Après les élections communales du 4 février dernier, le temps est aux alliances qui se tissent, chaque parti politique essayant d’avoir un maximum de conseillers afin d’obtenir l’exécutif des différentes mairies, c’est justement dans ce cadre que nous avons rencontré la semaine dernière ; M. Badra Koné de la liste indépendante de la commune de Matam.
Guinee7.com : On nous parle d’une coalition que vous envisagez, dites-nous ce que c’est…
M. Badra Koné : C’est depuis après les élections, que j’ai initié cette coalition, donc je suis allé vers les trois c’est-à-dire le PEDN, l’UFC et l’UDG. Vous savez, après les élections, ils ont donné 7 conseillers à l’UFR, plus fort reste 8, nous ils nous ont donnés 3, un à l’UFC, un au PEDN, et 1 à UDG aussi. Maintenant, les trois qui ont chacun eu 1 conseiller, je les ai approchés, on a créé un bloc que nous avons appelé le bloc des 6 conseillers. Alors avec déjà ces six, il y a aujourd’hui une possibilité de se mettre avec l’UFR, ce qui fera 14, et contre les 14 du RPG la balance serait d’avoir même 1 du côté de l’UFDG. En tout cas, c’est possible de se mettre ensemble et de créer un bloc. Ce qui reste claire aujourd’hui nous ne passons plus inaperçus ! Pour le moment, nous ne nous sommes pas dits qu’il faut forcement tel ou tel pour faire une alliance ; nous nous sommes dits, soyons soudés, c’est l’essentiel, pour ne pas qu’on nous minimise ou nous néglige, afin qu’à nous six, nous soyons capables d’élire le maire, c’est ce dessein que nous avons.
Aujourd’hui le RPG n’a qu’une alternative pour nous contourner, celle de se mettre avec l’UFR
Avec cette coalition, Pensez-vous faire le poids aujourd’hui contre les voix du RPG ?
Aujourd’hui le RPG n’a qu’une alternative pour nous contourner, celle de se mettre avec l’UFR. Tenez-vous bien, l’UFR pense aujourd’hui que Matam c’est pour eux ; que quand Matam a été fait par Dieu, l’extrait de naissance portait le nom UFR.
Donc l’UFR ne consent pas aujourd’hui que quelqu’un d’autre soit maire ici. Le RPG n’a jusqu’ici eu aucune commune à Conakry, donc le RPG pense que Matam ne doit pas leur échapper, c’est pour cela, ils se sont débrouillés à voler, voler, voler, se donner un nombre de 14 conseillers. C’est du vol orchestré du début à la fin, mais aussi parmi ces 14 conseillers, il n’y a personne parmi eux qui a été tête de liste, vous le savez, je ne vous apprends rien.
Alors, qu’est ce qui se passe aujourd’hui au RPG ? Chacun de ces quatorze pense être le maire ; il y a déjà un souci, c’est que les conseillers du RPG à Matam ne sont pas d’accord entre eux, je connais plus de six qui se réclament chacun, être maire, c’est un gros souci. Le RPG et l’UFR, comme on ne peut pas dire jamais en politique, c’est donc possible qu’ils se donnent les mains.
Mais il n’y a pas qu’élire le maire, il y a la gestion, c’est un conseil qui va être là, qui va juger le bilan ou le budget du maire. Je souhaite qu’il n’y ait pas ici un maire qui se fait beaucoup d’opposants. Ce qui est sûr, c’est que si le RPG se fait élire ici ils auront une opposition avec les neuf conseillers de l’UFDG. S’ils nous prennent dans cet élan aussi, nous n’allons pas rejoindre l’opposition, mais nous allons être des opposants, nous allons nous opposer à eux pendant les cinq ans et on verra s’ils sont venus pour poser les actes concrets.
Nous avons été la seule liste indépendante dans la commune de Matam. Vous savez pourquoi j’ai nommé le bloc des six ? C’était pour faire plus simple parce qu’on appartient à une génération, cette génération qui voit les choses autrement. Il fallait appeler ça de la façon la plus simple, le bloc des six, ça veut dire le bloc des six conseillers ; et les conseillers indépendants, et les conseillers de partis politiques se retrouvent tous dans l’esprit de six.
Quelle est la nature de votre relation avec l’UFR ?
Nous n’avons pas pour le moment fait de coalition avec l’UFR, nous ne refusons pas mais, j’ai été surpris d’entendre à la radio, des jeunes de l’UFR dire qu’ils ont déjà eu un résultat et que c’est ce résultat qu’ils attendent, qu’ils ne veulent pas de coalition. Chose que je comprends parfaitement, mais je ne peux pas comprendre que tu sois avec le voleur et que tu le traites de voleur, toi tu es qui dans ce cas ? Tu ne peux pas être le haut représentant du chef de l’Etat et dire que tu n’es pas avec lui ! C’est une chose qui ne me passe pas la tête. Je comprends que l’UFDG se plaigne du RPG, parce que l’UFDG se déclare d’une opposition totale, mais toi tu ne peux pas dire, je suis et je ne suis pas, c’est une chose qui est extraordinaire.
Si aujourd’hui l’UFDG ou le RPG venait vers vous pour une coalition, quelle sera votre réponse ?
Le RPG est venu, l’UFDG aussi, c’est juste l’UFR qui n’est pas encore venue. Mais vous savez que ces alliances se font sur base de consensus, vous vous entendez sur ce qui va être l’esprit d’alliance, en tout cas nous sommes ouverts, celui qui vient, qui nous écoute et accepte d’aller avec nous ; ce n’est pas compliqué. Nous ne voulons plus que Matam soit géré comme cela a été fait les 17 années passées, parce que depuis que Rougui a quitté, il n’y a eu que du pillage et aucune gestion communale normale.
Et si ça ne marchait pas avec ces trois partis, que comptez-vous faire ?
Nous allons être du côté du peuple, si cela ne marche pas avec les trois ; ça sera parce que les trois n’auront pas accepté ce que nous prônons, c’est à dire la voix du peuple que nous voulons représenter. Si je suis conseillé dans une commune qui a 450 mille personnes, c’est une responsabilité énorme ; je dois faire en sorte que les gens qui ont votés pour moi se retrouvent dans ce que je suis en train de défendre. Je ne vais pas aller pour les beaux yeux de quelqu’un pour l’accompagner. Je vais faire alliance avec je ne sais pas qui ou qui, ce n’est pas ça le problème, mais c’est qui sera pour ce que nous attendons pour la population de Matam.
Ils (délégués du RPG) ont volé devant Dieu et devant les êtres humains
Et vos militants qu’est-ce qu’ils pensent de tout ça ?
Vous savez, nous sommes dans un pays où la plupart des gens ne comprennent pas l’esprit des élections communales, c’est un souci majeur, parce que jusqu’ici d’autres ne savent pas que les résultats ont été dits. Ils ont cru que c’était après les élections, on disait qui a été maire. Donc ils n’ont pas compris que c’est une première phase, on élit les conseillers communaux et ensuite les conseillers vont se retrouver pour élire les maires. Il m’a fallu du temps pour l’expliquer à beaucoup de personnes. Nous attendons le premier conseil communal qui va se tenir je ne sais quand, la Guinée étant un pays extraordinaire, le seul que je connais comme ça.
Sinon dans les autres pays dès que les élections sont finies, les résultats sont proclamés, on s’organise pour mettre en place l’exécutif des mairies. Mais jusque-là où je vous parle, rien n’est décidé. Quelque part il y a cette volonté de l’opposition qui veut un recomptage des voix, et d’autre part, la volonté de la mouvance qui veut dire que les résultats qui ont été donnés sont les meilleurs résultats. Mais aussi nous qui savons qu’il n’y a eu que de la magouille, que rien n’a été bien fait. A Matam, nous avons fait plus de 8000 voix, on nous a octroyé 3000 voix, c’est extraordinaire, on a des documents dans les 245 bureaux, nous avons des délégués partout, nous avons des PV, il y a des bureaux de vote ou on a eu par exemple 100 à 110, le RPG 52, à la mairie ont trouvait 152, nous on nous a réduit de 10 de 20 de 30, nous avons toutes les preuves. Je ne sais pas comment ils ont procédé à cela, mais C’est un calcul bien fait ; le RPG a arnaqué tout le monde, en tout cas à Matam, ils ont volé. Je n’étais pas dans les autres communes pour savoir les réalités, mais à Matam au CACV à la commune, il y a eu des vols orchestrés par les délégués du RPG. Ils ont volé devant Dieu et devant les êtres humains. Nous nous attendons les jours où nous tiendrons le premier conseil communal pour faire élire le maire ensemble.
Interview réalisée par Abdou Lory Sylla pour Guinee7.com