Plongée dans une crise du système éducatif depuis plusieurs mois, la Guinée baigne rien qu’à Conakry dans des séries de violences parfois spontanées. Pour parler ou tenter d’envisager une piste de sortie de crise, chacun va de son commentaire et proposition voire même des accusations contre certaines personnalités impliquées dans le processus. Au nombre de ces personnalités, les plus citées sont les ministres du travail Damantang Albert Camara et celui de l’éducation, Ibrahima Kalil Konaté. Selon ces accusateurs, ces deux ministres notamment auraient été incapables de faire éviter l’enlisement, c’est-à-dire la fermeture des classes.
Certes Damantang Albert Camara et Ibrahima Kalil Konaté sont par principe les interlocuteurs directs des syndicalistes dans cette affaire, pour le ministre de l’Education Nationale, mais sont ils vraiment ceux qui ont le dernier mot quand il s’agit de fixer ou de se prononcer sur les possibilités financières ? C’est une question que je me pose.
Je suis bien convaincu chaque ministre selon sa feuille de route à lui soumis par le premier ministre chef du gouvernement, est le ‘’seul’’ et je le mets entre griffe, à pouvoir gérer au sein de son département tous les problèmes mais sans perdre de vu, les objectifs fondamentaux, mais je suis sûr, qu’on me prouve le contraire, qu’aucun ministère n’évolue à vase clos, sans être par endroit soumis aux caprices ou exigences d’un autre département, les deux aux contrôles du chef de gouvernement et plus haut, la présidence de la République. D’où les termes ‘’équipe gouvernementale’’ ou départements ‘’sectoriels’’.
Pour parler à présent de cette crise, dont on rend responsables les Sieurs Damantang et K au Carré, à laquelle position je m’oppose ouvertement, je trouve incongru, ce raccourci auquel s’habituent les compatriotes face à une situation dont on n’a pas la solution, ou qu’on refuse d’admettre le point de vu des autres.
Quelle autorité a-t-elle intérêt de voir se paralyser un secteur aussi sensible que l’éducation et qui a des impacts sur tous les autres secteurs, sans y faire face alors qu’il en a les moyens ?
Sans aucune intention de défendre Ibrahima Kalil Konaté ou Damantang Albert Camara, chacun de nous a aussi le devoir d’observer sans passion le fonctionnement des institutions et le droit de s’exprimer sur les non compris pour une meilleure compréhension des uns et des autres.
Damantang et K au Carré ne peuvent pas entretenir de l’anarchie alors qu’ils mesurent les conséquences qui ne tarderaient pas à se faire sentir. C’est un peu, cette position que les deux hommes ont bien pris et assumé jusque là. Certes le secteur éducatif est sensible et très sensible d’ailleurs, mais est ce pour cela qu’en voulant y éviter des crises qu’on doit faire fie aux règles de jeu ?
Aboubacar Soumah et ses camarades sont bien écoutés par la base, je suis d’accord, et cela comme on le dirait, devant celui qui se noie, même un serpent qui lui est tendu, peut lui paraître le meilleur moyen pour se sauver, mais est au tout début de la crise, le gouvernement n’avait-il pas en face des interlocuteurs élus et mandatés par cette même base ? Est-ce pas ces interlocuteurs qui permis entre autres de faire bouger les lignes à un moment donné, en obtenant l’engagement de milliers de contractuels, mêmes les non admis au concours ? De rehausser les pensions pour les retraités, d’obtenir les indemnités de départ à la retraite ? La prise en charge de l’ancienneté ? La revalorisation du statut particulier de l’éducation, etc. ?
Le refus au départ de dialoguer avec Soumah et ses camarades a bien été responsable de la part de Damantang et K au Carré et bien assumé.
Par ailleurs, les mêmes Messieurs sans comprendre leurs limites dans les négociations, sont accusés d’avoir refusé l’augmentation des salaires réclamée par les syndicats. Un peu d’effort pour mieux comprendre les prérogatives de chaque ministre. L’état de santé de l’économie nationale n’est pas expliqué par un ministre du travail, même pas celui de l’éducation. Ce sont les ministres du budget et celui ou celle de l’économie et des finances. On peut accorder les 40% et augmenter les salaires à huit millions, l’économie nous le permet, aujourd’hui les voix les plus autorisées à le dire, sont bien celle de Maladho Kaba et Mohamed Lamine Doumbouya mais pas Damaantang ou Ibrahima Kalil Konaté.
Qu’on arrête de prendre le raccourci des choses, informons nous sur le rôle de chacun pour éviter de fausser les jugements. Les ministres du travail et de l’éducation nationale, débattent avec les syndicalistes sur les limites budgétaires que leur communiquent ceux du budget et de l’économie et des finances.
Si Damantang et K au Carré pouvaient valider le paiement avec effet rétroactif et des huit millions comme salaire aux enseignants, Aboubacar Soumah et ses camarades ne seraient pas sortis de Sekhoureah sans l’obtenir du Président de la République le 26 février 2018, lors de leur rencontre.
Si les deux pouvaient satisfaire ces revendications, le comité ad hoc piloté par le ministre conseiller à la présidence, le médiateur de la République, le ministre de l’énergie et les religieux n’auraient pas pris tout ce temps au palais du peuple, pendant que les élèves continuent de rester à la maison.
Pour terminer, je persiste et je signe, ni Damantang Albert Camara, ni Ibrahima Kalil Konaté n’a été incapable, mais c’est dans le respect des règles qu’ils ont agi.
Daouda Mohamed Camara
00224 628 19 03 82