procédé, ce jeudi 8 mars, à la présentation et à la dédicace de son troisième livre intitulé « Pour une réconciliation nationale en République de Guinée ».
Dans cet ouvrage de 202 pages, l’auteur parle d’une réconciliation axée sur la justice transitionnelle en Guinée, inspirée des modèles de réconciliations dans d’autres pays, tout en tenant compte des spécificités de la Guinée.
En effet, Ibrahima Sanoh estime que les points essentiels de cette réconciliation sont « la mise en place d’une commission définitive de réconciliation, laquelle ne doit pas être religieuse, ni politique. Mais une commission dans laquelle on aura des historiens, des sociologues, des juristes, des anthropologues… Cette commission doit travailler afin d’établir trois vérités : les vérités personnelles, les vérités factuelles et les vérités dialogiques ».
« Il faut qu’il y ait la justice. Puisque la justice parfaite n’existe pas, mais ce qui n’empêche que nous aspirions à elle dans la limite humaine possible. Il faut aussi qu’on ait des réparations à la fois matérielles, des réparations symboliques et des réhabilitations ; il faut qu’on puisse avoir la réécriture de la mémoire pour l’enseigner et la vulgariser, afin d’éviter que les prochaines générations ne dénient. Après, le pardon pourrait venir. Mais comme la réconciliation n’est pas stationnaire, il faut qu’il y ait des réformes transversales : de l’économie, de l’éducation, de la justice… », a-t-il fait savoir.
Selon lui, le constat de rédiger ce livre est parti du fait qu’en Guinée, « on n’a pas eu un pogrom, on n’a pas eu un génocide, ni une guerre civile, mais on a une tradition de violence depuis la première république. C’est pour ces violences que l’on refuse aujourd’hui d’enseigner l’histoire dans nos écoles ».
« L’histoire de la Guinée coloniale est enseignée, l’histoire de la Guinée précoloniale est enseignée, mais l’histoire de la Guinée indépendante ne l’est pas. Parce qu’on vous dira que notre histoire est douloureuse, ce qui fait aujourd’hui que les Guinéens sont en l’absence de repères. Ils ne savent pas qui a fait quoi ? Qui ont été les pionniers de l’indépendance ? Les pères fondateurs de la Guinée, le concours des uns et des autres au progrès de notre pays… Cela fait qu’on continue dans l’itération et dans la répétition d’erreurs. Donc, la question de réconciliation est cruciale et on ne peut pas éviter ce débat ».
Pour l’écrivain Ibrahima Sanoh, « ce livre est une sortie de crise pour la Guinée, c’est toujours la voie de l’espoir, parce que là nous sommes dans un chaos, on essaie de colmater. Nous voulons vraiment qu’on ait une paix durable et que les Guinéens puissent vivre dans l’harmonie et unis autour des valeurs de la république ; et pour ça, il faut qu’on ait des fondements. Nous avons raté beaucoup de rendez-vous, il faut qu’on revienne donc bâtir une nouvelle arche d’alliance entre l’État de Guinée et ces citoyens ».
À noter que le livre « Pour une réconciliation nationale en République de Guinée » a été édité par les Éditions SAEC du Pr Djibril Tamsir Niane qui d’ailleurs, a parrainé l’auteur dans la réalisation de son œuvre.
Mohamed Kaba Soumah pour Guinee7.com