Dans la nuit de ce lundi 12 mars, au carrefour d’après l’église anglicane de Kaloum, vers 20h, un pneu éteint il n’y a pas longtemps, brûle à nouveau. Aux alentours, de jeunes garçons surveillent le feu. Quelques temps après, une voiture gare à quelques pas de là. Un homme en sort et interpelle les petits pyromanes, discute avec eux pas pour longtemps. Les jeunes apparemment contents se tirent des lieux. Comme s’ils les avaient autorisés, les agents de sécurité arrivent dans un pick-up ; se mettent face au feu en attendant les pompiers qui ne tardent pas à venir. Ces derniers éteignent vite le feu et laissent les débris du pneu en fumée. Et leur camion par la 4è avenue s’ébranle vers le boulevard Telly Diallo.
Comme si de rien était, toute cette scène se déroule pendant que les gens vaquent à leurs affaires. Devant une boutique, sur une chaise, une jeune fille maugrée : « c’est inutile d’éteindre, perce qu’ils remettront le feu. »
Nous étions juste à ses côtés. Et nous voulûmes savoir. ‘‘vous avez vu le monsieur qui était venu dans la voiture ? c’est le bras droit de Bobodi (autoproclamé Shérif de la ville, ami du président Condé, NDLR). Il est venu leur donner de l’argent. C’est comme ça, quand ils mettent le feu, Bobodi envoie des gens pour leur donner de l’argent. Ils le font à tour de rôle. Bobodi a même demandé aux gens de lui envoyer des pneus usés pour qu’il rachète’’, nous répond la jeune fille.
Selon nos informations, l’homme d’affaires a depuis le 8 mars, commencé à entretenir les businessmen de la crise à Kaloum. « Les jeunes se sont formés dans les carrefours pour lancer des slogans hostiles au président Alpha Condé. Dès que Bobodi est mis au courant, il envoie son homme de main leur donner de l’argent pour qu’ils se taisent », témoigne un Kaloumka.
Le hic est que cette paix achetée à coups de millions ne dure pas. Elle fait vivre de nombreux jeunes désœuvrés qui ont donc intérêt à maintenir le business. Alors question : la méthode Bobodi favorise-t-elle la quiétude ou attise-t-elle le feu à kaloum ? C’est vrai qu’en l’absence de l’autorité de l’Etat, on est tenté, comme le fait Bobodi, de passer par tous les moyens pour avoir l’accalmie. Quitte à faire face à l’effet boomerang.
Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com