Pour commencer, l’article 52 de la constitution, stipule :
Le premier ministre, chef du Gouvernement est nommé par le président de la République qui peut le révoquer.
Il est chargé de diriger, de contrôler, de coordonner et d’impulser l’action du Gouvernement.
Article 53.
Le premier ministre propose au président de la République la structure et la composition du Gouvernement.
Le président de la République nomme les ministres et met fin à leur fonction, après consultation du premier ministre….
Vous n’êtes certainement pas ennuyés par ces articles tirés de la constitution guinéenne et je suis sûr qu’ils permettraient la meilleure compréhension pour mettre fin aux débats sans sens autour de la question qui fait la Une, « le Président doit incessamment nommer un nouveau Premier Ministre »
Depuis un certain temps, aveuglés par des passions politiques, les guinéens semblent ne plus faire recours à la bonne compréhension des lois qui régissent le fonctionnement de notre Etat. Au point que, chacun fait fie de l’esprit de la constitution pour s’emballer dans les débats stériles caractérisés par l’ethnie, la communauté et même l’appartenance politique.
Un nouveau premier ministre pour quoi ?
Avant l’actuel, Mamady Youla, celui qui a le plus nourrit les espoirs en Guinée n’était-il pas Lansana Kouyaté, ‘’imposé’’ pour ne pas dire nommé dans des conditions plus ou moins particulières ? De Lansana Kouyaté à Mamady Youla en passant notamment par Ahmed Tidjane Souaré, Kabinet Komara, Feu Jean Marie Doré et Mohamed Said Fofana, plus récents, qui au vrai sens du mot a pu changer les choses, sans l’accord du chef de l’Etat ?
A son arrivée, Lansana Kouyaté a paru comme le Mésie, le libérateur, bref l’homme de la situation, mais en réalité quelle situation ? L’appellation peut paraitre comme doté de tous les pouvoirs, ‘’Premier Ministre Chef du Gouvernement’’. Mais qu’est-il vraiment libre et capable de faire sans l’avale du Président de la République qui le nomme et le démet quand il veut ? (voir les articles 52 et 53 plus haut). Le premier ministre même, ses ministres il les propose mais pour leur nomination, le dernier mot revient au chef de l’Etat, qui est libre de valider ou pas. Et cette règle va même au-delà de la nomination des membres du gouvernement et l’est dans toutes les initiatives qu’il peut entreprendre.
Lansana Kouyaté qui paru ‘’imposé’’ au Général Lansana Conté a-t-il démissionné pour non respect par le président des lois inscrites dans la constitution ou autres lois organiques ? Le régime guinéen est présidentiel avec même une dose de force. Justin Morel n’est-il pas parti du gouvernement pour être remplacé sans que le gouvernement ne démissionne ? En Guinée le président de la République est l’homme à tout faire, à tout admettre et à tout diligenter peut être en commettant d’autres à certaines tâches pour une meilleure fluidité près, de l’action publique.
Un des premiers ministres des dix dernières années peut certes être plus aimé que les autres, mais concrètement, lequel a pu réussir en allant au contre courant du Président de la République, mêmes ceux de la transition ? Je veux bien le savoir, preuves à l’appui.
Les guéguerres politiques ne sont-elles pas entrain de nous masturber les consciences pour nous éloigner des réalités constitutionnelles ? Cette question je me la pose bien.
Avant Alpha Condé, quelle communauté guinéenne n’a-t-elle pas eu droit à la primature ? Mais avec quels pouvoirs devant le chef de l’Etat ?
Arrêtons d’accuser les individus, le problème il est dans la constitution guinéenne qui définit le régime guinéen.
Pourquoi transporter le débat sur le choix ethnique ou s’éterniser sur la supposée déclaration de l’actuel président qui aurait dit donner la primature à la Basse Côte ? Allusion faite bien sûr à la sortie en débat de certains acteurs politiques, des leaders d’opinion comme des journalistes.
Aujourd’hui sur la toile, plusieurs noms manipulés mêmes par des intéressés inondent nos pages, comme Tibou Kamara, Dr Kassory Fofana, Bah Oury, Fodé Bangoura et qui sais-je encore. De grâce qu’on se réveille un peu de notre sommeil. Qui de tous ces hommes n’a-t-il pas à un moment donné occupé un poste ministériel dans ce pays ? Et l’autre question, qui a lui-même, fait quoi qui ne soit pas à l’actif du Président qui l’a nommé ?
Une fois encore, le problème n’est ni de Mamady Youla, ni de Said Fofana et ce n’est même pas Barack Obama qui changerait les choses en Guinée en tant que premier ministre. Et si vraiment nous voulons avoir un premier ministre comme nous le clamons tant, allons contre notre constitution qui définit les prérogatives d’un premier ministre en Guinée.
Daouda Mohamed Camara
Journaliste, analyste politique
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